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YVES SAWADOGO (Agent de joueurs FIFA) : "C’est moi qui ai mis Hervé Zengué en relation avec le ministère"

Publié le vendredi 28 octobre 2011 à 01h32min

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Il appartient à la nouvelle génération des agents de joueurs FIFA qui impriment leur marque dans le milieu du football africain. Lui, c’est le Burkinabè Yves Sawadogo, ancien footballeur amateur en France, qui vit depuis quelques années sur les bords de la Lagune Ebrié. Lors de son dernier passage à Ouagadougou, à l’occasion du point de presse de la Fédération burkinabè de football (FBF) et de l’équipementier Puma, nous l’avons rencontré. Yves Sawadogo nous a parlé de ses activités, de sa structure Foot consulting international (FCI), des joueurs africains qu’il a sous sa coupe dont l’international burkinabè Hervé Zengué.

Le Pays : Comment expliquez-vous qu’en tant qu’agent de joueurs burkinabè, vous soyez beaucoup plus présent à l’extérieur qu’au Burkina, votre pays d’origine ?

Quand j’ai voulu revenir en Afrique, puisque je vivais en Europe, il était important pour moi de trouver un pays beaucoup plus propice à mes affaires d’agent de joueurs et j’ai donc choisi la Côte d’Ivoire. La raison est que ce pays n’est pas loin du mien et cela me laisse la possibilité de revenir à tout moment chez moi. Il m’était aussi beaucoup plus facile de m’y installer afin d’exercer mon boulot. J’y suis mais je travaille beaucoup avec des clubs guinéens, maliens, camerounais et ivoiriens. Il faut souligner que dans ces différents pays, les gens ont été beaucoup réceptifs à mes méthodes de travail qui s’inscrivent dans la durée. Mais j’avoue que dans mon pays, le Burkina, mes relations n’ont pas toujours été aussi faciles avec certains dirigeants.

De quoi s’agit-il en parlant de relations difficiles avec des dirigeants burkinabè ?

Ce qui est dommage, j’ai l’impression qu’entre nous Burkinabè, nous ne savons pas nous appuyer. On préfère s’appuyer sur d’autres personnes et je ne sais pas pourquoi. Mais comme nul n’est prophète chez soi et que je suis encore jeune, j’exerce mon métier sans trop d’état d’âme. Ceci étant, j’ai quand même des relations normales avec la plupart des clubs. Sans aucune prétention, je pense pouvoir apporter des choses intéressantes pour mon pays et le foot, c’est vraiment mon domaine. Je le connais sous tous ses angles (juridique, économique, stratégie, aléas) et, c’est pourquoi, j’ai créé Foot consulting international, qui fait tout simplement du consulting dans le domaine du football. Le consulting existe en politique, en affaires, alors pourquoi pas dans le football qui est une vraie industrie dans le sport. Mais encore faut-il que les gens s’appuient sur ma personne. En attendant, je continue mon travail ailleurs et c’est le plus important.

Avez-vous fait des propositions d’offres de service ?

Je connais beaucoup de dirigeants au Burkina mais je ne veux plus forcer pour proposer mes services. Il faut un certain feeling, puisqu’au passage, je peux faire gagner beaucoup d’argent aux clubs par des transferts. Je suis désormais dans une certaine logique de fonctionnement. Quand on connaît son métier en tant que professionnel, on ne peut pas accepter n’importe quoi. Le véritable problème est que beaucoup de dirigeants ont une idée arrêtée sur les agents. Ils n’ont pas totalement tort mais il faut qu’ils comprennent aussi que le football est désormais une grande industrie et qu’il faut beaucoup de moyens pour le faire tourner. Les clubs n’ont pas d’argent et la possibilité pour eux d’en gagner et de continuer à exister, c’est de recruter de bons et très jeunes joueurs. Ensuite, opérer des transferts en respectant certaines normes c’est le travail des agents, des bons surtout. J’ai déjà apporté des choses et je continue de le faire notamment pour la sélection. Je n’ai pas besoin de dire exactement ce que je fais. Mais au-delà de tout cela, je continue parce que c’est mon pays. J’essaie, malgré des difficultés, de faire la promotion du football burkinabè à l’étranger.

