LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

CAUTION POUR LA PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : Vers une démocratie des riches

Publié le jeudi 1er septembre 2011 à 03h55min

PARTAGER :                          

65 millions de F CFA. Tel est le montant de la caution que doit désormais débourser tout citoyen sénégalais qui voudra briguer la magistrature suprême. La nouvelle est-elle à peine tombée que l’opposition est montée au créneau pour dénoncer ce qu’elle considère comme "une entrave à la démocratie". Rappelons au passage que le montant de la caution est successivement passé de 6 millions en 2002 à 25 millions de F CFA en 2007 avant d’être plus ou moins triplé. Pour le pouvoir de Dakar, cela vise à empêcher les "candidatures fantaisistes".

Que diantre ! Que veut Wade ? Pourquoi s’était-il fait élire en 2002 avec une caution modique pour aujourd’hui s’opposer par tous les moyens à toute forme d’alternance en mettant les bâtons dans les roues de la nouvelle classe politique émergente qui, quoique adulée, n’en demeure pas moins désargentée ? Sans doute qu’à l’époque, Wade serait monté sur ses grands chevaux si son prédecesseur avait augmenté le montant de la caution. De la démocratie à la ploutocratie est donc passé le pays du poète visionnaire Léopold Sédar Senghor, qui, sans chercher vainement à ressasser l’histoire, s’était illustré par sa sagesse en matière de gouvernance politique.

Après son projet de ticket présidentiel qui a été vite battu en brèche par une opposition et une société civile vigilantes, Wade joue maintenant sur les moyens pour se faire reélire, et ce, en grevant le montant de la caution. En fait, pour tout dire, Wade vend aux enchères la démocratie sénégalaise. Car, il ne suffit plus désormais d’être un homme politique charismatique choyé par le peuple pour espérer être président au Sénégal, mais d’appartenir à ce cercle concentrique de bourgeois contemporains sans scrupules, qui se tiennent constamment par la barbichette. Ce sont ceux-là qu’il convient d’appeler sans aucune forme d’euphémisme les sangsues de la république. A la réflexion, on se demande s’il n’est pas de bon aloi de conférer la fixation du montant de la caution aux peuples qui, en toute souveraineté et suivant les réalités du pays, départageront les candidats qui aspirent à présider à leurs destinées.

Cela permettra sans doute d’éviter ces cautions rédhibitoires qui ne permettent pas au citoyen moyen de pousser plus loin ses ambitions politiques et ce d’autant plus que la loi fondamentale n’en fixe pas expressément un montant obligatoire. Plutôt que d’élever le montant de la caution pour recaler les candidatures fantoches et loufoques, Wade aurait pu trouver une parade en instituant le système du parrainage qui, en même temps qu’il dissuade certains plaisantins politiques, constitue un baromètre pour chaque formation politique. Cela vaudrait mieux qu’une démocratie qui donne carte blanche aux riches pour narguer à suffisance le peuple.

Boundi OUOBA

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 1er septembre 2011 à 13:05 En réponse à : CAUTION POUR LA PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : Vers une démocratie des riches

    Un parti politique qui se respecte et revendiquant beaucoup de militants,une caution de 60 millions est même dérisoire.Il faut même plus.Nos pays doivent se doter de vrais partis politiques très structurès et non des associations familiales sans sièges,sans adresses.Ca suffit et pour une fois je suis d’accord avec gorgui

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique