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Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

Publié le mardi 8 novembre 2011 à 07h35min

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En lieu et place de la prolifération inutile des petites agences appelées à disparaitre avec leur directeur-fondateur, Lahousséni Tahar OUEDRAOGO, architecte urbaniste, aménageur, lauréat de plusieurs prix internationaux dans le domaine de l’architecture, appelle les professionnels du domaine du bâtiment à la création de consortiums à l’exemple du monde anglo-saxon. Au lendemain du forum sur les marchés publics, sa réflexion est d’un intérêt exceptionnel pour, non seulement pour les professionnels du bâtiment, mais aussi pour les autres professions libérales et même pour le grand public.

Architectes, urbanistes et ingénieurs sont des acteurs clés de la construction d’une nation par leurs expertises dans le domaine de la conception et de la construction de cadres de vie et de travail et d’infrastructures et superstructures modernes et durables. Au Burkina Faso, il y’a de plus en plus d’agences agrées en architecture, urbanisme et ingénierie civile. Il s’en suit qu’il est et deviendra encore plus difficile pour l’Etat de fournir du boulot à toutes ces agences : les plus proches des dirigeants s’en tirent avec de gros projets gagnés par gré à gré pendant que les autres chôment, ce qui constitue une injustice flagrante.

D’autre part, les plus anciennes sont d’office avantagées par le système des appels d’offre au Burkina, ce qui n’est pas forcement pour une recherche permanente de l’innovation dans les projets. Cela constitue même un danger dans la mesure où l’agence dans le monde francophone (aussi bien dans le domaine du bâtiment que chez les avocats et les cabinets d’expertise comptable) s’organise généralement autour de directeur-fondateur dont la disparition entraine inévitablement la disparition de l’agence et la perte d’acquis qui auraient pu être perpétrés pour le bien du pays.

LE MODELE ANGLO-SAXON

Notre propos ici et maintenant n’est pas d’appeler à une quelconque révolution dans le domaine mais il nous semble important, à la sortie du forum des marchés publics tenu récemment à Ouagadougou, d’émettre quelques éléments de réflexion avec espérance d’utilité.

Dans le monde anglo-saxon, les agences d’architecture-urbanisme-ingénierie ou chez leurs cousins libéraux (avocats, experts comptables) sont organisées de façon à survivre à la disparition de leurs fondateurs selon un système d’évolution interne qui encourage l’implication pleine et entière des employés qui peuvent passer de junior à associé en moins de quinze ans voire moins selon leur talent et dynamisme. Ainsi on compte des bureaux très anciens qui survivent, s’agrandissent sans arrêt, se dispersent dans des domaines annexes et s’adaptent aux évolutions temporelles pour le bien de la créativité : les agences Skidmore,Owings and Merill créée en 1936, Kohn Petersen Fox, Atkins, Aecom sont vieilles de plusieurs décennies et certaines comptent jusqu’à 40.000 experts du domaine des infrastructures (architectes, urbanistes, ingénieurs, etc).

POUR UN REGROUPEMENT SALVATEUR DES EXPERTS BURKINABE

Il serait judicieux que les agences Burkinabè se regroupent afin qu’au lieu d’une multitude de petites agences organisées autour d’un seul homme, on aboutisse à des consortiums compétitifs sur le plan sous-régional, Africain voire international. Cela permettra également à l’Etat d’être plus juste dans la répartition des marchés publics octroyés par gré à gré, tous les bureaux se valant en taille et expériences.

Il pourrait s’agir primo - même si cela est de prime abord inacceptable pour de nombreux anciens - de regroupements complémentaires intergénérationnels entre architectes ou urbanistes plus expérimentés et formés à l’ancienne école avec des jeunes plus aguerris aux NTIC et plus audacieux mais souvent trop zélés. Ces regroupements et un système d’évolution interne à l’anglo-saxonne (junior, chef d’équipe, chef de projet, senior, associé) permettront l’émergence de grandes et brillantes agences compétitives à l’international en lieu et place d’une prolifération de petites agences mortes-nées.

Mais il pourrait aussi s’agir de regroupements en consortiums entre bureaux spécialistes de domaines différents mais cousins : architectes, urbanistes, ingénieurs, aménageurs, paysagistes, designers, graphistes, etc. Il est clair qu’avec la mondialisation et le financement des grands projets par des bailleurs de fonds étrangers, l’Etat Burkinabè ne pourra pas être éternellement être protectionniste et en ouvrant le marché national aux compétitions internationales, nos relatives jeunes et petites agences de cinq à dix personnes pourraient se retrouver en compétition avec des mastodontes centenaires de 40.000 experts aguerris.

