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Rentrée gouvernementale : L’orage, le crachin ou la normalité ?

Publié le mercredi 7 septembre 2011 à 02h19min

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Débarqué fissa en avril 2011 pour des raisons de catharsis, Tertius Zongo et son gouvernement furent remplacés par Luc Adolphe Tiao (LAT) et le sien.
Comme Robespierre à la période Jacobine, le peuple réclamait des têtes et un électrochoc s’imposait. La mutinerite militaire et les mouvements d’humeur de plusieurs couches socioprofessionnelles sont passés par là.

Contraint par cette nouvelle donne inattendue, Blaise dut abandonner son scénario quasi pavlovien du “tout change pour que rien ne change” qui consistait à permuter les titulaires de maroquins pour donner l’illusion de remaniement. A ce sujet, l’équipe formée le 12 janvier 2011, soit trois mois après la présidentielle, avait achevé de convaincre une opinion très remontée que les vrais remaniements étaient impossibles au Faso.

A peine installés, Luc et ses ministres devaient éteindre l’incendie qui se propageait à tout le Faso. En tout cas paré des atours du changement, le gouvernement de “combat” aura réussi à calmer cette crise à tiroirs. Nombreux sont les “nouveaux appelés de Kosyam” qui ont mis la main dans le cambouis, et, pour une des rares fois, les vacances d’été n’ont pas été formelles, tout juste quelques jours de farniente, encore que la plupart avaient le portable vissé à l’oreille au cas où...
La rentrée gouvernementale est là, et plus que jamais, c’est à partir de maintenant que le présent gouvernement sera jugé sur pièces.

A tout seigneur, tout honneur : le début des cours, qui donne le tempo d’une bonne ou mauvaise rentrée des gouvernants, s’annonce. Sera-t-elle sans histoires en 2012 ? L’année 2011 fut pratiquement un gâchis, car, entre février et juin, le Burkina n’était pas loin d’être sur répondeur.
Certaines revendications matricielles des scolaires ont été satisfaites, tel le procès de l’affaire relative à l’élève Justin Zongo.

Si on s’en tient aussi au modus vivendi entre les syndicats de l’enseignement et l’Etat, on devrait avoir une année scolaire rassérénée. Sur ce dossier, les dirigeants sont très attendus en 2012.
Le Front social connaîtra également un raffut avec la grand-mess syndicale, prévue pour octobre 2011. Réelle volonté de solutionner les vrais problèmes ou traditionnel subterfuge pour gagner du temps ? Le gouvernement a regroupé de nombreuses plates-formes de syndicats pour les examiner lors d’un grand forum courant octobre. Les résultats de ce rendez-vous détermineront le niveau du mercure de la société burkinabè pour 2012. Et Soungalo Appolinaire Ouattara, en homme averti, est déjà sur le qui-vive.
Les réformes politiques sont également un défi majeur pour le soldat Luc.

Les démembrements du CCRP sont en tournées régionales. De quoi accoucheront les assises nationales, prévues en principe pour décembre 2011 ? Quel sera le sort définitif de l’article 37 ? Jusqu’à présent, Bongnessan Yé est parvenu à faire un presque sans-faute, malgré le péché originel qui lui collait à la peau, celui d’être un compagnon du chef de l’Etat. Le fera-t-il jusqu’à la fin ? Les Burkinabè trépignent d’impatience de voir résolues certaines équations constitutionnelles, d’autant que 2012 sera l’année des élections couplées (législatives et municipales).

La CENI nouvelle a, à présent, sa première bataille : organiser des scrutins propres avec un fichier électoral sans reproche, des cartes électorales biométriques (?), et trouver le nerf de la guerre (on parle de près de 40 milliards de F CFA). Si ce chiffre est avéré, on voit déjà le grand argentier Noël Bembamba anxieux concernant les arbitrages du budget 2012.
A coup sûr également, Jérôme Bougouma, le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité (MATS), aura à retrousser les manches face à ce second défi, celui d’appuyer de façon efficiente la CENI. Réussira-t-il comme lors de son passage à la tête du département du Travail, où il était arrivé, sur de nombreux problèmes, jadis insolubles, à être en parfait accord avec les travailleurs ?

Tertius Zongo n’avait pu prononcer son Discours de politique générale (DPG), et LAT, qui devait livrer le sien pendant une session parlementaire extraordinaire en septembre, l’a reporté sine die. En attendant sa feuille de route officielle, sa vraie ère de nouveau Premier ministre commence, et les populations, blasées, ne peuvent plus se satisfaire d’un pilotage à vue. Le gouvernement devra choisir : l’orage, le crachin ou le retour définitif à la normalité.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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