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Autant le dire… : C’est bien fait pour eux ; ces chefs-là

Publié le vendredi 16 septembre 2011 à 02h54min

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A quelque chose, malheur est bon, dit-on. En ciblant des chefs d’Etat africains ayant financé des campagnes présidentielles en France, et en ajoutant que certains d’entre eux ont trop duré au pouvoir et qu’il faut qu’ils s’en aillent, Robert Bourgi, même si on peut dire qu’il est dans une position de revanchard aigri, a bien fait de mettre à nu leurs pratiques. Avérées ou non. Car en effet, certains de nos dirigeants, pour ne dire la majorité d’entre eux, prennent plus au sérieux ces petits Blancs (ce n’est pas de la stigmatisation) que les cadres de leurs propres pays qui ont fait les mêmes amphithéâtres que ceux-ci. Et qui, pour certains étaient même majors. Mais, un certain complexe veut que ce soit les premiers qui soient dans les bonnes grâces de nos princes. Au compte de nos trésors, au prix de nos cotisations et de nos taxes.

Ainsi, ils sont assez nombreux ces petits colons à se pavaner dans les couloirs de nos présidences, certains même dans les avions présidentiels parce qu’ils sont conseillers, journalistes ou communicateurs, spécialistes de nos pays (plus que nous qui y sommes nés et grandis, et qui y vivons toujours), ingénieurs ou que sais-je encore. Grassement payés, logés, véhiculés, nourris et blanchis, avec par moments des extras qui ne nous honorent pas du tout, ils sont les bienvenus chez nous. Ce sera une injure à la conscience collective de dire que Robert Bourgi n’était pas dans ce cas-là.

Lui qui était chargé de transporter les valises d’argent.
En effet, il connaît très bien la famille du président Abdoulaye Wade. Puisque né au Sénégal, il était déjà très introduit par son père, Libanais. Nul doute que de cette manière, il était le chouchou de la famille. Sur lequel chacun a joué. Que ce soit du côté de la famille présidentielle sénégalaise que de l’Elysée. Nul doute également que c’est de ce côté que sont nées les autres relations. Qui ont fait de lui le connaisseur de nos palais présidentiels et leurs habitants. Robert Bourgi n’a pas du tout tort d’agir ainsi. S’il est avéré qu’on cherchait à le lâcher, lui qui en sait certainement trop, il a parlé. Et on peut bien croire qu’il n’a pas tout dit. En tout cas, pour l’instant, de Dakar à Brazzaville, en passant par Ouagadougou, Libreville, Abidjan et Malabo, il a troublé un tant soit peu le sommeil de nos princes.

C’est tant mieux si ça peut servir de leçon à des gens qui ne font pas confiance aux compétences locales.
Dans la même logique, lorsque ces gens-là financent un quelconque projet ou programme chez nous, ils nous envoient toujours un petit commis, vachement payé sur les fonds de ce projet ou programme. A la limite, si nos princes n’exigent pas qu’ils nous l’envoient. Car, il paraît que c’est signe de crédibilité et de bonne foi dans l’exécution du projet. Malheureusement, le plus souvent, ces gens-là qu’on nous envoie depuis l’Hexagone ne connaissent rien, et là absolument rien du terrain sur lequel il doivent exercer.

Pour cela, ils descendent avec du matériel de dernier cri, avec des théories à dormir débout et un commandement qui rappelle le colon, et tout simplement, ils piratent les rapports et autres résultats de recherches de nos cadres et se les font siens. Voilà aussi une autre pratique pernicieuse de la Françafrique qu’on nous a imposée. Et tant que le jeu se joue bien, tant que chacun a sa part dedans, ça peut continuer autant que possible ; tant qu’on est là.
Au regard de tout cela, il faut que nos princes comprennent qu’ils ne peuvent que compter sur les ressources humaines, les compétences locales pour véritablement amorcer le développement de nos pays. Notre développement ne viendra pas d’ailleurs. Même s’il doit venir d’ailleurs, il ne peut être qu’en termes d’appui. Tout simplement.

