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REBELLION AU BURUNDI : La politique de l’autruche jusqu’à quand ?

Publié le mercredi 21 septembre 2011 à 02h30min

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A Gatimba, ville située à quelques encablures de la capitale burundaise, Bujumbura, une attaque armée s’est soldée par la mort de plusieurs civils le week-end dernier. Le président Pierre NKurunziza, himself, s’est rendu sur les lieux du drame, a décreté trois jours de deuil national et a promis de châtier les coupables. Le jeu en vaut la chandelle. Reste cependant à savoir comment le numéro un burundais compte s’y prendre. Il est une vérité immarcescible que pour enrayer un mal, il faut, auparavant, l’identifier, le connaître.

Or, de toute évidence, l’on s’évertue à qualifier de bandits armés les auteurs de ces attaques que les victimes s’accordent à reconnaître comme des rebelles lourdement armés et bien structurés. Le meilleur messager de Dieu d’une prison n’est-il pas, comme dirait l’autre, un prisonnier ? Qui de Nkurunziza, résidant dans des lieux hautement sécurisés à Bujumbura et des civils perpétuellement victimes, est mieux placé pour identifier les assaillants ? Les victimes, de toute évidence. A la vérité, cette habileté de l’homme fort de Bujumbura à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les solutions qu’il leur apporte, est digne d’une fuite de responsabilité. En effet, plus d’un observateur du mode de gouvernance politique de Nkurunziza avait prédit le retour de l’ex-colonie belge à la violence.

C’était donc historiquement programmé. Sans doute, pour donner tort à ces observateurs -donc par pur orgueil- le pouvoir de Bujumbura s’adonne à cette politique de l’autruche lourde de conséquences. Ce qualificatif de "bandits armés" risque d’être entendu comme un véritable camouflet par les assaillants qui entendraient endeuiller davantage le pays pour se faire prendre au sérieux. La naissance d’une rébellion est, quelque part, la preuve vivante d’une défaillance politique. NKurunziza est mieux placé pour confirmer cette thèse, lui qui a pris le maquis entre-temps pour contester la gestion du pouvoir d’Etat avant de devenir lui-même président en 2005.

Tout compte fait, même si, comme le prétend l’ex-professeur de gymnastique aujourd’hui à la tête de son pays, ce sont des "bandits armés" qui perpétuent ces crimes à grande échelle, ce sera encore le témoignage d’une défaillance politique. Toujours est-il que le président burundais a du mal à convaincre l’opinion que tout baigne dans l’huile dans son pays. Un problème non résolu demeure un problème à résoudre, tôt ou tard. Ainsi, plutôt que de prétendre, comme le souverain de Bhoutan, maîtriser le bonheur national, Nkurunziza doit nécessairement et urgemment se raviser. Cette énième attaque sanglante vient confirmer qu’il y a péril en la demeure. On ne cache pas le soleil avec un doigt.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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