« C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je reçois des compatriotes vivant hors du pays. Je salue votre grand attachement au pays et votre engagement à servir le Burkina Faso (…) Le Burkina Faso, vous le savez, n’est pas un pays nanti mais il a un peuple courageux, vaillant, intègre (…) plus le temps passe et plus nous avons besoin de nouvelles forces, de nouvelles connaissances pour nous adapter à la marche du monde. Le pays compte sur vous tous ; le Burkina Faso a besoin de vous tous ». Tels sont les premiers mots que le Président du Faso, Blaise Compaoré a adressé à ses compatriotes étudiants et stagiaires vivant en République de Chine. C’était au cours d’une rencontre le 9 octobre 2011 à l’hôtel Sheraton à Taïpei.

97 étudiants et stagiaires burkinabè sont en formation en République de Chine Taïwan. Parmi eux, 46 sont arrivés au titre de l’année académique 2010-2011. Ils sont inscrits dans diverses filières : commerce international, informatique, management, gestion, santé publique, électronique, génie mécanique, administration des affaires, relations internationales… Ils préparent essentiellement des diplômes de type PHD, Masters, bachelors, etc. Au président du Faso ces jeunes ont exprimé leurs angoisses, leurs craintes et leurs espoirs. Qu’est-ce qui est fait pour permettre aux jeunes burkinabè de bénéficier de plus de bourses taïwanaises ? Quelles sont les mesures prises pour permettre aux étudiants en fin de formation de trouver un emploi ? Quelles est la cause des mutineries dans l’armée ? La crise née de la mort de l’élève Justin Zongo est-elle définitivement résolue ? Qu’est-ce qui explique la radiation des militaires ? Etc.

A toutes ces questions, le président du Faso a trouvé des réponses qui lui ont valu parfois des applaudissements de l’assistance.
« Force doit rester à la loi », a-t-il dit pour justifier la radiation des militaires. Et d’ajouter que des mesures sont prises pour mieux éduquer les militaires afin de stabiliser la société. Pour le président du Faso, il est inadmissible que la pagaille vienne de l’armée. La crise a écorné l’image du pays et de son armée certes, mais le professionnalisme et la qualité des militaires burkinabè valent à notre armée, le respect et la considération d’institutions comme l’UA et l’ONU. Ainsi, un millier de militaires se trouve actuellement hors du pays pour des missions de maintien de la paix. Sur cette préoccupation, le ministre des Affaires étrangères, Djibrill Y. Bassolé s’est voulu également rassurant « L’accalmie va se consolider », a-t-il soutenu. Le ministre des Affaires étrangères a fait observer que les troubles ne sont pas propres au Burkina Faso. Londres, a-t-il souligné, vient d’être secouée par une crise d’une rare violence.

Adapter la formation aux besoins

Sur la question des bourses, l’ambassadeur du Burkina Faso à Taïwan, Jacques Sawadogo, a indiqué que cette année académique (2011-2012), 46 étudiants ont bénéficié de bourses taïwanaises contre 28 en 2010. Il a relevé que les TaÏwanais sont sensibles aux bonnes performances et au sérieux des étudiants burkinabè, toutes choses qui militent en faveur d’une augmentation du nombre de bourses mises à la disposition du pays. Pour sa part, le Président du Faso a invité les étudiants à bien se former mais surtout de veiller à ce que les filières choisies soient fonction des besoins du pays : « n’allez pas suivre une formation en énergie nucléaire et vous étonner de ne pas avoir du boulot au pays », a-t-il ironisé.

A ceux qui seraient également tentés par une formation en marine, le Président du Faso a rappelé que le Burkina Faso n’a qu’un port sec. Pour Blaise Compaoré, le contexte actuel de mondialisation s’impose de bien se former pour être compétitifs et mieux s’insérer dans le marché de l’emploi au plan national qu’international. « La Chine d’aujourd’hui est différente de l’empire des Ming et des King, grâce à la connaissance acquise et accumulée au fil du temps,. a dit le président burkinabè. « Nous devons nous offrir un destin de progrès à partager avec le reste du monde », a-t-il poursuivi. Il a rappelé sa foi en l’éducation et à la formation.

« Ces dernières années, nous avons investi dans l’homme, nous travaillons à développer le capital humain (…) Ces dix dernières années nous avons construit au Burkina Faso plus de salles de classe qu’en quarante ans. Plusieurs centres de formation professionnel ont également été construits avec le soutien de la République de Chine…", a-t-il précisé. Blaise Compaoré a annoncé avoir reçu un écrit d’un étudiant selon lequel à l’heure actuelle il y aurait environ 600 étudiants burkinabè à Houston aux Etats-Unis. Il est nécessaire d’acquérir des connaissances pour mieux envisager l’avenir, a soutenu le président burkinabè.

Le ministre en charge de la Jeunesse, Achille Marie Joseph Tapsoba a rappelé l’existence de structures de financement des projets. Il a également porté à la connaissance des étudiants que l’élaboration d’une base de données relatives au profil des étudiants est en cours de réalisation.

Sur le bilan de la coopération avec Taïwan, outre l’éducation, le chef de l’Etat a souligné que la République de Chine accompagne également le Burkina dans d’autres domaines tels que la santé, l’agriculture. Bientôt un domaine comme l’énergie sera pris en compte. Concernant la vie politique, le Président Compaoré a annoncé que des initiatives sont en train d’être prises et des moyens recherchés pour permettre aux Burkinabè de l’étranger de participer aux votes. « Nous allons travailler à améliorer les documents électoraux et le fichier électoral », a-t-il rassuré.

Pour terminer, Blaise Compaoré a exhorté les étudiants à toujours avoir un comportement exemplaire car chacun et chacune d’eux représentent le Burkina Faso : « Vous êtes le reflet du pays. Soyez sérieux, travailleurs, solidaires. On ne peut réussir que si l’on s’engage avec sérieux dans ce que l’on fait ».

La rencontre s’est déroulée dans une ambiance détendue. A la fin, des étudiants se sont dit très satisfaits de la vision du Président Blaise Compaoré. L’un d’entre eux s’est exprimé en ces termes : « J’ai été très impressionné par votre vision des choses. Je me suis rendu compte en vous écoutant, que vous savez non seulement d’où vous venez mais que vous savez surtout où vous voulez aller. Et j’en conclus que vous êtes une chance pour notre pays ».

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

Sidwaya