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Marc Aicardi de Saint-Paul, Consul du Burkina à Nice : « La communauté burkinabè est travailleuse, sérieuse et ne pose aucun problème d’« intégration » »

Publié le lundi 24 octobre 2011 à 03h23min

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De Marc Aircardi de Saint-Paul l’on peut dire que c’est un grand et fidèle ami du Burkina et de son Président, Blaise Compaoré, qui l’a fait à partir de 2003 Consul du Faso à Nice, sur la Côte d’Azur en France. Et depuis, l’engagement pour le Burkina de cet intellectuel polyglotte et habitué des arcanes des relations internationales ne s’est guère démenti. Même au temps fort de la dernière crise sociopolitique nationale, le Consul de Nice avait toujours cru et exprimé sa foi en la capacité du Burkina sous la houlette du Président Compaoré de s’en sortir. Dr Marc Aicardi de Saint-Paul nous parle de son expérience de l’Afrique, de ses relations avec le Burkina Faso…des rapports Afrique –Europe. Grande interview.

Le Faso.net : Monsieur Aicardi de Saint-Paul, pouvez- vous nous dire comment on est nommé à la fonction de consul ?

MASP : Comme vous le savez, la fonction de « consul honoraire » ou de « consul marchand » est fort ancienne. Plusieurs facteurs ont contribué, ces dernières années à en augmenter le nombre, soit en substitution, soit en complément des consuls dits « de carrière ». En effet la tendance est globalement à la diminution des dépenses publiques et même les pays riches n’ont plus les moyens d’entretenir des consulats aux quatre coins du monde. De plus, la vague des décolonisations de l’après guerre a conduit à pratiquement tripler ou quadrupler le nombre des Etats.

Même si des ambassadeurs sont souvent accrédités dans plusieurs pays, il est indispensable que ces pays soient également présents dans les grandes métropoles régionales par l’intermédiaire de consulats. Enfin, nombre de ces Etats nouvellement indépendants, et je pense surtout aux pays africains, font partie des plus pauvre ; la création de consulats honoraires en province et parfois même dans les capitales, leur permet de construire, de projeter et d’entretenir une image de leur pays et de tisser des liens là où ils sont présents.

La nomination d’un consul « honoraire », qui est bénévole permet à l’Etat qui le nomme de faire des économies considérables, dans la mesure où il n’émarge pas au budget de l’Etat, qu’il fournit les locaux du consulat , sauf pour certains grands Etats, et qu’en règle générale tous les frais engagés dans l’exercice de sa fonction demeurent à sa charge.

Un autre avantage consiste en sa connaissance du contexte local qui lui permet, plus facilement qu’un consul de carrière, généralement « parachuté » pour une période de trois ans, de nouer des relations avec les autorités locales, les acteurs économiques et culturels.
Cela étant dit, chaque cas est particulier et il n’y a pas de règle établie pour la nomination d’un consul honoraire. Cela dépend beaucoup du parcours de chacun.

Le Faso.net : Pour votre cas spécifique, comment êtes- vous devenu consul du Burkina à Nice ?

MASP : je crois qu’il est l’aboutissement d’un parcours personnel quelque peu atypique. Né en Afrique du nord d’une famille qui y était implantée depuis plusieurs générations, j’ai baigné dès mon plus jeune âge dans un pays où toutes les races, les couleurs et les religions se côtoyaient sur les bancs de l’école. De retour en France, j’ai toujours eu le projet de m’intéresser à nouveau à mon continent d’origine : l’Afrique. J’ai donc fait des études de Droit et de Sciences politiques à la Faculté de Nice qui m’ont conduit au Doctorat d’Etat en 1982 sur « les relations Etats-Unis Afrique ». En parallèle, j’ai fait une thèse de philosophie et histoire des idées sur la politique raciale sud-africaine et une maitrise d’anglais. J’ai également été Doctoral Fellow à l’Université de Durban et Post Doctoral Fellow à l’Université de Yale, grâce à une bourse Fulbright.

