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Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

Publié le vendredi 4 novembre 2011 à 00h15min

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Depuis son entrée en fonction, le gouvernement Tiao tente de répondre aux légitimes attentes des Burkinabè, lesquels fondent beaucoup d’espoir en son action, on s’en doute aisément, surtout au regard des engagements pris devant la nation. En première ligne, les ministres que l’on dit particulièrement compétents dans leurs secteurs respectifs. Toutefois, la réalité du terrain montre des fortunes diverses pour les membres de l’équipe gouvernementale, en fonction du degré de sensibilité de leur poste. Et ce ne sont pas les titulaires de la Communication, encore moins celui des Enseignements secondaire et supérieur, qui diront le contraire.

Un ministre qui perd son sang-froid, s’emporte et profère des propos très durs à l’endroit de ses invités et de son auditoire, tel est le triste spectacle offert par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, lors du Forum sur la télévision nationale, organisé par la TNB. C’était le vendredi 28 octobre dernier, dans la salle de conférences de la Direction générale de la coopération (DG Coop) à Ouagadougou.

En effet, manifestement irrité et piqué au vif par les nombreuses critiques et les remarques faites par les participants sur la qualité du service public des médias au niveau de l’audiovisuel national, le ministre s’en est violemment pris à ceux-là qui, selon lui, auraient dû avant toute chose reconnaître les efforts de la chaîne toujours au cœur des grands... énervements. Celle-ci a eu le courage, selon lui, d’accepter de se soumettre volontairement au regard de l’opinion.
Il aura fallu toute l’expérience et la dextérité de Béatrice Damiba, la présidente du Conseil supérieur de la Communication (CSC), pour habilement corriger et recadrer son ex-Directeur de cabinet : un « ouragan au travail », mais également une boule de feu prête à aller au contact, sans retenue.

Depuis son entrée au gouvernement, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, découvre ainsi les réalités de la vie publique à une autre échelle de responsabilité. Mais hélas, pas toujours avec la manière. Tant et si bien que ses différentes sorties médiatiques sont désormais scrutées avec attention.
Avec « AET », le rôle de porte-parole du gouvernement est, il convient de le reconnaître, revenu au-devant de la scène après la parenthèse Filippe Savadogo. Mais il faut avouer que l’exercice est des plus laborieux. Ce qui ne vaut pas que des compliments à son titulaire.

Bien au contraire, ce dernier est régulièrement la cible de commentaires de la part de groupes d’opinion qui critiquent ses manières. Et même que parmi les collaborateurs, tout le monde ne partage pas la propension de « monsieur le ministre » à vouloir rebondir sur tout ce qui bouge.

Un autre ministre qui a bien des soucis en ce moment, c’est celui des Enseignements secondaire et supérieur (MESS). Albert Ouédraogo, c’est de lui qu’il s’agit, fait partie des ministres qui ont intégré l’équipe gouvernementale pour le compte de la société civile. Mais comme les faits le démontrent assez explicitement, l’apprentissage est rude pour le principal concerné.

Du reste, l’appréciation et le ton que l’on pouvait s’autoriser de l’extérieur, peuvent-ils être les mêmes une fois à l’intérieur du gouvernement où la collégialité est de rigueur ? La réponse est bien évidemment non. D’où l’étonnement - et même la frustration - de certains observateurs qui affirment ne plus reconnaître le fondateur du Tocsin. Il est vrai que le costard et la cravate ont quelque peu modifié l’allure générale. De même, les convenances personnelles n’ont plus tellement leur place en salle du Conseil des ministres.
Selon les indiscrétions en provenance du building de l’Education, une petite cacophonie régnerait en ce moment au sein du gouvernement. Notamment entre le MESS, celui de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique et celui en charge de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi.

La raison ? C’est que le premier cité empièterait sérieusement sur les prérogatives des deux autres. Toute chose qui suscite des remous au sujet de ce que d’aucuns perçoivent comme du désordre de la part d’une autorité qui ne saurait pas se cantonner à ses attributions. D’où, fait-on savoir en haut lieu, des arbitrages pour tenter de remettre les pendules à l’heure. Question sans doute d’éviter les accrochages inutiles entre ministres, lesquels ternissent l’image de la cohésion gouvernementale.

