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POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

Publié le lundi 12 septembre 2011 à 03h35min

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Me Hermann Yaméogo et Me Bénéwendé Sankara désapprouvent les hésitations du gouvernement par rapport à la situation de la Libye et notamment sur l’éventualité d’accueillir le colonel Kadhafi. D’ailleurs, ils dénoncent l’intervention de l’OTAN en Tripolitaine qui a plutôt servi des intérêts de l’impérialisme que la démocratie dans ce pays.

Me Hermann Yaméogo : "Un ping-pong du plus mauvais goût"

Je voudrais d’abord relever cette espèce de cacophonie que l’on observe au sein du gouvernement par rapport à certaines questions d’importance. Il y a quelque temps nous avons assisté à une espèce de ping-pong du plus mauvais goût entre deux ministres par rapport à l’interprétation donnée sur ce que le gouvernement ferait sur l’article 37. En substance, l’un disait qu’il fallait faire un trait sur une quelconque repousse de l’article 37, l’autre revenait à une position de flou artistique sur la question.

Cela n’a pas été, l’on s’en souvient, joli-joli ; Aujourd’hui, au sujet de la venue de Kadhafi au Burkina Faso, c’est le même remake, un ministre dit que le pays est prêt à ouvrir les bras à Kadhafi et un autre rétorque que nenni tout cela obligeant le chef de l’Etat en personne à descendre dans l’arène pour tenter de sauver les meubles. Cela donne une image pas du tout reluisante du gouvernement laissant penser que chaque ministre est son propre maître. Quant à la venue de Kadhafi au Burkina Faso, je voudrais vous dire que je ne suis pas personnellement contre. J’estime pour ma part que nous lui devons bien cela.

C’est vrai qu’à l’UNDD nous n’avons jamais partagé les idées politiques de l’homme, mais nous n’avons pas non plus approuvé la façon dont son pays, sous prétexte d’un sauvetage de civils en danger et de promotion de la démocratie, a été confisqué après des bombardements qui l’ont ravalé dix ans en arrière. Que le Burkina Faso lui offre l’hospitalité comme l’auvergnant à l’étranger, ce n’est pas, de mon point de vue, le signe d’une simple reconnaissance. J’y vois aussi un acte de fierté et de solidarité à l’endroit d’un frère et leader africain livré au joug de l’impérialisme. C’est vrai que nous sommes partie prenante du traité de Rome mais notre diplomatie peut, notamment avec la couverture de l’Union africaine, être chargée de cet acte d’importance pour l’honneur du continent ; je pense même que quelque part cela pourrait aussi bien arranger le CNT que l’OTAN qui, dans cette affaire libyenne, n’en ont pas fini de répondre devant l’histoire.

Enfin, je constate, pour terminer, qu’il existe par rapport à ce dossier libyen un véritable consensus au Burkina Faso dans la condamnation des frappes et du choix de régler la crise par la guerre plutôt que par le dialogue comme le préconisait l’Union africaine. Sur ce point, ce n’est pas, je dirais, l’union transversale qui pourrait faire défaut dans l’offre d’accueillir Kadhafi, mais l’intéressé se défend de toute volonté de quitter sa patrie et vient d’en appeler encore à la guerre pour chasser les rats de Libye. Alors attendons de voir….


Me Bénéwendé Sankara " Nous comprenons les hésitations du gouvernement"

Depuis la révolution tunisienne, nous suivons, à l’UNIR/PS, ce qui se passe dans le monde arabe et nous prenons bonne note de la volonté des peuples qui aspirent au changement. Malheureusement, nous notons que ces changements s’opèrent souvent dans la violence et dans la douleur avec des morts. Pour le cas libyen, le Burkina Faso a reconnu le Conseil national de transition (CNT). Vous noterez que le régime de Blaise Compaoré a pu engranger des acquis grâce au colonel Kadhafi qui a été son ami et qui l’a soutenu. Aujourd’hui, la Libye a de nombreuses réalisations au plan socioéconomique au Burkina. Au regard de cela, nous comprenons les hésitations du gouvernement burkinabè. Les déclarations du porte-parole du gouvernement ont été confirmées par le chef de l’Etat lors du dernier conseil des ministres.