Qu’est-ce qu’on peut retenir de ce que vous avez fait pour le football burkinabè depuis lors ?

Le football, ce sont des relations mais aussi de la crédibilité. J’ai cette crédibilité aujourd’hui ailleurs, donc, je m’en suis par moment servi pour mettre en relation la FBF avec des personnes ressources pour un partenariat ou une expertise fiable. C’est ainsi que Puma a pu signer un contrat sur quatre ans très profitable à la FBF et je regrette d’ailleurs que sur ce dossier, certaines personnes n’aient pas vraiment mis en avant l’intérêt du football burkinabè en faisant couler beaucoup d’encre et de salive sur ce partenariat. Chaque club de 1re division peut ainsi être doté de deux jeux de maillots et une dizaine de ballons par an. Ce qui est considérable pour nos clubs qui manquent cruellement de moyens matériels. Aussi, j’ai fait participer la sélection espoir du Cameroun et le club du Legia de Varsovie au tournoi du cinquantenaire au Burkina et j’ai aussi beaucoup contribué à la venue de Habib Bamogo en sélection nationale.

Quelles sont vos contributions pour le développement du football burkinabè ?

Il y a déjà du travail colossal qui a été fait et qui n’est pas à négliger. Le Burkina est à un niveau où l’on ne peut plus tâtonner. Avec le classement honorable du Burkina sur le plan africain et au niveau de la FIFA, l’on doit se professionnaliser davantage, relever le niveau du championnat, donner plus de moyens aux clubs, revoir la politique de formation. Nos jeunes arrivent à faire de bonnes performances au niveau international mais tous disparaissent du circuit par la suite ou font des carrières en dessous de leurs valeurs intrinsèques. J’ai des idées et des partenaires fiables pour ça mais entre nous, tous ceux qui connaissent le football savent que sans une grande implication des politiques, il est impossible de faire quelque chose de bien pour ce sport qui peut contribuer à apaiser tout un peuple. Nous sommes en Afrique, ne l’oublions pas. Si Dieu le veut, je vais pour l’année 2012, organiser une détection en Côte d’Ivoire pour les jeunes burkinabè qui y vivent afin de faire venir les meilleurs pour renforcer nos clubs, tout en espérant qu’ils rehausseront le niveau du championnat.

Etes-vous en train de préparer quelque chose au Burkina où l’on vous aperçoit régulièrement ces derniers temps ?

J’aime beaucoup mon pays, j’y viens, en moyenne, cinq fois par an pour des raisons diverses. Après, je suis aussi attentif à l’évolution du football burkinabè. Aujourd’hui, nous sommes à un tournant très important de notre football et j’essaie d’être là le plus souvent possible pour voir quels peuvent être les besoins du football afin de voir comment apporter ma modeste contribution malgré des incompréhensions. Je le dis encore, je ne peux contribuer que si réellement les gens me sollicitent de façon considérable et je pense avoir un carnet d’adresses non négligeable qui pourrait être profitable au football burkinabè.

Quels sont les joueurs burkinabè et africains que vous avez sous votre coupe ?

J’interviens de façon ponctuelle sur certains dossiers et je conseille les Burkinabè Yssouf Koné et Hervé Zengué. Au niveau africain, je travaille aujourd’hui avec les internationaux Camerounais, Eric Djemba Djemba qui joue à Odense au Danemark et qui va sans doute faire un retour au mercato en France, Landry NGuemo qui joue désormais avec les Girondins de Bordeaux, il y a également le Guinéen Alhassane Kéita (18 ans) du FC Metz, l’international ivoirien Kouamatien Koné de Cluj, le jeune Inous Touré de Delphino pescara calcio, et j’ai des collaborations en cours avec certains internationaux ivoiriens.

En parlant de joueurs camerounais, vous auriez, selon nos informations, contribué à la venue du joueur Hervé Zingué pour évoluer sous les couleurs des Etalons ?

