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Exploitation minière au Faso : Y aura-t-il un après Pelegtanga ?

Publié le mercredi 21 septembre 2011 à 02h31min

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Au sortir du point de presse du gouvernement de ce lundi, l’on en sait davantage sur la version des autorités de ce qui s’est passé le 14 septembre 2011 à Pelegtanga, où des installations de la société minière Pinsapo Gold ont été saccagées et incendiées par des populations locales. Tout serait parti, selon le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, Salif L. Kaboré, du fait de deux instigateurs qui auraient fait croire aux villageois que le cyanure utilisé dans le site minier ferait exploser leur localité ; et ce qui devait arriver, arriva, comme dirait l’autre.

Mais, qu’on se le dise, l’événement est on ne peut plus grave pour que l’on y revienne, ne serait-ce que pour tirer tous les enseignements possibles en vue d’un meilleur rayonnement du secteur minier burkinabè. Et le fait même que le gouvernement a tenu à l’inscrire dans l’ordre du jour de sa traditionnelle rencontre avec les médias en dit suffisamment long sur sa gravité. Pas seulement pour les responsables du sinistre qui pourraient à en croire le patron des mines subir toute la rigueur de la loi ou pour l’entreprise Pinsapo Gold qui a vu, impuissante, ses investissements de quelques milliards partir en fumée. Il est vrai, et le ministre Kaboré l’a à juste titre souligné, l’on ne déplore, fort heureusement, pas de pertes en vies humaines.

Mais, à vrai dire, ce qui s’est passé à Pelegtanga ce 14 septembre, au-delà de la mise en mal de l’autorité de l’Etat, pose la question de l’avenir de l’exploitation minière burkinabè, devenue depuis quelques années maintenant la première pourvoyeuse de devises du pays.

Ce n’est un secret pour personne, les investisseurs miniers ont besoin d’un environnement sécurisé où ils peuvent agir sereinement. Avec l’événement de Pelegtanga l’on ne peut pas dire que la sérénité soit la chose la mieux partagée dans les rangs des compagnies minières évoluant sur le sol burkinabè. Ce d’autant plus que certaines d’entre elles sont loin d’être en parfaite harmonie avec les populations riveraines de leurs sites. Ces populations attendent toujours que les sociétés tiennent leurs promesses de réalisations socioéconomiques.

Donc, si l’argument des habitants de Pelegtanga, à savoir le non respect des engagements d’une société minière (ici Pinsapo Gold) et les risques écologiques liés à l’utilisation du cyanure, n’est pas nouveau ; il vient rappeler une réalité qui jusque-là n’avait pas donné lieu à autant d’escalade de violence. Maintenant que le rubicon est franchi du côté de Pelegtanga, l’on peut se poser des questions. Que va être la réaction des populations riveraines des autres sites miniers confrontées aux mêmes difficultés ? Y’aura-t-il un après Pelegtanga ?

En cela, la gestion de l’affaire Pelegtanga va être on ne peut plus déterminante. Et la vraie et durable solution ne devrait pas seulement se cantonner à faire subir la rigueur de la loi aux auteurs du vandalisme du 14 septembre, mais aussi et surtout consister à ôter pareils arguments aux éventuels fauteurs de troubles dans les autres sites d’exploitation minière en faisant de sorte que les compagnies dans une démarche préventive tiennent effectivement leurs engagements vis-à-vis des populations à travers la mise en œuvre concrète du concept gagnant-gagnant. Il faut que l’exploitation de l’or dans le pays profite véritablement aux habitants des cités minières. L’Etat est plus qu’interpellé sur la question. En tous les cas, s’il devrait avoir un bon après Pelegtanga, il ne saurait occulter cet aspect de la question.

Du reste, c’est tout l’intérêt de la candidature du Burkina Faso à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), la norme internationale de bonne gouvernance dans le secteur minier.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 septembre 2011 à 22:44, par Y en marres En réponse à : Exploitation minière au Faso : Y aura-t-il un après Pelegtanga ?

    Le respect des engagements, voila un terme dont il faut se mefier et faire bcp attention. Il faut se le dire pour tout. Les compagnies minieres ne sont pas de projets de developpement rural. A chacun son role et ses responsabilites. Le gouvernement a signé des contrats, il recoit des royautes, des taxe et autres impots des compagniees minieres. C’est son role de mettre en place les differents programmes de developpement des localités dans lesquelles opérent les compagnies. C’est trop facile de rester a ouaga et encaisser les milliards de CFA et laisser les compagnies minieres face a face avec les populations locales.

    Il faudrait bien quìl est un apres pelegtenga. Actuellement les autres compagnies minires vivent la peur au ventre et sous les menaces de n’importe qul groupuscule qui prend ses interets bassement egoistes pour les interets des communautes locales. Pour un oui ou pour un non se mets en ordre de menace. On vas vous faire ci, on va vous ca. Et le gouvernement ne bouge pas.

    Apres Epsilonne et Pinsapo Gold partie en fumée, a qui le tour ?

  • Le 22 septembre 2011 à 17:21, par Sampebgo En réponse à : Exploitation minière au Faso : Y aura-t-il un après Pelegtanga ?

    Touché ; la population locale negligée et si les autorités ne prennent pas des precautions il y´aura des apres Pelegtanga car que cet respect d´engagement, qu´il vienne des autorités ou de la société miniere il doit se concretiser avant le debut des travaux et ce la a été negligé a Pelegtanga. la Société miniere a créé des emploies a Pelegtanga pourqoui donc le detruire si ceux la vivent de cette mine ?

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