Déjà on a vu des dents se grincer pour le concours pour les études (architecture&ingénierie) en vue de la construction de l’aéroport de Donsin : face à des géants mondiaux comme Aecom, Dar al-hansah ou Egis-Avia, les architectes urbanistes et ingénieurs Burkinabè n’étaient pas du tout compétitifs et il faut reconnaitre que pour certains équipements, la recherche de qualité et l’expérience dans le domaine prime à juste titre sur le patriotisme et tout le reste.

Le regroupement en grands bureaux pluridisciplinaires est absolument indispensable dans un contexte de mondialisation et le plus élégant serait d’y aller de plein gré que d’y être contraints dans un proche futur. Peut être faut il justement saluer et encourager ceux qui ont compris cela avec de l’avance comme G2 Conception, Arcade ou Cicad, etc et appeler les autres à l’envisager.

Lahousséni Tahar OUEDRAOGO
Architecte Urbaniste Aménageur
Manager SOJO –SARL, Ouagadougou

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Vos commentaires

  • Le 8 novembre 2011 à 08:58, par UN DU METIER En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    Bonjour je salue votre initiative mais commençons par la Création d’une autorité de certification des diplômes du Génie Civil et à dénoncer les détenteurs de faux diplômes.

  • Le 8 novembre 2011 à 09:19 En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    Chers Lecteurs,
    Aux Architectes, Ingenieurs et Designers, Urbanistes, la balle est dans votre camp. Je suis tout a fait d’accord avec les proposition de ce Architecte-Urbaniste. Des etrangers ne pourront pas prendre des marches nationaux si nous avons des Agences bien competentent dans ces domaines. Alors vaux mieux unir nos differences pour etre fort.
    Aussi, il faudrait que ces histoires de chanter la chanson pour manger s’arrete et que les marches soit donnes au plus meritant.
    Merci

  • Le 8 novembre 2011 à 11:11, par wendbenedo En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    Bien merci à Mr Ouedraogo pour ce cri de coeur ! Mais vous semblez oublier une chose, c’est que le Burkina en matière d’architecture a engendré un des architectes le plus valeureux et primé dans ce monde en la personne de Kéré Guembedo Francis qui vit en Allemagne et qui enseigne dans les grandes universités d’architecture au Monde !! Alors quand vous parlez de rassembler les architectes burkinabè pour une plus grande visibilité n’oubliez pas ce valeureux fils du faso qui pourra vous être utile au vu du partenariat que vous pourriez beneficier par son intermediaire tout comme les precieux conseils qu’il pourra vous prodiguer !
    Très cordialement !

  • Le 8 novembre 2011 à 12:49, par Zak En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    Bonne idée M OUEDRAOGO,
    La création de consortiums dans tous le domaines (Infrastructure, TIC, industrie,...) est une nécessité pour la survie de notre économie dans l’environnement actuel marqué par la mondialisation.
    J’espère que vous serez entendu.

  • Le 8 novembre 2011 à 16:08, par Deba En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    Cela est possible si volonté y est !!! Il est extrêmement difficile en Afrique de réunir des agences ou groupements de ce genre car chaque individu désire être chef d’entreprise et espère gerer seul.

    L’idée est bonne mais sa concretisation posera problème !!!

    wait end see !!!

  • Le 8 novembre 2011 à 16:35 En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    pas de consortium pour le moment, laissez les autres aussi goûter au bon fruit du succès. Avant l’arrivé du décret portant sur le suivi des travaux par les ingénieurs, les architectes se plasaient à dire qu’ils contrôlaient tous, payant mal les ingénieurs,et autre traitement de second rang.
    C’est fini tout cela. Calmez vous mes amis.

  • Le 8 novembre 2011 à 16:46, par OKAPI En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    Bonsoir
    Je loue la clairvoyance de cette reflexion mais ll ya un obstacle majeur à sa réalisation.C’est notre mentalité qui est telle que :
    1. Chacun veut être son propre patron
    Sur ce point il n ya qu’à voir même dans les metiers considerés comme subalterne : Un apprenti soudeur ou menuisier n’a en tête que d’aller ouvrir sa "chose" après quelques années d’apprentissage.Concernant les archistectes Afrique Archi qui fut un modèle d’association a finalement volé en éclats.certaines ecoles superieures crées par des associés ont fini leur course devant les tribunaux ! mesentente, manque de transparence dans la gestion etc.
    En fait c’est un mal qui n’epargne aucun secteur même les politiques.Chacun prefère créer son parti pour être "la tête d’une souris plutot que la queue d’un élephant"
    2.La problematique de l’evolution en interne
    la solution a été bien donnée par la reflexion cidessus.On evolue dans un cadre formel de junior jusqu’à asocié.Théoriquement rien à redire mais je vous assure que sous nos tropique c’est un gros gros problème si bien beaucoup finiront par aller voir ailleurs ou créer leur petite agence afin de ressaser des années de frustratons !
    C’est ça la réalité mais l’espoir n’est pourtant pas perdu si l’on travaille à faire evoluer les mentalités...c’est là le veritable challenge.

