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Politique et jeunesse : Vite, du sang neuf au CDP

Publié le vendredi 30 septembre 2011 à 00h36min

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L’événement de l’année politique 2011-2012 sera incontestablement les élections couplées législatives-municipales qui se profilent à l’horizon. Les partis et formations politiques affûtent leurs armes. Et c’est peu de dire que tous les moyens sont bons pour séduire un électorat globalement désenchanté et qui l’a clairement exprimé à la dernière présidentielle.

En plus d’avoir été échaudé par la faible participation des Burkinabè au scrutin du 21 novembre 2010, le giga-parti au pouvoir craint désormais la sanction des jeunes gens qui ont violemment manifesté leur ras-le-bol lors de la crise sociale et militaire qui a secoué le pays au début de l’année. Il faut donc séduire la jeunesse avant qu’elle ne succombe définitivement aux sirènes de ceux qui l’incitent à pousser le CDP et son champion dehors.

Aussi, en plaçant sa rentrée politique sous le signe d’une « jeunesse citoyenne et responsable pour un Burkina émergent », Roczilla et ses camarades semblent avoir tiré leçon des manifestations, parfois très violentes, dont les stigmates sont encore béants. Mieux, en liant les dérives incendiaires des jeunes à un déficit de civisme et de responsabilité, le bureau politique du CDP a mis le doigt sur la plaie. Du moins, il a théoriquement établi le diagnostic du malaise, voire du mal, qui ronge une certaine jeunesse burkinabè et qui justifierait « l’intifada » que le pays avait connu. Mais suffit-il de comprendre le mal pour y remédier ?

Difficile de croire que le giga-parti au pouvoir a pris toute la mesure de l’équation d’une jeunesse à responsabiliser. En effet, si les responsables étaient prompts à donner un peu de leur temps devant les caméras qui ont couvert la rentrée politique dimanche dernier à Ouagadougou, il est peu probable qu’ils soient aussi prompts à se saigner pour que les jeunes soient véritablement responsabilisés à la hauteur de leur importance (numérique, et donc politique). Combien sont-ils, aujourd’hui, les responsables du parti qui veulent laisser leur place aux nouvelles générations ? Très peu.

C’est un secret de Polichinelle d’affirmer que la moyenne d’âge des dirigeants du parti est largement au-dessus de celle de l’écrasante majorité de ces jeunes qu’ils courtisent tant. Une situation qui montre que la fameuse politique de promotion de la jeunesse demeure largement au niveau du discours, plus de la parole que des actes. Car, si l’on peut encore admettre que le ministre en charge des questions de jeunesse soit un cinquantenaire, il est tout de même inadmissible que la même incongruité se retrouve au niveau du bureau politique national où le secrétaire à la jeunesse ne joue pas dans la même ligue que les jeunes qu’il est supposé gérer.

Et pourtant, le parti ne manque pas de jeunes trentenaires ou encore de quadragénaires, de jeunes loups aux dents bien longues et aux talents bien aiguisés. Aussi longtemps qu’on ne leur donnera pas la place qu’ils méritent, il sera bien difficile de les convaincre qu’ils sont des acteurs au même titre que tous ces vieux briscards qui s’accrochent à leurs postes depuis plus de deux décennies maintenant. Disons-le net, la responsabilisation des jeunes - comme celle des femmes - passe nécessairement par leur promotion aux instances de fabrication et d’exécution des décisions qui les concernent au premier plan. Autrement, les jeunes auront toujours l’impression d’être de simples marchepieds et qu’on a juste besoin d’eux pour grossir le bétail électoral ou pour se faire valoir comme « parti de jeunes ».

Le tout n’est donc pas de vouloir une « jeunesse citoyenne et responsable », mais de prouver en paroles et surtout en actes que les jeunes du CDP et d’autres organisations politiques et de la société civile ont des talents et des compétences à mettre au service de la cité et que le giga-parti n’a aucune peur de mettre les jeunes qu’il faut à la place qu’il faut. C’est connu, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Elle est révolue, l’époque où les barons prétendaient penser et agir pour les jeunes.

