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RENCONTRE DU PREMIER MINISTRE AVEC LES FORCES VIVES DE SAPOUY : Luc Adolphe Tiao sème l’espoir dans le Ziro

Publié le mardi 8 novembre 2011 à 07h38min

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Le chef du gouvernement, Luc Adolphe Tiao, a rencontré, le 5 novembre 2011, les forces vives de la province du Ziro, dans l’intention de faire l’examen de leurs préoccupations et d’apporter des solutions à celles qui peuvent l’être.

Les populations de la province du Ziro ont avoué qu’elles ne s’attendaient pas de sitôt au chef du gouvernement, Luc Adolphe Tiao. Et pourtant, il s’y est rendu, en compagnie d’une délégation ministérielle, le 5 novembre 2011. Pour lui, il s’est agi de rendre un hommage à la mémoire de son père adoptif, Adolphe Nama, mais aussi de recueillir les préoccupations des acteurs de développement de la localité. Et les forces vives, constituées des autorités coutumières et religieuses, des élus locaux, des autorités administratives, des représentants des associations de retraités, de femmes, de jeunes, d’élèves et étudiants, etc., n’ont pas fait dans la dentelle en égrenant le chapelet des difficultés qu’ils connaissent.

Qu’ils s’agissent des questions relatives à l’approvisionnement en énergie et en eau, l’insécurité galopante, la déforestation, les spéculations foncières, l’insuffisance des infrastructures scolaires et routières, l’aménagement des retenues d’eau et bas-fonds, la formation professionnelle et l’emploi, la transhumance du bétail vers le Ghana, tout ou presque a été évoqué. Avant de répondre aux inquiétudes, Luc Adolphe Tiao a fait une mise au point : « je ne ferai pas de promesses, je ne me prononcerai que sur ce que je vais faire ». C’est en ce sens qu’il a pris l’engagement de doter le village de Sayoro d’une école, car il a estimé qu’il est anormal que des élèves continuent de prendre des cours sous des arbres et des paillotes.

De même, il a décidé de prendre la tête d’un mouvement d’anciens élèves de l’école primaire de Sapouy "A" pour initier des cotisations afin de bâtir la clôture de l’établissement. Séance tenante, il a désigné deux responsables, parmi lesquels le maire de ladite commune, M. Nama, pour la collecte des fonds. Il s’est également résolu à œuvrer pour rendre opérationnel le bloc opératoire du Centre médical avec antenne chirurgicale(CMA), le doter d’une ambulance et réhabiliter le bâtiment administratif qui a cramé.

Il a pris l’engagement de financer la plate-forme multifonctionnelle réclamée par l’association des femmes de la province et d’envisager la mise sur pied d’un système qui permette d’accorder des microcrédits à ces dernières. A l’association des retraités qui revendique un siège local, il a demandé de lui faire parvenir un projet. Par ailleurs, il s’est prononcé sur les autres questions en affirmant que le gouvernement est à pied d’œuvre pour apporter des solutions à l’ensemble de leurs problèmes.

« Nous allons lutter contre la spéculation foncière »

Pour ce faire, des ministres ont même apporté des précisions sur les sujets spécifiques. Selon le chef du gouvernement, la question foncière est un problème qui mine les sociétés en ce moment : « nous allons lutter contre la spéculation foncière, retirer les terres à ceux qui en disposent et qui ne les mettent pas en valeur pour les distribuer aux paysans qui sont dans le besoin ». Et de lancer un appel aux habitants du Ziro : « que ceux qui ont de grandes propriétés foncières les partagent avec leurs voisins qui en demandent ». De plus, il a invité la population à lutter contre la coupe abusive du bois. Le Premier ministre a déploré la disparition des forêts dans cette zone jadis verdoyante. Sur la question de sécurité, Luc Adolphe Tiao a indiqué qu’il sera créé des postes de police et la présence de la gendarmerie sera renforcée dans les provinces ou les communes pour juguler l’insécurité là où elle existe.

A propos du système éducatif, Luc Adolphe Tiao a déclaré qu’il faut le réorienter en mettant l’accent sur l’enseignement technique et professionnel. Il a alors parlé de la construction d’établissement dans chaque province. Dans le même ordre d’idée, le ministre délégué chargé de l’Alphabétisation, Zakaria Tiemtoré, a noté que jusqu’ici, les centres d’éducation non formelle ont focalisé leur intérêt sur l’alphabétisation : « Aujourd’hui, nous voulons mettre l’accent sur les formations spécifiques qui vont servir immédiatement dans la vie ». Sur la question du désenclavement, M. Tiao a indiqué que le gouvernement va construire des pistes rurales. Le ministre des Infrastructures et du Désenclavement, Jean Bertin Ouédraogo, a souligné que l’exécutif a mis un point d’honneur à désenclaver les zones de haute productivité agricole. En cela, il a précisé que 200 à 300 km de pistes allaient être construites dans la localité.

L’Etat ne peut pas tout faire

En sus, le ministre délégué auprès du ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique, Abdoulaye Combary, a confié que la politique agricole actuelle vise à aménager tous les sites potentiels et cela passe par un inventaire des zones aménageables. Avant tout, le Premier ministre a averti les ressortissants du Ziro que l’Etat ne peut pas tout faire. Il les a conseillés à changer de mentalité et de ne plus voir les choses comme dans les années 1960 : « tant que nous ne changerons pas d’approche, nous ne pourrons pas nous développer ». Il les a encouragés à garder la cohésion et créer des cadres de concertation au niveau des communes, des secteurs : « si nous nous concertons régulièrement, nous trouverons, nous-mêmes, des solutions à nos problèmes ».