Le Burkina Faso, face à la situation libyenne, n’a pas d’autre choix que de servir les intérêts de l’OTAN, de la France et des Etats-Unis. Autrement, vous savez que le régime de Blaise Compaoré a accueilli des gens comme Balla Kéita (qui a été assassiné ici), des rebelles ivoiriens, Charles Taylor qui répond aujourd’hui devant la CPI, les Algériens de Folembray… Recevoir ou pas Kadhafi se pose aux autorités burkinabè en termes d’opportunité politique. On s’est précipité de renier nos amis d’hier au nom de la suprématie des décideurs internationaux. Il faut se demander si les changements souhaités par les peuples se font dans le cadre d’une démocratie réelle, qui se fonde sur la liberté et la souveraineté des peuples africains. C’est le combat de mon parti, l’UNIR/PS qui, depuis sa création, se bat sur le terrain du droit et des valeurs de la démocratie. Nous n’avons pas intérêt à occulter les révolutions arabes qui peuvent gagner l’Afrique au Sud du Sahara. Les autorités du pouvoir de la 4e République sont entre le marteau et l’enclume.

Nous suivons l’évolution et je crois qu’au-delà des hésitations du gouvernement, l’UNIR/PS se réserve le droit de réagir officiellement plus tard. En attendant, je persiste à dire que l’Afrique ne devrait pas être la risée du monde et de l’impérialisme international qui, frappé par la crise financière, est obligé d’utiliser d’autres méthodes pour confisquer nos ressources. C’est une honte pour tous les peuples africains.

Propos recueillis par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 12 septembre 2011 à 09:16, par Burkinabè En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

    Bonjour !

    Je serai le premier à vous remercier d’avoir le courage de dire la vérité. C’est vrai que les africains doivent se réveiller. Pour que se réveille, il suffit que les dirigeants élisent massivement les jeunes immigrés au pouvoir. Seule cette tactique pourra améner l’afrique en avant. Ces jeunes connaissent bien la réalité du monde. Ils ont soif du développement et de toutes formes de soumission quelque soient. Le retard de l’afrique est du aux africains eux-mêmes. Pendant les grandes puissances se développent, elles détruisent l’afrique pour l’empêcher qu’elle ne rattrape. Oui, l’afrique ne rattrapera jamais les grandes puissances si ses femmes, ses enfants, ses hommes valides et ses vieillards affaiblis se réveillent chaque matin sous les bombardements des personnes venues d’ailleurs ou par les africains eux-mêmes. L’humiliation des l’afrique et des africains viennent d’eux-mêmes. Comme dit un adage "respectes-toi et on te respectera". Bref, j’ai écrit tout ça pour remercier à ceux qui ont eu le courage d’exprimer ici pour dénoncer l’impérialisme et la faiblesse de l’afrique et de sa soumission aux grandes puissances.

  • Le 12 septembre 2011 à 10:23, par le Pacifiste En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

    Ce sont là des positions courageuses de la part de ces deux avocats et chefs de partis politiques.je félicite Hermann yameogo. Le Burkina Faso n’a pas à hésiter à recevoir Mouammar Kadhafi s’il venait à en faire la demande. Mais restons tranquille le guide ne viendra pas ici. Les relations entre nos deux pays et entre notre président et Kadhafi étaient tellement bonnes qu’il ne devrait pas avoir d’hésitation pour accueillir Kadhafi. Ce type là a beaucoup fait pour notre pays. Et nous ne devons pas l’oublier. Aucun chef d’état arabe et même dans le monde entier n’a fait et Ne fera même pas ce que Kadhafi a fait pour notre pays. Nous pourrons, au moment venu, dresser la liste exhaustive de tout ce que ce grand homme d’Afrique a fait pour nous. Mais comme l’impérialisme n’aime pas que l’Afrique se développe il a tout fait pour l’enlever. Mais ma guerre n’est pas encore finie. Donc la position d’Hermann très claire et celle de maitre sankara un peu floue, montrent tout de même que les Burkinabè ne sont pas ingrats, qu’ils n’ont pas oublié ce que cet homme a fait pour notre pays

  • Le 12 septembre 2011 à 10:29, par Filsdepaysan En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

    Bien dit mes chers chefs de partis politiques.
    Je trouve ici vos réactions trop tard et je me permets de poser les questions suivantes :
    _depuis le début de la crise Libyenne, vos partis n’ont rien fait comme déclaration pour donner votre position ;
    _vos partis pouvaient organiser une marche à l’intérieur du pays, même si c’est à Ouaga pour dire à la communauté internationale votre position, mais hélas, je n’ai vu que des jeunes artistes qui ont dit NON à l’attaque de la Libye.
    Alors, aujourd’hui après la "chute" du régime de Kadhafi vous sortez pour condamner, non, c’est nul et pas aussi bon du tout pour des partis qui se veulent crédibles.