« On ne peut pas mettre du vin nouveau dans de vieilles outres ». Cela est d’autant plus pertinent pour le CDP que la jeunesse qui est l’objet d’une opération de charme à cette rentrée politique 2011-2012 est cruellement introuvable aussi bien dans les instances de décision du parti, dans le gouvernement et autour du président du Faso. Ceci explique pourquoi le régime met beaucoup de temps à répondre à des aspirations, très souvent légitimes, d’une jeunesse qui veut non seulement avoir droit aux fameux « fruits de la croissance », mais aussi et surtout apporter librement et sans manipulation ni subordination sa modeste contribution à l’édification de la nation.

Ce que le giga-parti au pouvoir doit montrer, c’est moins un show médiatique de responsables qui donnent quelques centilitres de leur sang, mais des barons qui acceptent de faire de la place à la jeunesse. Du sang neuf, voilà ce qu’il faut pour que le CDP soit plus en phase avec le thème de sa rentrée politique.

F. Quophy

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 30 septembre 2011 à 10:50, par un frère En réponse à : Politique et jeunesse : Vite, du sang neuf au CDP

    Bel article,
    Merci Mr F. Quophy
    J’espère que les responsables du CDP et des partis d’oppositions s’engageront définitivement dans cette voie.
    De grâce arrêtons de faire le culte de l’individu unique, indispensable et irremplaçable , car si de tel individus existaient le monde courrait inéluctablement vers sa perte , parce que nous sommes simplement mortel.

    Pour un Burkina meilleur nous nous battrons

    • Le 2 octobre 2011 à 17:10, par Yahya d guen En réponse à : Politique et jeunesse : Vite, du sang neuf au CDP

      }Bien dit, cependant il faut reconnaitre qu’on pietine toujours sur la voie de la démocraticie,le fameux article 37 de la constitution doit ètre modifié.

  • Le 30 septembre 2011 à 11:53, par Line En réponse à : Politique et jeunesse : Vite, du sang neuf au CDP

    "Disons-le net, la responsabilisation des jeunes - comme celle des femmes - passe nécessairement par leur promotion aux instances de fabrication et d’exécution des décisions qui les concernent au premier plan."

    Vous avez tout dit. Certains partis l’ont vite compris et font de plus en plus la promotion de leurs jeunes cadres.
    Mais disons aussi que nous devons allez au delà des mots et faire confiance à cette jeunesse qui ne demande qu’à faire valoir ses compétences. Il faudra que nous jeunes aussi prenons notre responsabilités, nous battons pour mériter nos places. Personnes ne viendra nous faire à notre place, pas les politiciens véreux de ce pays...
    Mais hélas combien de jeunes le comprennent ??

  • Le 1er octobre 2011 à 14:38, par un burkinabé indigné En réponse à : Politique et jeunesse : Vite, du sang neuf au CDP

    le CDP n’est pas un parti d’avenir. Sa mue sera difficile aux vues des intérêts individuels que chaque dignitaire defend. Regardez les partis politiques en CI y compris le FPI, les jeunes sont representés par des jeunes aux instances du parti. Au BF, on ne voit aucun jeune en dehors des fora de mobilisation à but électoraliste. L’opposition doit saisir la balle lancée par la jeunesse en quète de changement et deçue des politiques qui ne tiennent pas compte de leurs préoccupations.

    L’espoir est permis et le changement est indéniable qu’on le veuille ou pas. La marchine est en marche et rien ne pourra l’arreter. Les vieilles souris s’ils sont intélligentes vont se preparer à quitter le navire à temps avant le nauvrage. Mais comme ils sont aveugler par le profit, ils n’entendront rien des conseils.On va pas les rater.

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