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Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Autant le dire… : Voir plus loin que le bout du nez

Publié le mercredi 7 septembre 2011 à 02h18min

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L’un de nos confrères a caricaturé il y a de cela plusieurs années un homme politique puissant du Faso en mettant en relief le fait qu’il entreprend beaucoup de projets. Mais malheureusement, ils ne vont jamais jusqu’à terme. Autrement, il commence bien, mais à la fin, on ne voit rien. Soit le projet n’est pas achevé, soit il l’est mais il ne poursuit plus les objectifs pour lesquels il a été mis en place. Un exemple et non des moindres. Un terminal fruitier construit à plusieurs milliards de F CFA à Bobo, pendant que les fruits et légumes pourrissent à quelques cinq cents mètres.

Malheureusement, l’exemple de ce môgô-puissant a fait école et est même en passe de devenir la règle. Dans le cadre de l’organisation et de la tenue du cinquantenaire dans la ville de Bobo-Dioulasso, les autorités municipales avaient procédé au déguerpissement de certains endroits de la ville. C’est ainsi que l’autogare a été libérée pour permettre la construction d’un marché des fruits et légumes. Les vendeurs de fruits, de poulets et d’herbes sur cet espace avaient été priés de libérer les lieux. Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui sont revenus sur le même endroit et y pratiquent les mêmes activités qu’ils pratiquaient.

L’ancien gouverneur de région des Hauts-Bassins avait menacé les taximen sur l’utilisation des bouteilles de gaz butane comme source d’énergie pour leur véhicule. En tout cas, il avait suffisamment bandé les muscles. On s’était même engagé à le soutenir. Puis plus rien. Les taximen continuent d’utiliser le gaz en remplacement du carburant. Et la vie continue. En attendant le jour où (nous ne le souhaitons pas) un incident va se produire suite à l’utilisation de ce gaz-là. Ne sera-t-il pas trop tard ?

En face du stade Wobi, tous les commerces qui sont installés contre le mur des écoles Hamdalaye ont été en son temps déguerpis. Parce qu’on avait estimé qu’ils constituaient des nuisances pour la tenue effective des cours. En même temps, les bouteilles de gaz qui s’y vendaient, s’avéraient assez dangereuses pour les enfants. Mais aujourd’hui, les mêmes commerces sont revenus exactement comme on les avait déguerpis. Alors que les écoles sont toujours là.
En matière de sécurité routière, quelle mesure n’a-t-ont prise pour lutter contre les surcharges, les transports mixtes (personnes, des bétails et des marchandises diverses), le respect des feux tricolores, des stops et autres règles de la circulation.

Mais on a l’impression que ces mesures qui ne sont prises que lorsque survient un accident grave, viennent au contraire aggraver la situation. Aujourd’hui comme hier, et ce sera ainsi demain, des camions, des cars et des « Dinas » traverseront nos villes et nos postes de police surchargés, pleins de moutons, de chèvres, de sacs de maïs, de personnes et de marchandises diverses. En attendant encore le jour où un accident grave va se produire. Puis on recommence.

Voici un pays désertique. Où chaque année, on procède à la plantation de millions d’arbres pour reverdir la nature, sauvegarder l’environnement afin de pouvoir y vivre. Où à chaque saison hivernale on implore le ciel pour bénéficier davantage de pluies afin de pouvoir produire et se nourrir. Mais c’est dans le même pays que les feux de brousse arrivent en novembre et les mois suivants et brûlent tout. C’est dans le même pays qu’on crée des usines de fabrication de sachets plastiques, suffisamment nuisibles à la nature. C’est dans le même pays qu’on construit tout juste de petites retenues d’eau au lieu de véritables barrages pour pouvoir utiliser l’eau quand on en a besoin.

C’est encore et toujours dans le même pays que les populations se promènent de boutique en boutique, avec leur bouteille, à la recherche du gaz dont on a fait la promotion. Justement pour freiner la coupe du bois et sauvegarder l’environnement.
Ce sont là quelques cas qui montrent que nous inscrivons très souvent certaines de nos actions dans le court terme ou même qu’elles ne sont pas suffisamment muries. Sans doute pour plusieurs raisons. Alors qu’on ne peut construire une nation sans une longue vision.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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