LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Autant le dire… : Pourquoi nos rues sont-elles si dégradées ?

Publié le mercredi 21 septembre 2011 à 02h31min

PARTAGER :                          

Le débat est houleux et fait rage. Et les Bobolais ne manquent pas du tout l’occasion de l’évoquer. Bobo-Dioulasso n’a pas de voirie digne de son rang. Tout le monde est unanime sur la question. Mais la question qu’on se pose peu, c’est celle de savoir pourquoi c’est comme cela ? Nous sommes tous responsables. Et les faits sont là. En février 2008 il y a eu ce qu’on a appelé un peu partout les émeutes de la vie chère. Bobo-Dioulasso en avait été particulièrement éprouvée. Des édifices publics ont été saccages et pillés.

Des feux tricolores cassés et arrachés. Le bitume sur lequel des pneus ont été incendiés en avait pris un grand coup. Au sortir de ces manifestations, le bilan des dégâts était lourd, suffisamment lourd. A titre d’exemple, toute la ville ne comportait pas plus de trois feux tricolores qui ont échappé parce qu’ils sont placés devant le camp militaire. Au sortir de ces manifestations, le bitume au centre ville qui n’était déjà pas assez bon parce que assez vieux (ces rues ont été bitumées juste après les indépendances et même avant) s’est dégradé assez rapidement. L’Etat qui devait aider la commune à trouver des solutions, s’est beaucoup plus préoccupé de résoudre la question de la faim.

Puisque c’était des émeutes de la faim. De son côté, la commune qui n’avait pas un Budget conséquent devrait faire face à toutes ces questions à la fois. Respecter son programme d’investissement pour l’année, en même temps inscrire ces nouvelles préoccupations au centre des actions majeures à réaliser. Très difficilement, Bobo-Dioulasso a retrouvé des feux tricolores avec le soutien de partenaires extérieurs (un feu tricolore dans un carrefour coûte environ 12 millions de F CFA). Refaire du bitume, c’est hors de portée d’un Budget communal. Même celui de Bobo-Dioulasso. Un kilomètre de goudron bituminé avec assainissement et éclairage coûte environ 500 millions de F CFA).

Et c’est ce type de goudron qu’il faut à la ville de Bobo-Dioulasso. Malgré tout, la commune s’est engagée à refaire certaines voies de circulation. C’est ainsi que l’avenue de la Nation (place Tiéfo Amoro-place de la Nation) et l’avenue (place Tiéfo Amoro-place du Paysan) ont été refaites en deux voies. Un kilomètre de ce type de voie coûte entre 750 à 800 millions de F CFA. C’est également dans ce même cadre que l’avenue Sakidi Sanou (place de la mairie au boulevard Félix Eboué) a été refaite ; mais en une voie. Ce qui est bien, mais ce n’est pas arrivé.

Puis vint le cinquantenaire. La mairie s’est empressée de réaliser des études sur plus de 50 kilomètres de rue en pensant qu’elle allait avoir l’appui de l’Etat. C’est seulement une douzaine de kilomètres qui ont été bitumés. Pire, les travaux d’assainissement collectif menés par l’Office national de l’eau et de l’assainissement sont venus tout gâter. La grande partie des goudrons au centre-ville ont été éventrés. Alors qu’on croyait qu’ils allaient être repris, les entreprises adjudicataires des marchés ont tout simplement rangé leurs outils à la fin des travaux. Laissant un réseau routier des plus dégradés. Aujourd’hui, la mairie se retrouve seule à faire face à cette question. L’Etat qui devrait pouvoir l’aider, se retrouve lui aussi à gérer la crise née des événements de Koudougou. Avec son lot d’imprévus pratiquement à tous les niveaux. Pendant ce temps, les Bobolais circulent dans la boue. Et se plaignent.

En effet, il est évident que si les rues de la ville étaient belles comme on le voudrait, le premier bénéficiaire et le plus heureux serait la mairie de la commune. Malheureusement, assaillie par les nombreuses préoccupations de la ville et des autres trente-six villages qui lui sont rattachés, elle n’y peut rien. En tout cas, pas pour l’instant. N’est-ce pas ce qui explique le rafistolage de certaines voies quand elle le peut ? Dans tous les cas, sans l’accompagnement de l’Etat, elle ne peut bénéficier de financements à la hauteur de ceux qu’il faut aujourd’hui pour reprendre nos rues. En attendant, on attend.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?