Quant à la vie économique, elle peut reprendre son cours normal sur l’ensemble du territoire ivoirien en ce sens que les échanges économiques entre le Nord et le Sud du pays, sérieusement affectés par la crise, retrouvent un climat propice. De même, les impôts et autres taxes collectés au Nord devraient désormais revenir dans les caisses de l’Etat uni.

Cette restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du pays qui a été l’une des pierres d’achoppement dans la mise en œuvre de l’Accord de Ouagadougou, a enfin trouvé un climat propice à sa réalisation avec le ralliement des Forces nouvelles à Alassane Ouattara et avec l’accession de celui-ci au pouvoir. C’est Guillaume Soro et ses hommes qui détenaient la clé de la réunification de la Côte d’Ivoire. On était arrivé à un stade où eux seuls savaient comment procéder au démantèlement de leurs bases avec succès. Ne dit-on d’ailleurs pas chez les Mossé que « c’est le bossu qui connaît le meilleur emplacement pour reposer sa bosse » ? Soro, en chef des Forces nouvelles, est vraiment mieux placé que quiconque pour orchestrer ce démantèlement des derniers bastions de l’ex-rébellion. De par le passé, la méfiance entre le camp Gbagbo et les Forces nouvelles n’a pas été de nature à faire avancer positivement les choses.

A présent, la confiance entre les nouvelles autorités ivoiriennes dont font partie les Forces nouvelles, facilite ce retour à la normale. Maintenant qu’ils sont en odeur de sainteté avec leurs partenaires au pouvoir, Soro et ses hommes n’avaient plus de raison valable de maintenir le pays dans cette partition de fait. C’est donc tout logiquement qu’on assiste à cette réunification. C’était d’ailleurs un préalable à la réconciliation nationale tant prônée par le nouveau régime et qui ne saurait avoir de sens dans un pays séparé en deux. Reste à œuvrer pour que cette restauration de l’autorité de l’Etat ne soit pas un simple discours. Il faut que ceux des ex-combattants qui ont pris l’habitude de vivre de biens publics dont ils ont pris possession en toute illégalité, de rapines et autres comportements de spoliation des populations, cessent et se reconvertissent avec succès, qu’ils travaillent à gagner dignement leur vie.

Il faut que des agissements comme les rackets et autres formes de violence sur les populations cessent effectivement. Ce n’est pas un combat gagné d’avance. « L’habitude est une seconde nature », a-t-on coutume de dire. Il faudra donc que les nouvelles autorités trouvent les voies et moyens d’endiguer toute velléité, de certains ex-rebelles, de maintenir les habitudes de vie pas toujours recommandables, acquises depuis 2002, ou de se transformer en délinquants au grand dam des populations. Comme le phénix, « la Côte d’Ivoire de paix » renaît petit à petit de ses cendres. Le chemin est long et les chantiers immenses. Mais tout porte à croire que l’Eléphant d’Afrique va dans la bonne direction.

Il importe, maintenant plus que jamais, que chaque Ivoirien apporte sa contribution pour le retour définitif de la fraternité, de la concorde en Eburnie. En tout cas, en ces premières heures de la réunification de leur pays, les Ivoiriens, toutes tendances confondues, doivent se donner la main. Comme on s’en souvient, tout est parti du sentiment des populations du Nord d’avoir été exclues des sphères de décision du pays avec ce ver rongeur de l’ « ivoirité » en toile de fond. La moindre des sagesses serait donc de travailler à proscrire à jamais ces exclusions nocives à plus d’un titre.

« Le Pays »