Ce qui suppose néanmoins une bonne dose de compréhension par rapport aux mécanismes qui guident la collaboration entre membres d’une équipe gouvernementale. Car ces frictions autour de missions ou d’inauguration d’infrastructures censées revenir à untel plutôt qu’à un autre ne sont pas de bon augure pour l’atteinte des objectifs contenus dans la feuille de route du Premier ministre Tiao.
Côté dossier, Albert Ouédraogo a du pain sur la planche. Lui qui a parié sur un climat apaisé sur le front de l’éducation. Entre les arrêts de travail du personnel éducatif et les dossiers brûlants de l’heure, ce sont des priorités qui s’accumulent.

Comme, par exemple, celle née de la polémique à l’Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso (UPB), suite à l’application intégrale et sans discernement du numerus clausus à l’encontre d’une dizaine d’étudiants en médecine.
Bien entendu, les torts sont partagés dans ce dossier. Toutes les parties se sont compromises, en particulier les étudiants. Ces derniers ne pouvant logiquement se prévaloir de leur propre inconséquence pour contester une mesure à laquelle chacun d’eux avait préalablement adhéré. Une mesure dont chacun d’eux pensait cyniquement tirer profit. Ils récoltent donc les fruits de leur manque de lucidité.

Toutefois, le plus surprenant dans ce feuilleton, c’est sans conteste l’ignorance manifestée par le ministre Albert Ouédraogo en personne au sujet des tenants et des aboutissants d’un dossier qui touche pourtant et de manière directe à son département. Bien entendu, cela n’a fait qu’accroître le cafouillage dans un environnement déjà compliqué par plusieurs années de brouille, consécutives à de multiples incompréhensions entre acteurs.
Comme on peut le voir, l’apprentissage du travail de ministre n’est pas aisé pour tout le monde. En particulier dans un gouvernement de crise. A chacun ses fortunes, dirait-on.

En tout cas, d’autres, parmi les « bleus », ont plus de chance dans la conduite de leur magistère. En effet, ils semblent moins exposés que certains de leurs confrères à la pression médiatique ; par conséquent, ils mènent tranquillement leur barque sur les différents chantiers de leurs ministères. En espérant sûrement qu’au moment du bilan, ils pourront être jugés sur la base des résultats obtenus, comme l’a d’ailleurs souhaité leur chef.

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 4 novembre 2011 à 06:08, par NateWest En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Monsieur le Journaliste,
    votre analyse est plate. Pour comprendre la posture du MESS il ne faudra pas l’approcher en tant qu’individu. il aurait fallu analyser sa fonction. Que recouvre la function du MESS ? Que recouvre la fonction du Ministre de la recherche ? etc. Si vous aviez pris le temps d’analyser de facon critique ces juridictions, votre analyse aurait ete mieux detacher. Il y a des recherches qui se menent dans l’enseignement superieur, mais est-ce a dire que c’est une partie de la fonction du ministre de la recherche ? il y a des competences professionnelles qui sont enseignees dans des etablissements secondaires et superieurs, est-ce a dire que c’est une partie de la fonction du ministre de la formation professionnelle ? ce n’est pas la substance qu’il faudra regarder, c’est la fonction, car selon la function la substance prend un statut different. En fait l’origine de ces ecarts est a rechercher dans la confusion instauree par le gouvernement ; ce n’est pas la faute a Albert Ouedraogo