  • Le 9 novembre 2011 à 10:15, par Un confrère En réponse à : Architectes, urbanistes et ingénieurs burkinabè : Appel à la création de consortiums pour une meilleure compétitivité internationale

    bonne réflexion pour un départ, il y a deux problèmes à percevoir à savoir la question de la capacité et la question de création de structures plus solides et plus pérennes ; ces deux aspects étant étroitement liés. Envisager la création de consortiums ou tout simplement se mettre ensemble, oui cela est une nécessité compte tenu de la mondialisation ou les frontières sont depuis longtemps tombées pour les marchés sur appel d’offre.
    Mais au Burkina nous sommes face à des contraintes (Égoïsme, Complexe, Frustrations, Précarité, asphyxie de confrères, bataille entre les profession sur des bases subjectives, politisation des marchés, etc.)qu’il est urgent de lever.
    Je veux simplement souligner quelques idées.
    Comme beaucoup d’internautes l’ont relevé, chaque nouveau diplômé veut se retrouver tout de suite au premier plan, poussé en cela par son entourage, qui souvent ne comprend pas véritablement la vraie nature des métiers. Ainsi on entend dire "il faut t’installer", on a même souvent des proches parents qui sont prêts à sponsoriser, bien sûr en ayant à l’esprit que c’est un investissement avec un retour qui pourrait être profitable pour eux. Mais ce que l’on ignore, le métier s’apprend en partie sur les bancs, mais la consolidation se fait par la pratique de terrain. il est certain que la durée de cette pratique est fonction des cas que l’on est appelé à résoudre en terme de démarche professionnelle. Comment peut on réussir cela s’il n’y a pas de tutoring ? si on a pas été dans un cabinet pour compléter sa formation ?

    Malheureusement, les cabinets les plus expérimentés refusent de recruter les jeunes et ceux ci sont désorientés. Même lorsqu’un jeune a la chance d’être embauché quelque part, il se rend vite compte qu’il ne s’en sort pas avec ce qu’il gagne. Grande déconvenue pour quelqu’un à qui on a répété pendant ses années de formation, qu’avec le diplôme en poche, il sera en haut et à l’abri du besoin matériel.

    Ces trois corps de métiers sont perpétuellement en compétition (conflits ?), parce que souvent formés dans les mêmes écoles avec une formation de base commune et intervenant aussi sur le même sujet. La compétition n’est pas une mauvaise chose en soi, pourvu qu’elle soit saine. Mais dans la pratique certains pensent qu’ils doivent occuper tout l’espace et revendiquer une suprématie sur les autres. Non ce n’est pas nécessaire, chacun doit apporter son expertise. Par exemple ce n’est pas parce qu’on dit concours d’architecture que l’ingénieur et l’urbaniste en son exclus. Ce n’est pas parce qu’on dit projet de voirie que l’urbaniste ne doit pas être impliqué et ce n’est pas parce qu’on dit aménagement et organisation de l’espace que l’architecte et l’ingénieur devront être mis de côté. Il est démontré que tout projet réalisé en exclusivité par un seul de ces professionnel présente de nombreuses insuffisances et des lacunes difficiles à rattraper.Les exemples ne manquent pas chez nous. La vérité c’est que chacun doit redescendre de son mirador pour voir ce qui se passe en bas.

    Il est donc évident que le chemin est long pour en arriver aux consortiums. Mais il y a une lueur d’espoir car ces dernières années on assiste des regroupements de cabinets nationaux pour répondre conjointement aux appels d’offres et cela commence à porter fruit surtout chez les urbanistes et les ingénieurs qui interviennent de plus en plus dans la sous région.
    Certains font ces groupements avec des cabinets étrangers, mais il faut voir en cela une opportunité de partage d’expérience et de renforcement des capacités des nationaux.
    A vrai dire, si nous ne nous ouvrons pas à l’extérieur, si nous ne prenons pas notre courage à deux mains, payer des voyages pour assister à des rencontres internationales, des salons professionnels,etc. (au lieu de se précipiter acheter de grosses voitures et rouler dans Ouagadougou)alors je doute fort que nous soyons compétitifs même si nous avons la bonne volonté de nous réunir.
    Le ministère de tutelle a sa partition à jouer. Une meilleure présence des professionnels de l’habitat et de l’urbanisme devrait contribuer à mieux soutenir la mise en œuvre de la politique de l’Etat./

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