C’est cette formation qui m’a conduit à avoir une certaine expertise en matière de relations internationales et qui m’a permis d’écrire une dizaine d’ouvrages de géopolitique majoritairement consacrés à l’Afrique et à ses relations avec les grandes puissances, ainsi que de très nombreuses contributions à des ouvrages collectifs et à des revues de géopolitique. J’ai été pendant plus de 15 ans membre du comité de rédaction d’Afrique contemporaine (La Documentation française) et j’ai couvert à ce titre les évènements d’Afrique australe (Afrique du Sud, Namibie, Botswana, sud angolais, Lesotho et Swaziland).

J’ai aussi contribué à de nombreuses revues comme Marchés tropicaux. Aujourd’hui encore je fais partie du comité scientifique de Géopolitique Africaine et de la revue Géostratégique.
Au début des années 1990, j’avais été approché par un conseiller politique du Président Compaoré qui m’avait demandé si cela m’intéresserait d’effectuer un séjour au Burkina Faso et d’y réaliser une série d’entretiens avec le chef de l’Etat dont j’avais suivi avec intérêt l’accession au pouvoir. Je rentrais alors d’Afrique australe qui était alors en pleine effervescence et je m’étais dit que d’explorer de nouveaux horizons constituaient une opportunité.

C’est ainsi que j’ai atterri quelques semaines plus tard à Ouagadougou. Le soir même de mon arrivée dans la capitale, j’étais invité à diner à la table du Président, dans sa villa qui lui servait de résidence dans le complexe dit « de l’Entente », bien avant qu’il ne déménage à Ouaga 200. Je me souviens de cette première prise de contact comme si c’était hier. J’ai été d’emblée séduit par la prestance, la simplicité et la modestie du Président qui m’a tout de suite mis à l’aise. J’ai également noté sa propension à interroger le visiteur sur des sujets sensibles d’une manière tout à fait dépassionnée. Il savait que je rentrais d’Afrique du Sud qui faisait alors la une des médias et il a passé un long moment à écouter le compte rendu que je lui ai fait. A aucun moment, il n’a porté de jugement et j’ai su dès cet instant que Blaise Compaoré avait une dimension hors du commun et qu’il aurait un destin qui dépasserait les limites du Burkina Faso. Cette impression s’est d’ailleurs confirmé par la suite lorsqu’il a joué le rôle de « facilitateur » dans de nombreuses crises africaines que vous connaissez.

Par la suite, J’étais alors en train de rédiger un livre intitulé : « Burkina Faso, le pays des hommes intègres ». Pendant plusieurs mois, j’ai eu l’occasion de voir le jeune président assez régulièrement et avec le temps, une certaine relation s’est établie. Au fil des années, j’ai été invité par le Président Compaoré à me rendre au Burkina pour mes articles et bien évidemment, à chaque fois, j’avais l’occasion de m’entretenir avec lui, de son pays, de la situation régionale et internationale. Par la suite, j’ai fait de nombreux voyages au Burkina, souvent accompagné par des collègues juristes, de l’Académie des Sciences d’Outre Mer et de l’Association des Ecrivains de Langue Française, comme le Professeur Edmond Jouve. J’ai aussi revu le Président du Faso à des conférences internationales auxquelles je participais, comme les TICAD à Tokyo, le sommet Taiwan Afrique et les sommets France Afrique.

Il y a environ neuf ans, le Président Compaoré, de passage à Paris décorait un certain nombre de Français, dont moi au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques à Paris. C’est à cette occasion qu’il m’annonça que le poste de consul à Nice allait se libérer et il donna immédiatement instruction au Ministre des affaires étrangères de l’époque S.E. Youssouf Ouedraogo d’entamer les démarches nécessaires auprès du Quai d’Orsay pour que je sois nommé consul. C’est ainsi que j’ai été nommé à mon poste actuel en décembre 2003.

Le Faso.Net Quelles sont les missions d’un consul en général et du Burkina en particulier ? Quel est votre statut ?

MASP : Tout d’abord mon statut : c’est celui d’un diplomate dont le statut est régi par la convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires. Je possède un passeport diplomatique burkinabè et le consulat ainsi que le consul bénéficient des immunités et privilèges qui sont décrits dans la convention internationale que je viens de citer.

