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Mort d’une femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

Publié le vendredi 16 septembre 2011 à 02h54min

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En décidant de virer les deux agents de santé présumés responsables de la mort d’une femme en couche à Bobo-Dioulasso, le gouvernement semble avoir tiré leçon de l’affaire Justin Zongo. Pour arrêter la folie incendiaire qui a réduit la maternité Sylla-Sanou en cendres, il fallait sévir. Mais, au-delà de la révocation de l’accoucheuse auxiliaire Salimata Bahan/Tankoano et de l’agent itinérant de santé, Zénabou Ouattara/Yoni, c’est sur la question du respect du droit à la santé (et donc à la vie) que repose cette affaire. Il est peut-être temps qu’après la police, le personnel de santé tire également leçon de l’événement tragique qui s’est produit en ce début du mois de septembre dans la capitale économique.

En effet, le cas malheureux de la pauvre dame qui ne demandait qu’à donner la vie sans perdre la sienne n’est que l’arbre qui cache la forêt de nombreuses négligences et autres délits de non-assistance à parturientes en détresse. Certes, en la matière, les anecdotes sont aussi nombreuses que des faits vérifiés et vérifiables. De sages-femmes et accoucheuses acariâtres, nos formations sanitaires en regorgent. Et beaucoup de femmes gardent encore un mauvais souvenir de l’enfer qu’elles y ont vécu.

Ceci explique probablement la montée brusque et brutale de la colère des habitants du secteur 21 de Bobo-Dioulasso qui ont mis le feu à la maternité Sylla-Sanou sans autre forme de procès. Une forme de justice condamnable, à tout point de vue. Mais force est de reconnaître qu’aussi longtemps que les gens auront le sentiment que l’Etat ne leur rendra pas justice comme il se doit et avec la célérité qu’il faut, il sera bien difficile de prévenir ce genre de réactions préjudiciables pour les biens publics.
Au demeurant, on peut se féliciter de voir que le gouvernement n’a pas attendu que la colère se répande dans tout le pays pour prendre des mesures conservatoires. Mieux, il n’a pas attendu la conclusion des investigations engagées avant de rendre publique la sentence d’éradication des agents incriminés.

Ce qui ne peut que contribuer à soulager, un tant soit peu, la douleur des proches de la victime de cette bavure sanitaire. On peut donc souligner qu’après la bavure policière qui a coûté la vie à l’élève Justin Zongo de Koudougou et la paix sociale à tout le Faso, le gouvernement de Lucky Luc a tiré les bonnes leçons.

Mais comme nous le relevions plus haut, on ne peut pas se contenter de mesures simplement disciplinaires ou judiciaires. Ce qui s’est passé à Bobo-Dioulasso est révélateur d’un malaise récurrent dans le rapport entre les agents de santé et les patients. A cet effet, on peut même dire qu’à quelque chose ce malheur est bon pour ouvrir la porte à un minimum d’éthique dans la prise en charge sanitaire. Car, certains agents se comportent trop souvent comme si leur principale mission n’était pas de sauver des vies et non de les laisser mourir sous quelque prétexte que ce soit.

Parmi ces critères, le statut social - et surtout la solvabilité - constitue malheureusement un élément de discrimination entre les patients. Pour rien au monde, on ne devrait laisser une personne sans soin parce qu’elle n’a pas les moyens de payer un service ou encore d’influencer le personnel de santé. Curieusement, cela est récurrent dans nos centres de santé. Et cela contraste grossièrement avec les slogans du genre : « Donner la vie sans risquer la mort », « Gratuité des soins obstétricaux et néonataux d’urgence (Sonu) ».

À quoi ça sert pour l’Etat burkinabè de s’engager dans ces politiques de respect du droit à la vie si le personnel (de santé) qui est chargé de les mettre en pratique continue de ramer à contre-courant ? Absolument à rien. Sinon à renforcer la désaffection des populations dans le recours aux soins de qualité, gage d’une meilleure santé pour tous, surtout pour les plus pauvres.

Dans un Burkina où les soins de santé constituent la seule forme de solidarité agissante de l’Etat envers les citoyens, notamment dans le milieu rural, les agents de santé se doivent de mieux comprendre l’enjeu de leur mission. En cela, le drame de Bobo-Dioulasso doit servir de leçon aussi bien à ceux qui sont en service qu’aux infirmiers, sages-femmes et accoucheuses en formation ainsi qu’aux étudiants en médecine. Pour qu’on ne vive plus jamais de banalisation de la vie humaine à la police, à la santé et partout ailleurs.

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 16 septembre 2011 à 11:04, par fissoni En réponse à : Mort díune femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

    POURQUOI les femmes du secteur 30 et de toutes les femmes du burkina ne sortent pas ensemble pour marcher pacifiquement et aller denoncer leur tristesse ??? .Pourquoi nos vieilles nos femmes nos soeurs ne se mettent pas en groupement de secteur, de quartier pour s’organier et défendre leur vie.???
    j’invite les femmes du secteur 30 et environ à sortir et marcher pour sauver leur vie et celle de leurs enfants.Tant que les femmes ne vont pas sortir et prendre le devant de la scène rien ne changera.si aujourd’hui une seule femme me lit ,je l’invite à prendre l’initiative et de s’engager pacifiquement.vive les femmes du burkina et le peuple burkinabè.courage à la famille éplorée.

