La première semaine de cinéma Québec-Canada s’est tenue en octobre 1986 au Burkina Faso. Claude Fournier, véritable précurseur du combat actuel pour l’identité culturelle déclarait : "Il y a plus de 20 ans que nous luttons farouchement pour la défense de notre langue, de notre culture, isolés comme une petite île au milieu de l’Océan... Cette lutte sans répit depuis deux siècles, cette légèreté de l’humus dans lequel nous plantons toute chose culturelle et ces soins constants dont nous devons les entourer, tout cela nous a peut-être longtemps empêchés de regarder au-delà de l’horizon, là où il se trouve d’autres îles et d’autres insulaires qui livrent le même combat...

En s’employant à ce rapprochement, Vues d’Afrique regarde au-delà de l’horizon, cherche à reformuler un continent qui n’a rien à voir avec la géographie mais qui se fonde sur l’homme et sur les images qu’ils a créées comme une poignée de main à d’autres hommes." Le vingtième anniversaire du jumelage entre "Vues d’Afrique" et le FESPACO qui coïncide avec l’année de la Francophonie au Burkina Faso est donc une occasion de présenter les images du Québec-Canada.

La semaine de cinéma-télévision Québec-Canada est l’occasion pour le public burkinabè de découvrir les comédiennes, comédiens et cinéastes d’un art qui, non seulement dévoile d’identité des Canadiens mais dépasse aussi les frontières puisqu’il touche à l’universel. Les films qui seront projetés sur les antennes de la TNB comprennent des longs et courts métrages de fiction, des documentaires, des films d’animation et des films pour enfants. Pour le directeur général de la RTB, M. Marcel Toé, son organisme est heureux de contribuer à rapprocher les téléspectateurs des réalités du Canada.

Un long métrage de fiction pour commencer

Le top de départ des projections a eu lieu au Ciné-Burkina avec le film "La grande séduction", un film de Jean-François Pouliot. Ce film sorti en 2003 et d’une durée de 1 h 40 mn retrace l’histoire d’un petit village portuaire, Sainte-Marie. La Mauderne où les habitants, autrefois de fiers pécheurs, sont maintenant contraints à vivre aux crochets des allocations gouvernementales.

Au fil des chèques de prestations sociales, la fierté des villageois, s’effrite, laissant place à la morosité, la torpeur et le désespoir. Après le départ du maire vers la grande ville, Germain, un simple villageois, décide de prendre les choses en main. Dans l’espoir de répondre aux exigences d’une entreprise qui cherche à implanter une petite usine, Germain doit attirer un médecin dans son minuscule patelin. Ce qui, aux yeux des villageois maintes fois bafoués par les différents gouvernements, ne semble guère probable. Une lueur d’espoir naît le jour où un jeune médecin est contraint à séjourner un mois à Sainte-Marie-La-Mauderne.

Sachant que c’est leur seul espoir, Germain entreprend de transformer leur petite localité en village de rêve pour ce jeune médecin. Tout le village devient sur mesure. De la tenue vestimentaire des femmes à la nourriture en passant par les maladies des patients, tout doit plaire au docteur. Très près de leur but, réalisant qu’ils ont depuis longtemps basculé du côté du mensonge et de la pure fabulation, Germain et le reste du village vont choisir entre leur usine et leur intégrité face au docteur.

Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)
Sidwaya