  • Le 4 novembre 2011 à 06:14 En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Monsieur le Journaliste,
    votre analyse est plate. Pour comprendre la posture du MESS il ne faudra pas l’approcher en tant qu’individu. il aurait fallu analyser sa fonction. Que recouvre la function du MESS ? Que recouvre la fonction du Ministre de la recherche ? etc. Si vous aviez pris le temps d’analyser de facon critique ces juridictions, votre analyse aurait ete mieux detacher. Il y a des recherches qui se menent dans l’enseignement superieur, mais est-ce a dire que c’est une partie de la fonction du ministre de la recherche ? il y a des competences professionnelles qui sont enseignees dans des etablissements secondaires et superieurs, est-ce a dire que c’est une partie de la fonction du ministre de la formation professionnelle ? ce n’est pas la substance qu’il faudra regarder, c’est la fonction, car selon la function la substance prend un statut different. En fait l’origine de ces ecarts est a rechercher dans la confusion instauree par le gouvernement ; ce n’est pas la faute a Albert Ouedraogo

  • Le 4 novembre 2011 à 07:03, par Véridik En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Cet article est franchement le bienvenu et très à propos.
    C’est une belle démonstration qui montre que le fait qu’on ait été nommé Ministre ne signifie pas qu’on est un surhomme ou que celui qu’on remplace était forcément un piètre manager.
    AET et Albert doivent le comprendre. Albert se comporte comme un opposant et un vrai dictateur au sein du Ministère. Ce sont des attitudes frustrantes et révoltantes. J’espère seulement que cet article courtois leur permettra de comprendre qu’il faut qu’ils baissent un peu les épaules et n’oublient pas que ceux qu’ils ont dépassé "en montant", ils les retrouveront "en descendant". A bon entendeur salut !

    • Le 4 novembre 2011 à 17:22, par messager En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

      En réalité Albert se comporte en vrai dictateur au ministère comme vous l’avez dit. Il veut diriger les gens comme s’il était chez lui. C’est pas facile la gestion des hommes mais tout de même monsieur le MESS ressaisissez vous parce que qui sait les frustration se transforme avec le temps en révolte.

  • Le 4 novembre 2011 à 10:14, par Jérôme En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Avec ce ministre de la Communication, on va tout voir ! On se demande si c’est lui le DG de la RTB. Il ne semble préocupé que par l’image, tant pis pour les autres, radio et presse écrite... Attends de voir où ça va nous conduire...Monsieur le ministre télévisuelle.

  • Le 4 novembre 2011 à 10:22, par tourison En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    bon article, je pense que le problème touché merite d’etre recadré pour permettre à l’équipe gouvernementale de faire un travail efficace. il faut le dire, le chef doit faire des retouches d’ici le debut de l’année car il y’a certains qui flottent à leur poste. c’était un gouvernement de crise, il faudra maintenant remettre en place une équipe pour la mise en place du programme quinquenal du chef de l’Etat.

  • Le 4 novembre 2011 à 11:23, par patrimoine En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Vraiment ! il était temps que quelqu’un lève ce lièvre. il y’a pas meilleur mot que "cacophonie" pour rendre ce qui se passe dans nos ministères. ignorance total des règles administratives essentielles, faible capacité d’organisation et de management, quelquefois, arrogance (trop connaisseur pour apprendre). pour ces ministres dits de la société civile, il y’a comme une seule ambition : montrer qu’il n’y’a rien eu avant eux. c’est dommage parce que l’administration est forcement une continuité. jetez un coup d’oeil chez les autres ministres de la société civile et vous verez qu’il y’a comme une navigation à vue, un désarrois général des agents. encore une fois, cette "société civile" là n’a pas encore su se montrer capable, à moins qu’elle ne rectifie le tir...

  • Le 4 novembre 2011 à 17:48, par Je jette l’éponge En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Mon souci en tant que parent d’étudiants et citoyenne est la suivante : Après les accords entre gouvernement et syndicats du supérieur, on croyait que chacun allait y mettre du sien pour que les choses rentrent dans l’ordre mais hélas ! L’année universitaire 2010-2011 n’est toujours pas terminée. Le ministre de l’ESS disait qu’à l’UFR/SDS même la rentrée pourrait se faire en novembre. Je constate avec amerture que les résultats de la 1ère session ne sont pas donnés à plus forte raison organiser la "session de septembre". A l’UFR/SEG par exemple, c’est le chaos. ce qui est sûr, tout le monde est responsable : enseignants-chercheurs, malgré les acquis de leur lutte ne veulent plus "mouiller le maillot" car déjà engagés dans d’autres affaires (privés, consultations, universités sous-régionales, etc..) et gouvernement "silencieux". Mais dans tout ça nos enfants en sont victimes : ne peuvent plus postuler à des concours, avoir des inscriptions dans les universités étrangères normalement, n’ont plus de vacances normales. Ils passent à côté de plusieurs opportunités ! agissez svp. L’histoire vous jugera.