Un autre temps fort de la rencontre, c’est la confession qu’il a faite : « je suis venu pour rendre hommage à une famille, celle d’Adolphe Nama, à qui je dois d’ailleurs mon second prénom Adolphe . Il m’a accueilli à l’époque après le décès de mon père quand j’avais 8 ans. Qui, ici à Sapouy, n’a pas connu cet homme ? Généreux, il accueillait et scolarisait les enfants qui venaient de très loin. Sans ce dernier, cette ville ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui ». Et d’ajouter que M. Nama était un exemple de courage et d’excellence : « Je porte quelque part une part de ce qu’il m’a transmis ». Ce qui explique qu’il se soit rendu dans la concession des Nama. Et l’émotion était présente : « Je suis resté admiratif en regardant la maison d’enfance », a-t-il déclaré.

« Il y a eu un changement extraordinaire dans la ville »

Par la suite, il a visité l’école primaire de Sapouy où il fit ses premiers pas d’écolier. Luc Adolphe Tiao a passé en revue les salles de classe en s’arrêtant et échangeant quelques mots avec les élèves. Dans la classe de CM2, il a prodigué des conseils : « c’est le travail qui paie. Vous êtes en classe d’examen. Si vous travaillez bien, vous allez faire plaisir à vos parents et dessiner du coup votre réussite. Ainsi vous pourrez devenir gouverneur, ministre et pourquoi pas chef d’Etat ? » Il a promis parrainer ceux d’entre eux qui franchiront avec brio le concours d’entrée en 6e, en leur donnant le nécessaire, frais de scolarité, fournitures scolaires, etc. Déjà, il a offert des fournitures scolaires à tous les élèves de l’école de Sapouy "A", au titre de l’année scolaire 2011-2012. Outre cet établissement, il s’est rendu à la radio Loudon puis au CMA où il s’est aperçu des conditions de travail du personnel soignant. Construit en 2009, ce centre hospitalier est devenu fonctionnel en 2011 et compte une trentaine d’agents répartis entre quatre unités, la maternité, le bloc opératoire, le laboratoire et la médecine.

L’ensemble de la tournée a permis au Premier ministre de faire un constat : « Il y a eu un changement extraordinaire dans la ville. Cela témoigne du développement du pays ». Il a mentionné qu’avant, la distance Ouaga- Sapouy nécessitait deux jours en saison hivernale et des heures en saison sèche, mais maintenant, il ne faut plus qu’une heure ou un peu plus. Enfin, il a indiqué qu’il repart satisfait et réconforté, car il a échangé avec des hommes et des femmes battants qui ne se sont pas mobilisés que pour l’écouter, mais qui avaient des propositions. A l’entendre, cela témoigne que les gens du Ziro disposent de solutions et n’attendent plus que l’accompagnement du gouvernement.

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)


Témoignages

Augustin Nama, 54 ans, cousin du Premier ministre et comptable de profession :« Nous avons eu une enfance commune. Nous avions vécu dans la même cour, partagé la même chambre et fait les trois premières années d’études scolaires à l’école primaire de Sapouy qui, à l’époque ne comptait que trois classes. Par la suite, nous sommes allés poursuivre nos études à Koudougou en 1966. Là, nous avons été admis dans des établissements différents, lui à l’école du centre B et moi, celle de la mission. Nous partagions les mêmes amis. Il n’est jamais pressé. Il a toujours pris son temps pour réfléchir avant d’agir. J’ai remarqué ce trait de caractère en lui depuis l’enfance. Il n’a cessé d’aimer la famille, d’être courtois. Mais il n’aimait pas les faux types et les gens qui étaient prétentieux. A l’époque, je retiens que lorsqu’il fut admis au Certificat d’études primaires avant moi, il était chaque fois à la fenêtre pour me soutenir au moment où je composais. Il a été admis en 1968 et moi en 1969. C’était un élève brillant. Ce qui explique sa réussite professionnelle. Je ne me suis jamais étonné chaque fois qu’il franchissait de nouvelles étapes. Il aura eu une vie bien remplie. Je lui souhaite encore le meilleur afin qu’il puisse, au moment venu, prendre une bonne retraite ».

A. B.


Réactions recueillies après les échanges

Laure Elisabeth Tassembédo/Kaboré, vice-présidente de la coordination provinciale des femmes du Ziro :« Le Premier ministre a fait un effort en venant nous rendre visite. Il est venu voir les réalités sur le terrain. Je suis persuadée qu’à son retour, il aura à cœur de résoudre nos problèmes ».

Blaise Nébié, président de l’amicale de l’association des élèves et étudiants du Ziro :« C’est une très bonne initiative. Le gouvernement a compris que toutes les crises que nous avons vécues relèvent du déficit de communication. Voilà que le Premier ministre a entrepris de rencontrer toutes les forces vives pour recenser leurs préoccupations. Je me réjouis qu’il n’ait pas fait de promesses, comme on a coutume de le constater avec nos hommes politiques. Il a dit qu’il ne parlera que de ce qu’il peut faire. Nous pouvons lui faire confiance, en ce sens qu’il n’est qu’à ses débuts et nous le jugerons au pied du mur ».

Dieudonné Benon, maire de Gao :« C’est une très bonne initiative de sa part que de retourner aux sources. C’est important de ne pas oublier le bien dont on a bénéficié. Non seulement, il est venu pour remercier son parrain, mais aussi échanger avec les forces vives afin de recueillir leurs préoccupations. Il a dit qu’il ne peut pas résoudre tous les problèmes, mais c’est avec le soutien de toutes les composantes de la société que nous tenterons, dans l’union, d’apporter des solutions aux problèmes que nous vivons. Et nous avons espoir parce qu’il a la volonté et nous ne ménagerons aucun effort pour l’accompagner ».

A B

Sidwaya

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