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Social : Gorges chaudes et sueurs froides

Publié le vendredi 30 septembre 2011 à 00h36min

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Le gouvernement burkinabè a du souci à se faire. Les jours à venir s’annoncent effectivement sous de mauvais, à tout le moins de difficiles auspices. Lucky Luc devra dépenser plus d’énergie et déployer davantage d’imagination pour faire face à ce qui menace d’être une catastrophe sociale pour le Faso, qui n’a pas encore fini de panser ses plaies.

Alors que la rentrée scolaire et académique promet des étincelles avec les multiples revendications des partenaires sociaux, la saison des pluies, elle, fait grise mine et ne promet rien de rassurant pour les laborieuses populations. Les poches de sécheresse dans la quasi-totalité de régions de notre pays vont très certainement compromettre les récoltes. Le ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique est à la manœuvre depuis le début de la saison pluvieuse, mais la tâche est ardue car dame nature semble lui avoir tourné le dos.

Le salut du Faso viendra-t-il des cultures de contre-saison ? Pas si sûr, car, là encore, les obstacles ne manquent pas.
La mayonnaise tarde à prendre. Les efforts du gouvernement en la matière ne semblent pas suivis d’effet. En dépit de ces nombreuses sorties sur le terrain, les responsables de l’Agriculture n’ont pas encore trouvé la solution magique pour permettre l’adhésion des producteurs à cette nouvelle méthode de production. L’opération Saaga, sur laquelle reposaient les espoirs pour combler l’absence de pluies naturelles, n’a apparemment pas bien marché cette année. Les dernières tournées sur le terrain du chef du gouvernement confirment bien que ça va mal dans la campagne burkinabè. Le gouvernement a d’ores et déjà engagé quelques actions pour éviter le pire, mais il ne fait pas de doute qu’il en faut.

En effet, l’insécurité alimentaire qui pointe à l’horizon ne fera qu’ajouter à la galère déjà dure des populations. L’amère expérience de la vie chère pousse à l’inquiétude, puisque tout démontre que le pouvoir ne maîtrise pratiquement plus rien en dehors de ses discours optimistes servis à longueur de journée mais qui n’ont pas d’impacts réels sur le panier de la ménagère. Certes, le Conseil des ministres a pris à bras-le-corps la question en donnant dès la fin septembre des instructions fermes à tous les départements ministériels impliqués dans la gestion de la crise alimentaire, mais la solution réelle reste encore à trouver. Des stocks de sécurité devraient bientôt être constitués.

De cela, personne ne doute, car, avec l’habitude, le Burkina a une maîtrise de ce type d’actions. Mais il est tout aussi certain que les prix des denrées de première nécessité vont flamber très tôt et trop haut. En outre, les personnes nécessiteuses se retrouveront encore abandonnées à leur sort, car les critères de sélection des bénéficiaires sont biaisés par des considérations politiques. Or, le Faso sera dans une période d’effervescence politique en 2012 avec les élections couplées (municipales et législatives). Dure, dure sera donc la période de soudure, surtout que le gouvernement risque de ne pas avoir l’esprit dégagé pour concentrer ses efforts sur la recherche de solutions à la sécurité alimentaire.

En effet, la rentrée des classes est à l’horizon, et avec elle, trop souvent, des bras de fer entre syndicats et gouvernement. Les autorités retiennent leur souffle et espèrent que le silence apparent des acteurs sociaux de l’éducation n’annonce pas le calme avant la tempête. Les remous liés au système LMD et les autres réformes du système éducatif peuvent effectivement conduire à des troubles dans le déroulement des cours. L’amère expérience de l’année dernière ayant démontré que les crises dans les lycées et les universités doivent être prises au sérieux et traitées comme telles, le gouvernement de Lucky Luc a déjà des sueurs froides.

Journal du Jeudi

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