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Le piège de la loterie agricole

Publié le lundi 26 septembre 2011 à 01h06min

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C’est un secret de polichinelle de dire que des incertitudes planent sur l’issue de la campagne agricole. Une situation qui alimente, bien entendu, la peur des producteurs et préoccupe les politiques. Le Premier ministre en personne n’a-t-il pas tenté de rassurer des paysans inquiets au cours de sa dernière tournée agricole dans le Nord et le Sahel.

D’une saison à l’autre, les campagnes se suivent, mais ne se ressemblent, manifestement, pas. Tel un refrain, à chaque fois qu’il y a un manque de pluies, le monde agricole en tremble. Il faut dire que la loterie agricole qui consiste à semer, puis à attendre qu’il pleuve est dépassée. Cela met l’agriculture de nos Etats dans la posture des jeux de poker : ou ça passe ou ça casse. Malheureusement, quand ça casse, les conséquences sont souvent dramatiques pour les économies fragiles et fortement dépendantes de bonnes récoltes.

Avec les changements climatiques et leurs répercussions désastreuses sur les systèmes de production, il faudra opérer des choix audacieux d’investissement. C’est une véritable révolution qu’il faille conduire. La variabilité climatique, les caprices de Dame nature de plus en plus imprévisibles et récurrentes commandent aux décideurs de ne plus lésiner sur les moyens pour changer les modes de production agricoles. Il faut construire et mettre en œuvre dès maintenant, pour ce secteur, des processus d’adaptation et d’atténuation des effets pervers de l’évolution du climat.

Ce qui se passe dans la Corne de l’Afrique où plusieurs millions de personnes meurent de faim, doit interpeller au plus haut niveau sur l’urgence à agir pour aligner l’agriculture burkinabè à la hauteur des défis de son temps. Avec une population majoritairement rurale (plus de 80 %), le Burkina Faso ne peut pas se permettre d’ignorer le spectre des implications à venir et possibles des changements dans l’agriculture. Des semis à bout de souffle, à cause d’un manque d’eau, des campagnes agricoles, au goût amer, inachevées, des phénomènes météorologiques extrêmes, récurrents (sécheresses, inondations, vagues de chaleur...)... voici des scenarii, à en croire les scientifiques auxquels le Sahel sera confronté, si rien n’est fait.

Accentuer la politique de la culture de contre-saison qui a fini de convaincre plus d’un sceptique sur sa pertinence paraît plus que jamais d’actualité. En effet, la construction tous azimuts, de petits barrages a eu pour répercussion une permanence sur le marché de certains produits céréaliers comme le maïs frais, les fruits et légumes (tomates, oignons...).

Mais aujourd’hui encore, cet effort, certe louable, ne suffit plus. Il faut aller au-delà, pour qu’enfin le Burkina Faso atteigne la sécurité alimentaire, grâce à sa propre production. Dans cette veine, il serait judicieux d’investir davantage dans l’irrigation et surtout, la mobilisation et la maîtrise des ressources en eau. D’autant plus que la communauté scientifique se convainc que les modifications futures du climat se feront, au détriment de l’agriculture traditionnelle et vivrière, trop tributaire des aléas climatiques. C’est de ce piège qui compromet pour une pluie en moins ou en trop les campagnes agricoles, que le pays doit se sortir.

Saturnin N. COULIBALY

Sidwaya

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