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Tribune de la femme - Salimata Diabaté, artiste balafonniste et percussionniste : « Je n’ai jamais mis pied à l’école… »

Publié le jeudi 1er septembre 2011 à 03h56min

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C’est vraiment une femme pas comme les autres, cette jeune dame, d’ethnie Sambla de 28 ans. Polyvalente, elle manie avec maestria le djembé, le balafon, le doundoun, le bara et assaisonne tous ces instruments par sa douce voix. Par cette activité elle s’occupe de sa famille depuis la mort de son père. Rencontre.
Petite (à l’âge de 5ans), elle accompagnait son père dans les cabarets, ou les cérémonies de baptême, de mariage pour jouer des instruments de musique traditionnelle. Pourtant, dans leur coutume, la femme n’est pas autorisée à taper ni le djembé, ni le doundoun, encore moins le balafon. Elle peut seulement chanter ou danser. Pour cela donc, son père ne voulait pas qu’elle s’attache à cette activité réservée qu’aux hommes. « Il m’en empêchait en m’envoyant laver les plats.

Je le faisais très rapidement afin de pouvoir le joindre au cabaret », a-t-elle confié. Le père a usé de toutes les stratégies pour l’en dissuader. Même par le fouet. Las, il a dû la laisser suivre son chemin. Sur le tas, elle va apprendre les bases fondamentales de certains instruments qu’elle manie aujourd’hui avec dextérité. Aussi, confie-t-elle, « Tous mes grands frères à qui mon père devait léguer son savoir sont tous décédés. Il ne restait que mes deux petits frères et moi. Alors que le papa était devenu vieux et ne pouvait plus travailler ». Il revenait ainsi à Salimata d’aller jouer dans l’espoir de subvenir aux besoins de la famille. Après le décès du papa, c’est elle qui subvenait aux besoins de la famille. Elle va devoir payer la scolarité de sa sœur jusqu’à la classe de troisième et faire face à toutes les obligations.

Afro Faso jeunesse, grâce à Irène Tasembeogo

La diva de la danse chorégraphique au Burkina, Irène Tasembeogo, fut d’un apport et d’un soutien inestimable à Salimata Diabaté. « Grâce à son expertise, j’ai pu forger en moi certaines capacités comme la création en 2008 du groupe de musique et danse Afro Faso jeunesse », indique-t-elle. Seule femme et par ailleurs initiatrice dudit groupe, ils vont rafler plusieurs prix des festivals et autres événements. Par exemple, pour leur première participation à la semaine nationale de la culture 2010, Afro Faso jeunesse s’est emparé du premier prix dans la catégorie musique traditionnelle instrumentale. Sans ambages, elle avoue qu’aujourd’hui, le professionnalisme est une réalité dans Afro Faso jeunesse.

Difficultés

La balafonniste/percussionniste a dû faire fi des critiques et autres moqueries que des femmes mais aussi des hommes lui infligeaient. « D’aucuns disaient même que je ne suis pas une femme, mais plutôt un homme. Des femmes me disaient de me caser au lieu de me promener avec le balafon dans des cabarets. Aujourd’hui, c’est elles qui m’envient et souhaitent même devenir comme moi », dit-elle. Par cette abnégation, la balafonniste récolte bien le fruit de son travail. Cependant, le rêve de tout artiste africain comme celui de Salimata est de pouvoir se produire sur une scène européenne. Pourtant victime de l’analphabétisme, elle avoue ne pas connaître comment cela se passe. « Je ne sais ni lire, ni écrire. Je suis donc à la recherche d’un manager pour le groupe », a-t-elle signifié. Elle dit avoir beaucoup de projets mais les moyens manquent et l’analphabétisme demeure un réel handicap pour les réaliser.

La femme selon elle

Pour Salimata Diabaté, la femme, c’est celle qui sait supporter toute difficulté, mais également celle qui peut donner vie. Ce sont là, les valeurs intrinsèques de la femme à son avis. Célibataire sans enfant, elle affirme se soucier d’avoir au moins un enfant. Elle ne se soucie pourtant pas de se marier parce qu’elle est artiste percussionniste. « Des femmes ont mené des activités aussi contraignantes que la mienne, mais elles se sont mariés et sont heureuses. D’ailleurs, le mariage est une volonté du tout puissant ».

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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