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Mécanisme africain d’évaluation par les pairs:Des réalités burkinabè et béninoises

Publié le mercredi 7 septembre 2011 à 02h18min

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Depuis quelques années, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), est mis en œuvre au Burkina Faso et au Bénin. Le Réseau d’initiatives de journalistes (RIJ), a effectué du 21 au 26 août 2011, un voyage d’étude à Cotonou au Bénin, afin de jeter un regard comparatif sur la mise en œuvre du Mécanisme dans les deux pays. Cette sortie au pays de "la jarre trouée" a été rendue possible, grâce à l’appui financier de la GIZ et de la Fondation Hanns Seidel.

Le Burkina Faso, tout comme le Bénin et bien d’autres pays, s’est volontairement engagé, depuis 2003, dans le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et est à son neuvième rapport d’une série d’autoévaluations et d’évaluations par les pairs. Après s’être imprégné de la mise en œuvre du Mécanisme au Burkina Faso, un groupe de journalistes du RIJ s’est rendu à Cotonou au Bénin où il a rencontré, au nom du secrétaire permanent du MAEP/Bénin, Jérôme Carlos, le chargé de communication de la même structure.
Pour le premier responsable du MAEP/Burkina, Jean-Baptiste Natama, l’exercice d’évaluation du Burkina Faso a permis de mettre en exergue les forces et les faiblesses du système de gouvernance.

L’engagement des autorités et le contexte sociopolitique ouvrent, selon lui, des perspectives d’espoir pour la mise en œuvre des recommandations formulées pour relever les défis de la démocratie et du processus du développement humain durable. Au plan structurel, le mécanisme au Burkina est centralisé, contrairement au Bénin, où il a été décentralisé au niveau départemental et communal. « C’est pour favoriser la participation de toutes les couches socioprofessionnelles et politiques à tous les niveaux », a justifié Jérôme Carlos. A l’en croire, tous les départements ministériels béninois désigneront des points focaux pour un meilleur suivi de la mise en œuvre du programme gouvernemental.

Jérôme Carlos, contrairement à la vision du Jean-Baptiste Natama, soutient que la décentralisation du MAEP est un principe essentiel. « On ne peut pas aimer son pays, si on ne commence pas par aimer son village », souligne-t-il. M. Natama estime pour sa part, qu’une décentralisation du MAEP/Burkina, engendrera des charges supplémentaires pour l’Etat, pourtant peu nanti. Les membres du noyau central se rendent dans les différentes localités du pays pour rencontrer la base.

Jérôme Carlos se félicite qu’au Bénin, le rapport d’évaluation de la base soit présenté à la population qui l’adopte, avant sa transmission à un niveau supérieur, jusqu’à la présentation aux chefs d’Etat africains. Il a foi que les autres pays finiront par décentraliser le mécanisme.

400 millions FCFA par an pour le MAEP béninois

Les membres du Secrétariat permanent du MAEP/Burkina travaillent dans le bénévolat. Cela a été voulu par les membres, qui estiment que la mise en œuvre du MAEP ne devrait pas constituer une charge supplémentaire pour le budget de l’Etat. Au Bénin par contre, les membres du secrétariat permanent, ainsi que ceux des démembrements sont rémunérés mensuellement. Pour son fonctionnement, le MAEP/Bénin bénéficie d’un budget d’environ 400 millions de francs CFA. Reconnaissant que ce budget est lourd pour l’Etat béninois, M. Carlos l’estime nécessaire pour l’émergence d’une bonne gouvernance. « C’est le prix à payer, même si cela est d’un grand coût pour le budget de l’Etat », a-t-il conclu.
Si au Burkina, le MEAP dispose d’un siège, celui du Bénin squatte les locaux du ministère des Affaires étrangères et s’attelle à s’offrir un siège dans les jours à venir.

Même si le chargé de communication croit en la sincérité des rapports d’auto-évaluation et d’évaluation par les pairs, il craint fort que les chefs d’Etat qui « ont formé d’une manière tacite un syndicat » puissent jouer le jeu jusqu’au bout, c’est-à-dire accepter de faire en sorte que les différentes recommandations soient mises en œuvre dans les pays. Cependant il se nourrit d’espoir face à la prise de conscience des populations pour la gestion de leur destinée.
Le mécanisme maintient une vigilance constante dans la gestion de la chose publique. Paraphrasant cet adage qui soutient que « la peur du gendarme est un début de la sagesse », M. Carlos estime que la peur du MAEP est un début de la bonne gouvernance. Au Burkina tout comme au Bénin, les recommandations issues des rapports connaissent un début de mise en œuvre pour favoriser l’émergence de la bonne gouvernance économique et politique. Mais tous reconnaissent qu’il faut plus de volonté politique pour donner aux différents rapports, leur importance.

Propre à l’Afrique, le MAEP constitue l’approche par excellence, pour veiller à ce que les politiques et les pratiques des Etats participants soient conformes aux valeurs, codes et normes de gouvernance politique, économique et d’entreprise convenues. Il est un instrument mutuellement trouvé pour l’autoévaluation des pays par les chefs d’Etat et de gouvernement des pays participants, conformément à la déclaration du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il vise de ce fait, à définir une nouvelle orientation des stratégies en vue de promouvoir des valeurs de gouvernance tant universelles qu’africaines et d’accélérer le processus de croissance économique et de développement national, de même que la coopération et l’intégration africaine.

Augustin Irwaya OUEDRAOGO

Sidwaya

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