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TAPSOBA JOSEPH DIT CHOCHO : "Je suis déçu du cinéma burkinabè"

Publié le vendredi 2 septembre 2011 à 02h41min

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Tapsoba Joseph alias Chocho est sans doute l’un des comédiens les plus aimés du public burkinabè. Juriste de formation, titulaire d’une maîtrise en droit, il a décidé de faire carrière dans le domaine du cinéma et du théâtre. Un domaine qu’il a embrassé depuis son jeune âge et est devenu actuellement une icône du cinéma burkinabè. Les films dans lesquels il a joué se comptent par dizaine. Commissariat de Tampy, Série noire à Koulbi, Sam le Caïd, Affaires publiques, la liste est loin d’être exhaustive. Il dit être déçu du cinéma burkinabè parce qu’il ne nourrit pas son homme. Découvrez Chocho dans les lignes qui suivent.

Le Pays : quel est votre nom à l’état civil ?

Chocho : Je m’appelle Tapsoba Baowendé Joseph dit Chocho.

Pourquoi le surnom Chocho ?

Ce nom, on me l’a donné lors du tournage de la série Commissariat de Tampy. Quand une série passe et que tout le monde apprécie, on vous colle le nom sous lequel vous avez joué dans la série.

Comment êtes-vous arrivé au cinéma ?

C’est le cinéma qui est venu me trouver puisqu’avant de faire le cinéma, je faisais du théâtre. Je suis arrivé dans le théâtre dès l’âge de cinq ans. Tous mes frères en faisaient. Ils étaient dans les mouvements catholiques tels que le scoutisme et j’en profitais. Egalement, dans le quartier où j’habitais (à savoir Samandin), il y avait des groupes de théâtre dont j’ai beaucoup profité. Donc, c’est depuis mon jeune âge que j’ai été piqué par le virus du théâtre et ce virus est resté en moi. Même pendant mes études, je continuais à faire du théâtre.

Justement, quel est votre cursus universitaire ?

J’ai un niveau BAC + 5 en droit.

Vous avez commencé à faire le théâtre depuis votre jeune âge, et le cinéma alors ?

J’ai commencé à faire le cinéma depuis 2000. Mais c’est en 2004 que j’ai commencé à être célèbre en jouant des rôles importants. Et depuis, j’ai joué dans beaucoup de films à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Parmi les films dans lesquels vous avez joué, quel est celui qui vous a le plus marqué ?

C’est une question difficile à répondre parce que tous les films dans lesquels j’ai pu jouer m’ont marqué. Mais pour vous répondre franchement, je dirais que pendant les tournages, c’est le film Série noire à Koulbi. Dans ce film, j’ai vraiment bien travaillé pour défoncer le pied.

Vous avez également joué dans le film Affaires publiques. Il me semble que le tournage de ce film a été interrompu. Pourquoi selon vous ?

C’est difficile à dire mais il me semble qu’il y a eu un problème entre la production et le monteur. Il paraît que le monteur a bloqué quelques cassettes prétextant que la production lui doit de l’argent. Je crois que c’est avec la direction de la RTB que vous pourrez avoir toutes les informations. Il semble que l’affaire est en justice. Si tout se passe bien, nous allons reprendre le tournage dès le 1er septembre 2011.

Vous êtes en train de construire un R + 1 et vous avez également une voiture. Au regard de cela, peut-on dire que la comédie nourrit son homme ?

Il ne faut pas qu’on se trompe. Au Burkina Faso, l’art ne nourrit pas son homme. Ce n’est pas seulement dans la comédie mais également dans les autres domaines artistiques. La raison est toute simple : nous ne sommes pas soutenus par les autorités et en plus, il n’y a pas assez de producteurs au Burkina. Vous pouvez par exemple faire un film et attendre encore une année avant d’en faire un autre. Vous pensez qu’à ce rythme, on peut vraiment se nourrir ? Mais nous sommes en train de nous battre pour changer les choses.

Mais comment avez-vous fait pour vous offrir une voiture et construire votre R+1 ?

Cela relève de ma vie privée. Ma maison que je suis en train de construire au secteur 30 de Ouagadougou n’a rien à voir avec le cinéma mais avec les affaires que je fais en dehors du cinéma. A part le cinéma, je donne des cours de droit et je suis consultant juridique. Je suis un juriste, il ne faut pas l’oublier.

Est-ce que Chocho est actuellement sur un plateau de tournage ? Non, pas pour le moment. Mon dernier tournage a été celui du film Affaires publiques. Mais comme il a été interrompu, j’attends de voir. Il paraît que le tournage reprendra le 1er septembre 2011. J’espère qu’on pourra vraiment reprendre et de façon continue.

Récemment, vous avez été en Allemagne, c’était dans quel cadre ?

Je suis allé faire une formation en réalisation. Je suis actuellement dans la recherche et la formation en réalisation parce que j’envisage être un grand réalisateur de films.

Quelle lecture faites-vous du cinéma burkinabè ? Je suis déçu du cinéma burkinabè parce qu’il n’y a pas de producteur. C’est le réalisateur qui est producteur, distributeur et scénariste. Comment une seule personne peut-elle jouer quatre rôles à la fois ? Parfois, il est même comédien. Si bien que notre cinéma est en train de prendre du recul. Si vous prenez un peu nos films, vous vous rendrez compte que ce sont des plans fixes et cela détruit la qualité artistique du film. Egalement, les réalisateurs ne prennent pas le temps de remettre le scénario aux acteurs pour qu’ils puissent se préparer. Très souvent, c’est à la veille du tournage qu’on vous tend le scénario. Comment peut-on bien incarner un rôle dans ces conditions ? Actuellement, le cinéma burkinabè, c’est du "coupé-collé". Et de la sorte, on ne peut pas évoluer.

Côté financier est-ce que les acteurs du cinéma reçoivent la totalité de leurs primes ?

Oui, mais au compte-gouttes. Vous pouvez signer par exemple un contrat de 500 000 F CFA pour un film et le réalisateur va vous donner 50 000, 25 000, souvent 10 000, jusqu’à ce que l’argent finisse. Et ça, c’est parce que vous êtes vigilant. Sinon, vous pouvez faire une année avant d’avoir votre dû. Cela prouve qu’on ne nous respecte pas.

Des projets ?

Je suis en train de construire un mini centre culturel au secteur 30 pour permettre aux artistes d’avoir un espace où apprendre et s’exprimer. Cela s’inscrit également dans le cadre de la décentralisation, vu que tous les centres sont concentrés au centre-ville. C’est un petit complexe avec une salle de spectacle d’au moins 100 places, une petite bibliothèque et un espace pour enfants. J’ai loué deux cours pour faire ce centre.

Propos recueillis par Yannick SANKARA

Le Pays

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