Pour ce qui est de mon rôle de consul, il est multiple. Comme la plupart de mes collègues, nous avons quasiment les mêmes attributions que les ambassadeurs, mais en région. Nos interlocuteurs ne sont pas le Ministère des Affaires étrangères ou la Présidence de la République, mais le Conseil régional, le Conseil général, les Préfectures, les Députés et Sénateurs, les Maires…

Ce sont ces rapports privilégiés avec les autorités locales qui nous permettent de lancer des projets de coopération décentralisée, ou des jumelages, comme c’est le cas entre Vence et Ouahigouya, des chartes d’amitié comme entre Grasse et Legmoin, ou des jumelages de paroisses. Sur ce dernier point, qu’il me soit permis de souligner que sans l’expatriation de prêtres burkinabè sur la Côte d’Azur, de nombreuses églises n’auraient pas de curés pour célébrer la messe…
La circonscription de mon consulat est assez vaste, puisqu’elle comprend, outre les Alpes maritimes, les Hautes Alpes, les Alpes de Haute Provence, la Corse, et je partage le Var avec mon collègue de Marseille M° Michel Fructus qui a remplacé il y a deux ans mon excellent collègue et ami Paul Roubaud qui a tant fait pendant trente ans pour le Burkina.

Le Faso.Net : Quel type de relations développez vous entre la Côte d’azur et le Burkina ?

MASP : Comme vous le savez, la Côte d’azur n’est pas une région industrielle comme l’Ile de France ou la région Rhône Alpes. Elle est plutôt orientée vers les services. Toutefois, des chefs de petites PME effectuent de temps en temps des missions de prospection, des artisans également où des restaurateurs qui veulent s’installer au Burkina. Elle est également une zone privilégiée pour les riches retraités français et étrangers. (Le tourisme, les loisirs). La technopole de Sophia Antipolis, l’Université de Nice sont des pôles d’excellence qui peuvent à un moment ou à un autre jouer un rôle dans le développement du Burkina, comme d’autres pays en développement.
Mais le plus gros des rapports entre le sud est et le Burkina réside dans les associations qui sont fort nombreuses dans ma circonscription : plus de 190 répertoriées à ce jour, dans tous les domaines : éducation, santé, construction, irrigation, agriculture, formation professionnelle (le barreau de Nice est jumelé avec celui de Ouagadougou)…..

Toutes ces associations organisent chaque années plus de 130 manifestations, c’est-à-dire plus d’une manifestation tous les trois jours. Elles sont toutes répertoriées dans notre site : www.burkinafaso-cotedazur.org animé avec une grande compétence par Madame Annelise Chalamon, webmaster du Consulat. Le consulat de Nice a d’ailleurs organisé en septembre 2009 un Burkina Faso Forum à l’hippodrome de Cagnes sur mer, qui a regroupé une soixantaine d’associations qui y avaient un stand. La seconde édition qui s’est déroulée le samedi 17 septembre toujours à l’hippodrome de Cagnes sur mer a été un franc succès. Vous vous en êtes d’ailleurs largement fait l’écho dans vos colonnes et je vous en remercie.

Le rôle du consul, est donc d’encourager ce type de projets et de susciter des coopérations. C’est à ce titre que je me rends périodiquement aux manifestations organisées par les associations et que j’essaie de répondre à leurs interrogations et à canaliser leurs actions de manière à ce que cela se fasse d’une façon ordonnée et que la répartition des aides soit équitable sur tout le territoire burkinabè.

On retient souvent de l’activité du consul, les réceptions officielles et le cocktail parti. Si j’aurais mauvaise grâce à soutenir que ce n’est pas un aspect agréable de la fonction, il convient de souligner qu’elles permettent d’entretenir un relationnel avec les autorités locales. Ces liens tissés avec patience nous facilitent la tache lorsque nous lançons des projets ou que des Burkinabè vivant sur la Côte ou de passage, nous demandent d’intervenir, que ce soit pour obtenir un document officiel, se mettre en règle avec les autorités locales, ou pour s’inscrire hors délai à l’université…