    • Le 16 septembre 2011 à 16:43, par Ninja En réponse à : Mort díune femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

      Belle analyse Monsieur , mais je voudrais attirer votre attention que les betises ne somt seulement du ressort des groupes cites ; il faut bien l elargir a tous les professionnels de la sante meme les medecins car nous en connaissons plein de cas tristes.
      Il est temps que les ordres professionnels agissent.....

    • Le 16 septembre 2011 à 18:47, par ZOUNGRANA En réponse à : Mort díune femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

      bien dit monsieur
      depuis hier j’ai constater au CHUYO plusieurs femmes référés des cma au chuyo car depuis un temps personne ne veut plus prendre le risque d ’opérer une femme au cma sans le minimum d’équipement.je me suis renseigner et voici les réponses :
      « avant on essayaient de faire meme lorsquu’il manquaient des outils (oxygène, champs opératoire, kit incomplet, absence de tensiometre, absence de fil de suture,manque d’aspirateur,etc).comme les uns et les autres veulent de la perfection maintenant sans le minimum d’équipement personne ne veut prendre de risque.
      consequence : yalgado est plein de femmes qui attendent d’etre opérées au moment ou j’ecrit ces lignes.
      comme solution on veut demander aux chirurgiens digestives et traumatologiques d’opérés.eux aussi on refuser car ce n’est pas leurs spécialités.
      voici le nouveau slogan : nous n’allons plus nous battre pour l’équipement des centres de santé ( c’est à la population de le faire).nous n’allons plus nous sacrifier pour chercher a compléter le matériel avant d’intervenir ( ça c’est du ressort de l’état).s’il y a quelque chose qui manque, on arrête de travailler.car mieux vaut ne pas intervenir que d’intervenir a moitié. »

      voila ce qui nous attend actuellement.je vit cette situation depuis ce matin.car au cma il n’y avait pas d’oxygène, pas de champ opératoire.le tensiomètre est gâter.on attend que le daf commande.la aussi problème.le gynécologue en question (très bon et très courtois ) refuse d’envoyer ma femme au bloc car le minimum n’est pas requis.on nous a donc référé a yalgado.la aussi il y avait 11 femme en attende car il n’ont que deux blocs opérationnel. a qui la faute ? que puis je faire ?

  • Le 16 septembre 2011 à 19:39, par TSBAS En réponse à : Mort d’une femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

    Le cas de Bobo n’est pas isolé. Quelques jours avant le drame de Bobo, deux cas successifs malheureux de mort de femme en couche se sont produits à la maternité de l’hôpital de Dedougou.Faute professionnelle ou destin de ces pauvres femmes ? Ce qui est sûr,elles ont laissé derrière elles,deux veufs(gendarme et professeur) et des orphelins inconsolables. En Afrique,Dieu est responsable de tout ce qui nous arrive.Cette façon de penser couvre les agents de santé « laxistes ».Mais Dieu continuera t-il à les couvrir ?

  • Le 16 septembre 2011 à 20:00, par jb En réponse à : Mort d’une femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

    vous savez le secteur de la santé est a l’image du pays.si tous les secteurs ne seront pas assainis je suis désolé mais... une tomate saine dans un panier de tomate pourries sera pourrie. alors il faut que tout change. le laxisme c’est dans tous les domaines

  • Le 18 septembre 2011 à 06:16 En réponse à : Mort d’une femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

    L’article est très mal écrit. on ne réussit pas tout de suite à comprendre quelle est l’information ? Avant de commenter il faut d’abord donner l’info, au moins dans l’introduction, sinon on ne vous suit pas Mr Traore. C’est le cas de pas mal d’articles pubbliés dans ce site et dans beaucoup d’autres journaux burkinabè.
    A part cela merci de chercher d’éveiller les consciences pour une maternité plus sure pour nos femmes en grossesse.

    • Le 7 octobre 2011 à 19:17, par Oumar En réponse à : Mort d’une femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

      je suis d’un avis completement identique au votre.je suis alle j’usqu’au dernier mot de l’article sans vraiment comprendre quelles ont ete les circonstances de la mort de la prauvre dame.M.Traore merci de nous informer mais permettez nous de porter des critiques sur la maniere dont vous le faites.vous n’ignorez pas que les lecteurs ont eux aussi besoin de faire des commentaires sur les evenements mais cela passe par une connaissance par eux des sujets.vous avez tous nos encoragements.merci

  • Le 18 septembre 2011 à 06:20 En réponse à : Mort d’une femme en couche : Un martyre qui n’honore pas les sages-femmes

    quand vous pubblier les articles pensez aussi que une grande partie des lectuers vit en déhors du faso et donc n’est pas sensée connaitre la nouvelle. Donnez la "nouvelle crue" avant de passer à vos commentaires qui souvent sont vos opinions à vous. mais les lecteurs ont droit à l’info juste. Merci

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