A travers le Burkina, plus d’une vingtaine de sièges du parti au pouvoir ont été brûlés. Et il n’est point besoin d’être un spécialiste de sciences politiques pour expliquer cette colère des jeunes mais surtout d’une frange importante de la population. Depuis 20 ans, ce sont les mêmes qui dirigent. Depuis ce temps, ceux qui ont géré l’ODP/MT et créé le CDP contrôlent les 3 mamelles du pouvoir d’Etat. Par le biais de la politisation à outrance de l’administration, ce sont les mêmes qui ont dirigé les grandes sociétés d’Etat, ce qui n’a pas été souvent sans conséquence sur le développement de certains secteurs d’activités. Alors, après une crise aussi profonde, peut-on faire comme si rien ne s’était passé ?

Si le gouvernement a fait récemment sa mue, ce n’est pas le cas du CDP où rien ne semble bouger. La jeunesse qui revendique sa place au sommet, attend encore que l’alternance soit une réalité au sein de ce parti. Car, il a souvent donné l’impression qu’il est grippé, que son fonctionnement est « constipé » et que de nombreuses personnes, cadres ou pas, étouffent visiblement parce qu’elles sont avides de changement. On peut donc féliciter le CDP s’il a vraiment choisi de se remettre en cause. En effet, les signes du temps sont on ne peut plus clairs ; il faut de l’oxygène à ce parti pour ouvrir la voie à une nouvelle dynamique.

Il est vrai que la situation est semblable à celle des autres partis politiques où souvent le manque de démocratie et l’absence de promotion des élites pousse les plus jeunes à aller créer d’autres regroupements. Mais, le CDP a une responsabilité historique que l’on ne peut nier parce qu’il gère le pouvoir d’Etat. Ce parti a donc l’obligation de donner l’exemple et à dépasser les discours pour aller aux actes concrets. Les passes d’armes lors de la rentrée politique ne sont-elles pas d’ailleurs la preuve que des pratiques réfractaires au changement ont la peau dure ? Ceux qui réclament un congrès extraordinaire aujourd’hui veulent que le CDP tourne dos à l’immobilisme qui l’a si longtemps caractérisé et que par ce fait, cela ait un impact sur la gouvernance de façon globale. Peut-être que la jeunesse, qui a été à l’origine de la crise, sera cette fois-ci le fer de lance de cette dynamique.

SIDZABDA

Le Pays