Car le développement est toujours endogène. Il se fonde sur les valeurs locales, intrinsèques d’une collectivité et d’un peuple. Dans son livre « A quand L’Afrique ? », répondant à une question, le Professeur Joseph Ki-Zerbo a dit ceci : « Nous avons les chercheurs, les inventeurs, les producteurs, les créateurs sur le plan de la musique, de la danse, des arts plastiques, du théâtre, de la vie en commun, de la convivialité, de la prise en charge des plus faibles, du management original de l’environnement, du rapport à la santé et à la mort, aux ancêtres, de l’amour, de la gestion des conflits… ». A quoi donc sert-il d’aller chercher loin tout ce que nous avons ici sur place ? Plus loin, le professeur ajoute : « On ne peut pas coiffer quelqu’un en son absence ». Autrement, dit-il « Personne ne peut se substituer à moi-même, sauf si je me laisse faire ». C’est tout dire.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 16 septembre 2011 à 10:30, par tooelle En réponse à : Autant le dire… : C’est bien fait pour eux ; ces chefs-là

    Nous somme tous des poltrons ,le sabre contre le canon nos père te grands pères ont résisté ,même s’ils ont payes l’impot colonial,a l’éfort de gurre ,avec du coton des arrachide et de leur vie,mais ils nous ont donne l’indépendance

  • Le 16 septembre 2011 à 11:04, par SAGE En réponse à : Autant le dire… : C’est bien fait pour eux ; ces chefs-là

    Bonjour,
    Félicitations pour cet article.
    Oui, il faut que nos chefs d’états arrêtent d’injecter illégalement notre argent dans la politique Française. Il est temps que nous prenons en charge notre destinée car nous avons les ressources humaines et intellectuelles nécessaires. Nous ne pouvons plus être considérés comme des "sous-hommes" ayant un coefficient intellectuel nul. Nous avons des hommes et des femmes capables de créer, de gérer, de chercher et trouver, d’inventer...., de faire tout ce que "les blancs" pensent pouvoir faire. Arrêtons d’avoir ce complexe du "blanc" car nous avons les mêmes capacités intellectuelle,morale, spirituelle... Utilisons nos ressources humaines compétentes, moins onéreuses et qui maîtrisent mieux notre culture, notre société. N’importe quel européen qui arrive dans notre pays peut se faire passer pour n’importe quel expert, et le plus souvent nos dirigeants politiques, nos opérateurs économiques, sont prêts à lui faire confiance les yeux fermés. Aucune vérification de diplômes n’est faite à la base. Alors qu’un compatriote qui se présente pour la même qualification, on lui demandera non seulement tous ses diplômes (bpc, bac, master, etc...) et de surcroît en original et copie légalisée.. Soyons un peu sérieux et donnons l’opportunité à nos intellectuels, à nos jeunes cadres, à nos chercheurs, à nos artisans, à nos agriculteurs,..., de pouvoir contribuer efficacement au développement de notre cher pays. Arrêtons de faire aveuglement confiance à ses "charlatans" venus de l’occident. D’ailleurs je pense qu’il serait temps que nos responsables vérifient les diplômes (et leur passé en Occident) de tous ces experts (experts-comptables, architectes, juristes, financiers,...) qui exercent au Faso à titre privée ou pour le compte de l’état. Est-ce qu’il est possible à un expert-comptable Burkinabè de pouvoir exercer en France ? Je vous dis non. Un médecin Burkinabè peut-il exercer en France ? Encore non. Un juriste, un architecte ? Non, non et non.
    Faisons confiance à nos ressources locales pour bâtir un Burkina fort, prospère, développé et fier de ses enfants. Que nos ancêtres nous protègent et soyons tous unis pour un Burkina nouveau.

  • Le 16 septembre 2011 à 11:35 En réponse à : Autant le dire… : C’est bien fait pour eux ; ces chefs-là

    Bien dit. je crois que tout ce que ce Bougri a dit est vrai et malheureusement pour nous burkinabè.
    il faut que cela s’arrête.
    c’est que ici n’importe qui ne peut pas se promener a la présidence si ce n’est ces colons.
    Laurent GBAGBO n’avait pas tord quand il affirmait que dans les sommets des chefs d’état Africains les couloirs étaient bondés de ces soit disant conseillers blancs qui leur mettaient des pressions.
    Africains nous devons nous revolter contre ses mauvaises pratiques.

  • Le 17 septembre 2011 à 11:31, par M. KURAKURA En réponse à : Autant le dire… : C’est bien fait pour eux ; ces chefs-là

    Et Blaise dans tout ca, que dit-il ?
    Que disent-ils, ces hommes en robe noire ( Avocat et juge ... )sur l’accusation portee sur la PF ?

    Nous, Peuple du Burkina reclamons nos 3 millions de Dollars US

  • Le 17 septembre 2011 à 21:02 En réponse à : Autant le dire… : C’est bien fait pour eux ; ces chefs-là

    Tooelle, nous ne sommes pas encore indépendant. La grande lutte est à venir.

  • Le 17 septembre 2011 à 23:30 En réponse à : Autant le dire… : C’est bien fait pour eux ; ces chefs-là

    Tooelle, nous ne sommes pas encore indépendant. La grande lutte est à venir.

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