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Veuve d’Habyarimana : Fin d’une hantise en terre hexagonale

Publié le vendredi 30 septembre 2011 à 00h34min

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L’attentat contre l’avion transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Justin Ntarymira le 6 avril 1994 a été l’élément déclencheur du génocide rwandais, qui a fait 800 000 morts selon l’ONU. La veuve Agathe Habyarimana, qui s’est installée depuis en France, est présentée comme membre de l’"akazu", le premier cercle du pouvoir qui a perpétré ce crime des crimes. C’est pourquoi elle fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis en octobre 2009 par les autorités rwandaises pour "génocide" et "crime contre l’humanité".

Les autorités françaises, qui n’étaient pas sûres que leur hôte encombrante bénéficie d’un procès équitable ne voulaient en aucun cas la jeter en pâture, ce qui a eu pour inconvénient de crisper davantage les relations entre Paris et Kigali. En effet, le premier est toujours accusé par le second d’avoir laissé faire les génocidaires et, pire, de les avoir protégés.

Ce qui a eu pour conséquence le basculement du pays des radios mille collines dans le giron anglais.

La patrie du général de Gaulle, patrie des droits de l’Homme, était dans une totale expectative en soufflant le chaud et le froid. Mais depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, la priorité est au réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays pour un mariage de raison, dans un partenariat gagnant-gagnant. En effet, il n’est un secret pour personne que la France a besoin du Rwanda pour s’affirmer dans la région des Grands Lacs alors que le Rwanda ne saurait se passer de la France pour sa stabilité, surtout le mapping report publié au cours de l’année 2010 qui évoque la "possibilité d’un génocide" dans les camps de réfugiés hutu en République démocratique du camp entre 1996 et 2003.

La brève arrestation de la veuve Agathe par la justice française en 2010, quelques jours seulement après une visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda, pourrait s’inscrire dans cette dynamique. En tout cas ils sont nombreux, les observateurs politiques de cette sous-région à penser que Kigali n’est pas totalement étranger à cette situation. Et à vrai dire, Kagamé ne serait vraiment pas mécontent de voir jeter dans ses géôles (après une parodie de procès) la veuve de son prédécesseur hutu, Juvénal.

On sait que l’homme mince de Kigali a rendu visite à son homologue à Paris le 11 septembre dernier. En observant ces petits pas de la réconciliation entre les deux Etats, on craignait fort que la veuve en soit le mouton sacrificiel.

Mais la justice française vient de décider du contraire en rejetant, il y a 72 heures, la demande de son extradition. C’est la preuve, si besoin était, que le pouvoir judiciaire est indépendant de l’Exécutif dans ce pays contrairement aux Républiques du "Gondwana", pour parler comme le très populaire Nigérien Mahmane de RFI, qui dépeint une Afrique ou du moins un pays au sud du Sahara où le président et les richissimes proches du pouvoir ont la justice à leurs pieds. Déjà, on peut penser que la veuve d’Habyarimana n’a pas boudé son plaisir, elle qui a déclaré : "Je suis soulagée, j’ai toujours fait confiance à la justice française". Désormais elle ne vivra plus dans la hantise d’être expulsée de France.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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