  • Le 4 novembre 2011 à 17:51, par laconscience En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Décidement on ne vous comprendra jamais. Lorsqu’on a des ministres mous et effacés, vous vous plaignez, maintenant que nous avons des personnalités engagées vous vous en plaignez. Que voulez vous ? Ceux que vous avez cité ne sont pas des politiciens de carrières, ce sont des patriotes, des gens bien formés et compétents dans leur domaine. Oui, un ministre peut se fâcher et il en a le droit, ce n’est pas votre poubelle.

  • Le 4 novembre 2011 à 19:40 En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    Trouvez autre chose à faire que de juger des ministres et de vous promener dans les couloirs des ministères alors que même chez vous il ya beaucoup à dire. Chacun a son tempéremment et c’est tout naturel ; les difficultés dans la collaboration ne constituent pas un drame à ce que je sache. Le plus important c’est de les surmonter en bonne intélligence.
    Cher monsieur, je comprends parfaitement qu’on parle des problèmes concernant nos ministres mais la forme de votre texte vous trahi. Epargnez nous de vos problèmes personnels et gagnez en hauteur de vue.
    Finalement l’apprentissage et aussi dur quelque part !

    • Le 4 novembre 2011 à 21:44, par Pk France. En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

      Oui, Monsieur Le Ministre ! Et j’ajoute même que la gestion d’un ministère relève bien au contraire d’une équipe collégiale et pas exclusivement d’une seule personne "singletone". C’est la raison pour laquelle, chaque Ministre doit pouvoir choisir librement ses collaborateurs afin de pouvoir assumer la responsabilité d’un éventuel échec ou d’engranger positivement les succès. Exactement comme le Premier d’entre eux. PK France.

  • Le 5 novembre 2011 à 01:42 En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

    vous avez peut être lever le lièvre comme dit un forumiste mais l’article ressemble beaucoup à de la spéculation. ces ministres de la société civile sont d’abord des burkinabé puis ils ont été consulté sur la base de leurs compétences. laissez ces ministre travailler avec leurs équipes qui ne sont pas tous de la société civile. s’il y a des conflits de compétences c’est normal (nous sommes des humains)et Dieu merci, LAT est là, le PF est là, et aussi le dialogue et là ; je veux simplement dire que l’arbitrage est possible par qui de droit.

    • Le 7 novembre 2011 à 19:49, par Haris En réponse à : Gouvernement Tiao : Bric-à-brac pour ministres apprentis

      On ne peut pas vouloir une chose et son contraire !
      1- Quand on veut que les choses bougent il n’ y pas d’autres solutions que de mouiller le maillot ! Ces ministres que vous incriminez ne me semblent pas avoir d’autres soucis que de faire avancer les dossiers qui leur sont confiés. Malheureusement dans ce pays,et particulièrement dans nos administrations publiques, il y a trop de fainéants qui ne veulent pas "bouger" et qui ne veulent non plus laisser les autres bouger
      2- Ces deux ministres sont des "techniciens" et non des politiciens rompus dans la manipulation ! Un tel ministre qui s’emporte c’est normal, c’est naturel, c’est humain ! reconnaissant que c’est quand même frustrant quand ses efforts sont balayés par une critique facile ! Seuls ceux qui ne croient pas en ce qu’ils font n’ont jamais vécu pareille situation !
      Arrêtons de martyriser nos ministres, ils sont comme nous, simplement humains !

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