  • Le 12 septembre 2011 à 11:15, par Kader En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

    Kadhafi est un ami du Burkina et sa statuette en bronze en compagnie de Blaise est grandement posée au rond point de la zone industrielle de Bobo.On ne trahi pas un ami dans les moments difficiles de peur d’être visé soit même par des occidentaux. Vous devez crier haut et fort sans hésiter que Kadhafi sera le bienvenu au Faso.On est un état souverain et le peuple soutiendra au moins ce gouvernement pour ça.

    • Le 19 septembre 2011 à 13:05, par Kièba En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

      Bonjour frangin,
      Je vous connais pas, mais ce que je viens de lire est tout à fait juste. Queleque soit la nuque de ton frère tu peux jamais le nier, n’est ce pas ? Oui et encore oui quelque soit la nature et le degré des problèmes et on ne peut trahi ou ruiné cet grand amitié. Soyez reconnaissant car ici bas tout se paie en bien comme en mal. Que le bon Dieu nous protège et nous éloigne des esprits malices.

  • Le 12 septembre 2011 à 14:04 En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

    Au moins une fois, les leaders politiques de l’opposition burkinabè ont une lecture osée, mais en diapason avec le citoyen lamda.
    Il faut oser imprimer à la face du monde, la différence du Burkina Faso vis-à-vis des agissements inadmissibles sur notre continent tant éprouvé des tenants de l’impérialisme international. Comment fermer les yeux sur ces dissertations pernicieuses auxquelles s’exercent une certaine presse dite internationale concernant les gains des vainqueurs...français, italiens et britanique en Libye ? Comment comprendre que ce n’est pas la peur des représailles qui a versé les pauvres habitants de Tripoli dans la rue pour acclamer "les sauveurs" ? Mais au juste qu’ont-ils sauvé ? De quoi ? La démocratie est-elle, comme la nourriture pour tout être humain, un besoin incompressible pour le peuple ou, tout comme ces machins appelés téléphones portables déversés dans nos marchés, constitue un gadget qui devient nécessaire parce qu’on a fini par s’y habituer ? Tout, je crois, dépendrait des circonstances et de la manière dont ellle s’imprime ; car même si elle constituerait une nourriture, s’agit-il là du genre de nourriture adaptée à l’estomac des tribus arabes dont Kadhafi est issu ?
    Accueillir Kadhafi est une manière d’insister sur ces questions, au délà de notre devoir africain de ne pas livrer le Guide à la malice assassine de ceux qui n’ont pas encore pu expliquer aux victimes irakiens des attentats quotidiens(qui n’intéressent plus cette presse dite internationale, et donc rangées dans le lot des victimes collatéraux et de faits divers en politique internationale) ce à quoi a servi la pendaison de Saddam HUSSEIN.
    Surtout, pensons à enterrer nos morts, dans la dignité.

    LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS !

  • Le 12 septembre 2011 à 15:50, par ELBAN En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

    Encore en retard pour prendre position. Bien que Hermann ait donné clairement son point de vu, je vois que l’autre reste un peu évasif ; Alors pourquoi attendre toujours la réaction du gouvernement avant de donner votre vision des choses ?

  • Le 12 septembre 2011 à 19:04, par pioyipo En réponse à : POSITION DU BURKINA SUR L’ASILE POUR KADHAFI : Deux chefs de partis dénoncent la cacophonie

    Bonsoir les internautes, on ne suit pas assez bien l’actualité au Burkina Faso. Me SANKARA lors d’un meeting des partis d’opposition pour demander le départ de Blaise CO%MPAORE, s’était portant clairement procédé sur la crise libyenne. Suivons l’actualité c’est dommage ELBAN.

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