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Tingréla : Une ferme prise en otage

Publié le vendredi 26 août 2011 à 02h13min

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Les ex-travailleurs de la ferme agricole de Banfora (FABA) ont bloqué, le 25 août 2011, l’accès à la ferme, située à Tingréla, à environ 7 km de Banfora sur la route de Sindou. Armés de machettes, de gourdins et de pierres, ils exigeaient le paiement immédiat de leurs droits, estimés à plus de 46 millions de franc CFA, résultant d’un verdict rendu par le tribunal de travail de Bobo.

Après une marche qui les avait conduits au haut-commissariat de la Comoé le 9 août dernier, les ex-travailleurs licenciés de la FABA (une bananeraie) se sont de nouveau signalés ce 25 août 2011. Armés qu’ils étaient de gourdins, de machettes et de pierres, ils sont allés bloquer à l’aube l’entrée de la ferme, où le repreneur, M N’Gollo Drissa Ouattara, un opérateur économique, est actuellement en train de procéder à la récolte depuis quelques jours.

Les raisons d’un tel branle-bas sont qu’après la marche, le repreneur, au lieu d’effectuer le règlement, a procédé au licenciement d’un travailleur le 13 août dernier. « Nous sommes les anciens et je suis un délégué. Nous avons marché et j’étais devant pour réclamer nos droits. L’argent ne devait pas sortir de sa poche, mais normalement de celles de nos anciens employeurs ; mais, étant donné qu’ils sont loin, le nouveau repreneur a promis de nous régler. Nous marchons pour ces droits et c’est pourquoi il m’a dit de ne plus mettre les pieds à la ferme alors qu’il m’a utilisé 18 mois », a expliqué la victime, Ollo Kam.

Les délégués des manifestants affichaient une certaine fermeté. « Nous sommes ici et si nos droits ne sont pas payés, personne ne rentre à la ferme, personne n’en sort, nous n’allons pas agresser quelqu’un », ont indiqué ces derniers, qui regrettent que ce soit parce qu’ils le laissent continuer sa commercialisation que personne ne les écoutent. A les entendre, l’opérateur économique aurait même refusé de répondre aux appels du chef du canton de Tingréla alors que les terres leur (les différents employeurs) ont été données afin qu’ils assurent en contrepartie l’emploi des jeunes de la localité.

En tout cas, la position des 59 ex-travailleurs licenciés était qu’on leur verse leur due dans l’immédiat, et ils attendaient de pied ferme le repreneur, qui ne devait avoir accès à sa ferme qu’à condition qu’il leur règle leur du.

Face aux manifestants à une dizaine de mètres, un frère de l’opérateur économique, Tiémoko Ouattara, attendait calmement. Venu pour l’exploitation agricole à bord du véhicule hérité de la ferme, il ne pouvait pas poursuivre son chemin : « Je suis arrivé ici à 6h45 mn, ils m’ont arrêté et enjoint de descendre de la voiture, de ne pas appeler et de ne pas décrocher mon téléphone », a soutenu ce dernier. « Par rapport à leurs droits, je ne peux pas donner une réponse.

Ils disent qu’ils ont leur argent à la FABA alors que nous ne sommes pas la FABA. Nous, c’est la ferme N’GOLLO Drissa », a dit ce dernier, qui a expliqué qu’ils ne peuvent pas les empêcher de réclamer leurs droits à la FABA. De l’avis de Tiémoko Ouattara, si tu réclames tes droits à quelqu’un qui ne te doit rien en fait, c’est compliqué ; « je crois que nous devons ensemble chercher la solution, mais ils en ont fait notre problème », a-t-il estimé.

En clair, les ex-travailleurs frappent à la mauvaise porte en leur réclament leurs droits. L’affaire est devant la justice, l’opérateur économique ayant fait appel du verdict. Sur le récent licenciement, Tiémoko Ouattara est on ne peut plus clair : celui qu’ils ont remercié serait gênant pour la bonne marche du travail à la ferme.

Après avoir bloqué l’accès à la ferme de façon pacifique, les frondeurs laissaient passer les usagers de la voix Banfora-Sindou. Aux environs de 8h, la permission a été donnée au frère de l’opérateur économique de récupérer son véhicule et de quitter les lieux. Le mouvement, lui, s’est poursuivi jusqu’à l’après-midi. Et s’il doit continuer, la crainte du repreneur est que la production pourrisse dans la ferme.

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 28 août 2011 à 04:01, par KOHOLE En réponse à : Tingréla : Une ferme prise en otage

    Je crois qu’il faut etre realiste et ne pas empecher ce dernier exploitant d’expedier sa marchandise. Autant vous revandiquer des droits, autant vous devez etre conscient du devoir citoyen et des droits des autres autour de vous. Dans un pays de droits, il n’ya pas que le droit, mais aussi le devoir, la limite. J’en appel a votre civisme et a votre patriotisme. N’agissez pas a la place de la justice. Soyez patients, et je ne crois pas que ce soit la meilleure strategie d’entrer en possession de ce qui vous est du.

    • Le 29 août 2011 à 01:36, par Devoir citoyen En réponse à : Tingréla : Une ferme prise en otage

      Mr KOHOLE, je crois que vous parlez aussi de ce que vous ne comprenez pas. Avant de demander aux autres de se calmer et de laisser la récolte se faire dans ce verger, ce qui est bien normal, mais il faudrait d’abord vous poser la bonne question qui est de dire pourquoi un verger litigieux a été acheté par acquerrant sans que celui-ci ne cherche a résoudre le litige avant la transaction ? C’est comme si en bourse vous achetez des actions pourries et après vous refusez d’assumer les conséquences. Je crois que le verger ne devrait pas être vendu et donc si celui qui l’achète doit répondre a ces soucis. Alors il faut arrêter les actes de vandalismes certes mais la justice devrait confisquer le verger jusqu’à jugement final avant d’autoriser sa vente. C’est inadmissible que dans un pays dit de droit on puisse permettre ces genres de transactions pourries ou auquel cas c’est le nouvel acquerrant qui a fait une mauvaise affaire et donc doit rembourser les dettes. C’est toujours les pauvres qui doivent payer les pots cassés. Pourquoi ?????

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