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Congrès pour la démocratie et le progrès : Valorisation de la jeunesse, simple cliché politique ?

Publié le mercredi 12 octobre 2011 à 03h46min

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La rentrée politique du Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP), parti au pouvoir qui s’est tenue les 25 et 26 septembre 2011 sous la bannière de la jeunesse n’a pas été seulement un baromètre de mesure de sa force de mobilisation. Elle a aussi été un tensiomètre….pour ce « mégaparti ».

Au lendemain d’un contexte national marqué par des troubles socio-politico-militaires qui ont éprouvé l’ensemble des Burkinabè et en premier chef le CDP, parce qu’étant aux affaires, le besoin était grand de rassurer tant ses propres militants et sympathisants que l’ensemble du peuple burkinabé que le parti reste stoïque. Cette rentrée était donc celle d’un enjeu majeur parce qu’elle se déroule également à la veille d’élections couplées dont les enjeux ne se content pas.

Cette rentrée était donc porteuse d’un message lourd. Et la grande mobilisation de cette matinée de 25 septembre 2011 a témoigné de l’importance de cet événement dans la vie de ce parti et de ses militants. Environ 3000 participants venus des 45 provinces ont pris d’assaut la cuvette de la Maison du peuple. La jeunesse était à l’honneur dans cette rentrée. Choix politique imposé par le contexte national. Une grande mobilisation qui a sonné comme un premier défi relevé par le parti. Mais la mobilisation n’était pas le seul et l’essentiel. Et l’« ambiance fade » qu’a servie la jeunesse participante dans cette salle pleine peu avant le début de la cérémonie était à retenir. Une jeunesse en quelque sorte crispée, en quête de motivation … Toute chose qui sera confirmée lorsqu’aux différents slogans du maître maison des animations du CDP, Ambroise Tapsoba, la jeunesse oppose des ‘’ânonnements’’.

L’ « infatigable » a dû se soumettre aux humeurs des jeunes. La suite, pas besoin de rappeler les faits. L’incident survenu traduit tout simplement des difficultés au sein du parti. Pas besoin d’être dans la boule de cristal. C’est une réalité à mettre au passif du parti tout entier. Le linge sale ayant été lavé en public, comme l’ont fait remarquer certains confrères, il sied maintenant de trouver la bonne parade pour résoudre les difficultés. Sinon, l’on risque de voir un CDP otage de ses propres cuisines internes. Pas seulement sur son volet jeune mais tablons volontiers sur cette couche juvénile qui était au centre de cette rentrée du parti de la daba et de l’épi du maïs.

Une difficulté bidimensionnelle

Il ne s’agit pas de regarder la partie saignante de l’ouverture laissée par le poignard mais plutôt de remonter ce qui a conduit au départ du poignard. La jeunesse n’a pas la place qu’elle souhaite. A tort ou à raison. Elle voudrait que le parti au sein duquel elle a décidé de militer ait plus d’actes conséquents envers elle. Les réactions des uns et des autres sont l’expression de cette attente de promotion qui paraît longue. Ce qui n’est pas absurde quand on sait que jeunesse rime avec dynamisme ou ‘’précipitation’’, voire impatience. Comme le dirait l’autre, la jeunesse, c’est le « hic et nunc ». C’est donc chose normale qu’elle réclame à ce que les aînés lui créent des conditions aptes à sa formation et à des perspectives reluisantes.

Cependant, en même temps qu’elle est lancée sur cette dynamique, elle ne doit pas perdre de vue qu’on vient en politique pour promouvoir ce qu’on pense offrir de meilleures à la communauté. On vient parce qu’on a des valeurs à partager et à valoriser. On n’y vient pas dans le seul but d’espérer trouver un terrain de cocailles et pour fuir les compétitions du monde socioprofessionnel auxquels tous sont soumis. Au contraire, il faut se défaire de toute idée tendant à croire que les seules valeurs qui peuvent attirer en politique sont celles qui favorisent le népotisme, qui développent le favoritisme. A écouter des responsables du CDP dire que chaque jeune militant doit compétir et mériter sa place, tant politique que professionnelle est un raisonnement noble.

Quoi que cela puisse faire mal quelque part, pourvu que cette conception soit utile. Des pays se sont livré à de telles pratiques avec des conséquences qu’on connaît aujourd’hui. Promotion à des postes politiques et stratégiques reconnus comme tels certes, mais dans le respect des mœurs politiques, publiques et des règles de compétences. Pour dire que la jeunesse aussi à une partition à jouer dans cette affaire de promotion et de formation. Elle ne doit pas être une jeunesse qui dort et attend tout à son réveil. Elle doit plutôt être une jeunesse qui cherche et qui diversifie. Une jeunesse qui compte, et ne compte que sur elle-même d’abord. Celle qui s’impose, pas forcément par son intelligence, par le résultat de son travail, mais qui a la ferme volonté de travailler. Celle qui a la volonté de franchir les obstacles qui se dressent à elle.

Celle qui a le pain et qui réclame maintenant le beurre. Bref, cette jeunesse-là doit intégrer dans ses mœurs qu’on vient dans ce milieu par vocation et par goût d’implication directe à la gestion de la chose publique. C’est donc un lieu de sacrifice de soi pour l’intérêt général. Vouloir être sous assistanat politique est dévalorisant pour elle. Elle doit de ce fait veiller à ne pas verser dans le piège de la facilité.
Dans la même optique, les partis politiques doivent traiter leur jeunesse avec plus d’objectivité, d’engagement et d’encadrement. Il faut aller au-delà des discours et des résolutions prises à son égard. C’est dire qu’au-delà des structures et organisations qui se mettent en place, il faut investir de la volonté. Volonté de rendre l’ascendeur qu’on a reçu aux jeunes.

Car à observer les organisations de façon générale, il y a une rupture entre les générations. Les bagages politiques reçus ne sont pas transmis aux plus jeunes. C’est comme si tout doit s’arrêter lorsque ceux qui sont aux commandes n’y seront plus. Ce qui n’est pas de sorte à rendre service auxdites organisations et partant à la société entière qui seront de ce fait livrées à des dirigeants insuffisamment aguerris. Le CDP qui a donc l’avantage de sa position actuelle doit travailler davantage de sorte à éviter que sa jeunesse ait l’allure que sa place se trouve plutôt dans les oubliettes. Ce « mégaparti » a donc du boulot à faire s’il ne veut pas baisser ses fanions devant l’histoire. S’il veut également éviter que sa jeunesse rejoigne d’autres partis politiques, pas parce qu’elle croie à leur idéologie mais tout simplement parce qu’elle désespère pouvoir un jour atteindre ses objectifs.

Ce que la jeunesse demande n’est pas de la mer à boire : encadrements technique et surtout politique. Elle a soif de se retrouver, d’avoir conscience que sa préoccupation est écoutée et surtout entendue. Elle n’attend de ses aînés politiques qu’ils lui procurent les moyens d’assurer elle-même son existence pour mieux envisager le futur. N’est-ce pas d’ailleurs l’expression tant aimée au sein de ce parti : « Une jeunesse techniquement compétente et politiquement consciente ». Une conception qui semble être, aux yeux de la jeunesse ‘’CDPiste’’, un simple cliché politique de mobilisation. Le CDP a donc intérêt à recadrer la gestion de sa jeunesse (même de ses cadres) et osons espérer que les nouveaux engagements pris, après diagnostic de la situation, connaîtront un meilleur sort. Ce qui tranchera avec cette politique sans passerelle entre générations en passe de devenir une marque déposée au sein de nombres d’organisations politiques, syndicales, etc.

Kader PALENFO

Le Progrès

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