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Editorial de Sidwaya : Une démocratie idéale ?

Publié le lundi 3 octobre 2011 à 03h23min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

La traditionnelle rentrée judiciaire invite cette année, à réfléchir sur « les missions de l’institution judiciaire dans le renforcement de l’Etat de droit ». Belle opportunité pour se pencher consciencieusement, sur la question du rapport de « l’Etat de droit et la démocratie ». Loin des « clochers », auxquels il arrive de mener une réflexion unilatérale, ne faut-il pas pour les Burkinabè d’aujourd’hui et de demain, de s’interroger sur les avancées palpables et les limites visibles de notre Etat de droit ? Quelles sont les difficultés à vaincre pour faire de la démocratie burkinabè, une réalité à 100% ?

L’Etat, c’est-à-dire nous Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur, ne doit-il pas entrer de façon décidée, dans un processus d’auto-transformation engageante et exigeante devant l’approfondissement, l’indépendance et l’impartialité de la justice ?

D’abord, convenons ensemble qu’un Etat de droit est un Etat droit ; qu’il est garant de la sécurité, de la justice et du bien-être de la veuve et de l’orphelin. Le Pape Léon XII a dit que « la politique est le domaine de la plus vaste charité ». Dans le contexte burkinabè, un Etat/providence serait un Etat qui se respecte. Car, celui qui dort à jeun, à la belle étoile, rongé de gale et de lèpre, devrait bien être citoyen d’un Etat de droit, mais cet Etat, à notre sens, n’est pas droit. Les nombreuses et orageuses manifestations sociales qu’a connues, en 2011, le Burkina Faso, rappellent à tout gouvernant, ce devoir de droiture, concept en lequel se rencontrent très intimement le droit et la morale.

Dans le cadre d’un Etat de droit, un Etat de droit inquiet, inquiet par crainte de n’être pas, à tout moment, conforme à ce qu’il doit être, il y a entre droit et devoir des hiatus qui peuvent s’observer. Cela se constate dans les vieilles nations qui, bien qu’inquiètes, managent pour ne pas s’effondrer sur leurs bases.

Dans nos contrées, l’une des expressions en vogue est le rajeunissement du personnel de l’Etat et des partis politiques.
Certes, la distribution équitable des postes est une chose importante, mais elle n’est pas déterminante pour l’enracinement de la démocratie. L’œuvre de transformation des notions d’Etat, de parti politique, de tout le corps social ne se fait pas par décret, mais par conquêtes successives, jusqu’au jour où l’ensemble du corps social ou politique se convainquera de faire la politique autrement.
Existe-t-il une loi qui empêche un parti politique de remplir les urnes avec les voix d’un électorat ignorant ? Existe-t-il une loi, dans nos sociétés libérales, à même d’empêcher de subvertir, voire pervertir une telle communauté villageoise ou citadine, en vue d’obtenir un bénéfice politique ?

L’élu, le chef issu d’une telle réglementation n’est-il pas légal ? Ce qu’il lui en reste de conquérir, si besoin, est la légitimité qui sied. Ce sont là les fondements de l’Etat de droit. Quitte à ceux qui le contestent de se demander de quel droit s’agit-il ?
La division des pouvoirs dans un Etat de droit démocratique de type libéral mérite d’être clarifié auprès de beaucoup de concitoyens Il n’est pas besoin d’être un intellectuel de haute volée pour comprendre qu’il faut faire avec l’héritage, certes gênant de la démocratie libérale. En effet, il est normal qu’une fois le parti vainqueur reconnu, celui-ci se saisisse des trois pouvoirs : l’éxécutif, le législatif et le judiciaire.
Quoi de plus normal, est-on tenté de dire ?

Le maître de l’exécutif est aussi le maître du judiciaire et amadoue le parlement. C’est à se demander où se trouve la division des pouvoirs ? Les chantres de la démocratie à tout vent seront peut-être déçus, mais ils devront reconnaître que c’est la formule démocratique « la moins pire ».

Illustration : A, élu président de la république avec 51% des voix cède le pouvoir judiciaire à son challenger qui a totalisé 49% des voix. Qui gouvernerait alors ce pays ? Depuis John Locke, les siècles d’expérience de démocratie ont que celle-ci-(la démocratie) n’est pas science et rationalité, elle fait aussi appel à des arrangements avec lesquels nous devrions apprendre à nous arranger dans la sagesse

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 3 octobre 2011 à 14:07 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Une démocratie idéale ?

    Il y a qu’une seule difficulté à vaincre pour voir l’ébauche d’une semblant de démocratie au BF.Elle s’appelle la JUSTICE.Tout part de la justice et revient à la justice sinon on peut continuer à gesticuler,le combat sera vain et je vais donner quelques exemples
    Respecter notre constitution,c’est preuve de justice car il ne s’agit pas de la tripatouiller selon le bon vouloir du prince
    L’égalité des chances,c’est faire preuve de justice
    Oser s’attaquer aux gros pilleurs,aux corrompus de nos ressources,c’est preuve de justice au lieu de se contenter seulement sur les quelques petits voleurs de poulets

    ETC....ETC...
    Sinon chercher à tromper le peuple en faisant croire qu’un pseudo CCRP contribuerait à faire du Faso un pays démocrate,c’est faire fausse route.C’est une manière de permettre toujours aux memes qui sont aux affaires depuis plus de 24 ans et qui,leur clan n’ont rien qui vont dans le bon sens,à spolier,à affamer davantage le peuple.
    On veut une justice vraiment libre et indépendante

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