Le Faso.Net : Mais à ce propos, à combien se chiffre la communauté burkinabè dans la région, et quels sont vos rapports avec elle ?
MASP : Il est très difficile d’en donner le nombre exact, car une majorité est également de nationalité française, ce qui complique les calculs. D’autre part, une infime partie d’entre eux s’enregistre au consulat. Je rencontre les compatriotes, bien entendu lorsque leurs associations de Nice ou de Corse se manifestent et également lorsqu’ils viennent me rendre visite au consulat, soit tout simplement pour s’entretenir amicalement avec moi, soit pour que je leur facilite une formalité en France ou au pays. Je suis chaque année invité à la fête qu’ils organisent et je dois dire que je n’ai qu’à me louer de cette communauté qui est travailleuse, sérieuse et ne pose strictement aucun problème d’ « intégration », bien que je n’aime pas du tout cette terminologie.

A mon sens, chacun a ses propres racines et doit en être fier. Il serait bien triste que le rouleau compresseur de la mondialisation vienne gommer les différences. On peut avoir des origines diverses et se comporter selon les lois du pays d’accueil. C’est exactement ce que fait la communauté d’origine Burkinabè. Quant aux professions exercées, elles sont assez diversifiées : personnel d’entretien, vigiles, petits commerçants et petits entrepreneurs, employés, enseignants, comptables, infirmiers, médecins et… élus locaux. Les jeunes font plus d’études que leurs parents et bénéficient des mêmes opportunités que les autres jeunes azuréens.

Le Faso.Net : En plus des missions que vous venez d’évoquer, y en a-t-il d’autres dont vous voudriez parler ?

MASP : Effectivement, j’ai parlé brièvement du site du Consulat du Burkina Faso de Nice. Je voudrais suggérer à tous les passionnés d’Afrique de s’y connecter, car il permet d’instaurer un lien privilégié avec les associations et les voyageurs. Ce site auquel se connectent des dizaines de milliers de personnes chaque année est un mine d’informations, tant sur ce qui se passe localement sur la Côte, qu’au Burkina.

D’autre part, nous avons eu la chance que le sommet France Afrique se déroule d’abord à Cannes en 2007, puis à Nice en mai/juin 2010. Ces deux rendez vous internationaux majeurs ont été l’occasion pour le Consulat de Nice d’organiser la partie non officielle de la visite de la délégation burkinabè avec l’appui de l’Ambassade à Paris. En 2007, nous avions donné une grande réception au Centre Universitaire Méditerranéen, créé par Paul Valery, sur la promenade des Anglais avec toute la délégation et avions organisé des rendez vous pour le Président Compaoré avec le Député Maire de Cannes Bernard Brochand et à Vence qui est jumelée avec Ouahigouya depuis plus de trente ans.

Lors du sommet Afrique France de l’année dernière, nous avons organisé une grande réception dans les jardins du consulat en l’honneur du Président Compaoré, avec près de 200 personnalités tant françaises qu’africaines et monégasques. Nous avons d’ailleurs eu d’excellentes retombées médiatiques, qu’il s’agisse de Nice Matin qui y a consacré une pleine page que d’autres médias, radio, télé et sites internet français et africains. En effet, la Principauté de Monaco qui est enclavée dans les Alpes Maritimes est un pays riche qui s’intéresse aux pays en développement en au Burkina en particulier, puisque sa coopération au sud du Sahara y est importante. Le Département de la Coopération, la Croix Rouge Monégasque, l’association Fight Aids Monaco présidée par la Princesse Stéphanie, les pompiers, l’hôpital Princesse Grace sont les partenaires privilégiés du Burkina Faso.

Le Consulat de Nice reçoit également de nombreuses délégations d’officiels burkinabè (un peu moins depuis deux ans à cause de la crise économique) : qu’il s’agisse de ministres venant s’entretenir avec les étudiants, de l’adjoint au Maire de Ouagadougou, Monsieur Ilboudo, de banquiers qui veulent proposer des investissements aux Burkinabè, des responsables du FESPACO et des artistes qui viennent dans le cadre du Festival du film de Cannes. D’ailleurs Cannes Cinéma dont des responsables ont participé au dernier FESPACO organisent au premier trimestre 2012, une journée « Cinéma Burkinabè » autour d’un metteur en scène du Burkina.