Effectivement, ce problème fait couler beaucoup d’encre et de salive mais ce qui est regrettable et déplorable, c’est que la bonne information n’a pas été donnée. Il faut savoir communiquer. Oui, j’ai mis Hervé Zengué en relation avec le ministère des Sports et des Loisirs parce que je connais le joueur, ses qualités sportives et sa mentalité. Si j’ai donné le nom de Hervé Zengué, c’est parce que je sais aussi qu’il est marié à une Burkinabè, comme j’ai aussi signalé d’autres joueurs burkinabè évoluant dans certains clubs européens et susceptibles d’intégrer la sélection. Mais, ce que je peux regretter c’est qu’en son temps, si le ministère avait travaillé de concert avec la FBF, on n’en serait pas là. Je trouve cela déplorable et c’est pour cette raison d’ailleurs que je trouve très important que le ministère des Sports et des Loisirs et la Fédération travaillent main dans la main pour éviter des situations qui peuvent nous coûter cher, heureusement que cette situation est réglable.

Peut-on savoir qui vous a demandé de trouver un joueur ?

Le ministère des Sports et des Loisirs et la FBF le savent.

Dans une affaire comme celle-ci, vous avez gagné certainement beaucoup d’argent ?

Je suis Burkinabè et c’est une fierté pour moi de pouvoir aider le football de mon pays quand on me sollicite. J’ai eu à signaler le jeune Moussa Doumbia qui jouait à Istres et il a honoré sa première sélection contre l’Afrique du Sud en août dernier. Abdoul Razack était au placard, puisqu’il n’avait plus été appelé depuis sa première sélection alors que je suivais ses performances dans son club polonais et j’avais aussi un retour de certains amis recruteurs qui me parlaient de lui sans cesse. J’ai eu une bonne discussion avec Paolo Duarte concernant le joueur. Il est venu et l’entraîneur en est très satisfait. Je n’ai pas demandé quoi que ce soit. Pourquoi rattacher tout à l’argent et c’est justement cet état d’esprit qui nous mine. Quand tu fais des propositions, certaines personnes croient que ta vie en dépend forcement et elles affichent une mauvaise volonté à faire avancer les choses. Pour moi, le plus important c’est l’intérêt du football burkinabè.

Comment vous est venue l’idée d’organiser en association avec un ancien international ivoirien Bonaventure Kalou, un tournoi baptisé "Talent ivoire" ?

Le concept "Talent ivoire" est parti d’une réflexion d’échanges entre Bonaventure Kalou, qui vient de mettre un terme à sa carrière, et moi. Il m’a fait savoir qu’il souhaiterait aussi apporter sa touche au football en aidant les jeunes à tenter une carrière professionnelle. En ma qualité d’agent de joueurs, je lui ai dit qu’il serait bon de mettre en place un tournoi de détection de jeunes talents, puisque je fais également de l’évènementiel sportif. Je sais très bien qu’en Afrique, de nombreux joueurs passent par des intermédiaires qui ne prennent pas le soin de bien faire leur boulot. Il fallait réfléchir à un concept d’où "Talent ivoire" qui sera un tournoi de détection au niveau des six plus grandes communes d’Abidjan à partir d’un travail de pré- sélection et de sélection. Nous nous sommes fortement appuyés sur un ancien international ivoirien, Amani Yao Lambert César qui va valider le travail de sélection fait par certains techniciens dans les quartiers et il est aidé par Fodé Sylla du département des compétitions de la Fédération ivoirienne de football (FIF). Notre objectif est de contribuer à assainir le milieu du football africain plutôt que d’envoyer des enfants à l’aventure et qui, souvent, s’égarent dans la nature. Nous voulons proposer autre chose en ouvrant notre carnet d’adresses et tout notre savoir–faire en réunissant un certain nombre de clubs. Et pour ce tournoi, nous n’attendons pas moins de 20 à 25 clubs européens.

Est-ce qu’on peut s’attendre à un tel projet au Burkina ?

Tout dépend des gens qui vous accompagnent. Des projets pour le Burkina ne manquent pas puisqu’il y a beaucoup de choses à faire. Il faut que ce projet soit validé par des gens qui croient en vous. En Côte d’Ivoire par exemple, en l’espace d’une semaine, nous avons eu l’aval de plusieurs annonceurs. Il faut des moyens pour mettre en place ce genre de projets. Pourquoi pas un projet pareil au Burkina mais à condition qu’il y ait la confiance et que les sponsors acceptent de s’impliquer.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO et Ambèternifa Crépin SOMDA (Collaborateur)

Le Pays

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