Enfin, en parallèle avec les activités du consulat, je continue à participer à de nombreux colloques portant sur les relations internationales, en Europe, en Amérique en Afrique et en Asie. Membre de l’Académie des Sciences d’Outre mer depuis 1995, je côtoie de nombreux praticiens du développement, des anciens de la France d’Outre mer et des diplomates dont une grande partie ont fait leur carrière en Afrique. Ces relations sont pour moi une source permanente d’enrichissement, car je suis de ceux qui pensent que l’on apprend toujours des anciens.

Samedi dernier, S.E. le Professeur Paré, nouvel Ambassadeur à Paris a convié les consuls du Burkina en France, au Portugal et en Espagne à une réunion à Paris. Cela a été l’occasion d’avoir un échange de vues entre collègues et de prendre des directives des autorités burkinabè, afin de mener à bien notre mission.

Le Faso.Net : A ce jour, quelles satisfactions avez-vous retiré de votre action en tant que consul ?

MASP : Voilà plus de 35 ans que je sillonne l’Afrique et que j’écris des articles et des ouvrages sur ce continent. Mon approche étant géopolitique, je me suis spécialisé dans les relations inter africaines et entre pays africains et le monde extérieur. A ce titre, j’ai été amené à évoquer les grands problèmes internationaux avec de nombreux dirigeants tant en Afrique qu’en Asie ou en Amérique.
J’ai couvert un certain nombre de situations conflictuelles sur le terrain, comme je l’ai évoqué auparavant. Grâce aux actions que j’ai menées en tant que Consul depuis huit ans, j’ai découvert ce qu’étaient les problèmes basiques des gens, leurs préoccupations quotidiennes : manger, se loger, se vêtir, s’instruire… J’ai également appris à connaitre la communauté burkinabè de France qui est très attachante et à laquelle j’essaie de rendre la vie dans l’hexagone plus facile. Je reçois beaucoup de monde au Consulat, qui est pour moi un enrichissement permanent.

Le Faso.net : Quel regard portez vous sur l’Afrique en général et sur le Burkina en particulier ?

MASP : Le Burkina est un pays grand comme la moitié de la France et peuplé d’environ 13 millions d’habitants dont une partie non négligeable en dessous du seuil de pauvreté. Mais la richesse de ce pays est son peuple, courageux, travailleur et qui n’hésite pas à s’expatrier, surtout en Afrique.
Comme nous l’avons souligné, les associations font beaucoup pour le développement du Burkina. Mon souhait est que leur action perdure dans le temps, que les jeunes générations prennent la relève et que les collectivités locales se mobilisent pour augmenter leurs projets de coopération décentralisée.

Je m’élève contre la vision misérabiliste qui continue à planer sur l’Afrique en général. Le Burkina ne vit pas que d’aides. Elles contribuent certes à son développement, mais le Burkina, c’est aussi une culture riche (le salon de l’artisanat SIAO et le festival du film le FESPACO). Toutefois, il ne faut pas se voiler la face. Même si la mondialisation est de plus en plus contestée, elle semble inéluctable. Les pays du G20 doivent s’adapter à la nouvelle donne et redoubler d’efforts pour demeurer dans le peloton de tête. Il serait irréaliste et néfaste de penser que l’Afrique pourrait y rester étrangère. Elle doit donc tout mettre en œuvre pour compter un peu plus sur ses propres forces, car la « fatigue de l’aide » se fait de plus en plus sentir. La diversification souhaitable des partenaires et l’ardeur au travail sont des éléments qui à mon sens devraient donner une impulsion au développement de l’Afrique.

L’Europe ne s’est pas faite en 50 ans, l’Afrique devra elle aussi passer par différentes étapes avant d’atteindre peut-être un jour le niveau de vie des Occidentaux. Bien modestement, le consulat du Burkina Faso de Nice essaie de développer l’image du Burkina Faso sur la Côte d’azur et de faciliter les projets entre les deux rives de la Méditerranée.

Propos recueillis par Grégoire B. BAZIE

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