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Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

Publié le mercredi 24 août 2011 à 03h11min

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Le phénomène des taxis à gaz prend de l’ampleur dans la ville
de Bobo-Dioulasso, malgré l’interdiction du gouvernorat de la région des Hauts-Bassins. Dans l’entretien qu’il nous a accordé le lundi 22 août 2011, le secrétaire général de la Fédération des syndicats
des taximen de Bobo-Dioulasso, Sinaré Coulibaly, revient sur cette question et bien d’autres comme le prix du taxi qui s’élève à 300 F CFA, le client et l’état de vétusté généralisée des taxis de la ville
de Sya.

Sidwaya (S.) : Depuis un certain temps, la plupart des taxis de Bobo-Dioulasso fonctionnent au gaz. Qu’est-ce qui explique ce changement d’énergie de fonctionnement ?

Sinaré Coulibaly (S.C.) : Dès le début du phénomène, la fédération des taximen a évoqué ce problème avec l’ancien gouverneur des Hauts-Bassins, Pascal Benon, le Centre de contrôle de véhicules automobiles (CCVA), le bureau de transport, la gendarmerie et la police. Les échanges ont duré près de 6 heures et il est ressorti que la pratique est venue des 504 qui font le trajet Bobo-Dioulasso Ouangolo et Bobo-Dioulasso Bama. Il faut dire qu’elle s’explique par la vie chère, le coût de l’essence qui a augmenté, si l’on sait qu’on était à 200 F CFA le client. Nos recettes ont diminué et les clients se faisaient rares. Les taximen ont transformé leurs véhicules en gasoil, mais là aussi, le prix était presqu’égal à celui de l’essence. Ils se sont donc tournés vers le gaz qui est plus rentable. En effet, les 7 kg ne dépassent pas 4 000 F CFA et peuvent faire toute la journée.

S : Dès le début du phénomène, le gouverneur de la région des Hauts-Bassins a rappelé que cette pratique est interdite parce que dangereuse. Qu’est-ce qui est ressorti de cette rencontre ?

S.C. : Le gouverneur a donc souhaité que tout soit fait pour que la pratique puisse cesser. Il a proposé d’envoyer des agents pour sensibiliser les taximen à abandonner la pratique. Nous avons souhaité nous-mêmes faire le travail, parce que ce n’est toujours pas évident si ce sont les policiers (qui sont pourtant nos collaborateurs) qui le font. Ce n’est aussi pas facile d’abandonner, parce que la pratique a un coût. Des taximen ont déboursé plus de 150 000 à 200 000 F CFA pour la transformation du gasoil en gaz et ce sera le même coût pour revenir au gasoil. Nous demandons donc du temps pour abandonner progressivement le phénomène des taxis à gaz.

S. : A quand donc l’abandon total de cette pratique ?

S.C. : Pour l’instant, nous sommes à la phase de recensement des taxis de la ville. Nous les classons par source d’énergie notamment le gaz, l’essence et le gasoil. C’est à la suite de ce recensement qu’on contactera les taximen qui utilisent le gaz comme source d’énergie pour les sensibiliser. Nous sommes déjà à 500 taxis recensés sur un total de plus de 1 000 que compte la ville, même si ce n’est pas sûr que ces 1 000 taxis fonctionnent toujours.

S. : Ce procédé n’use-t-il pas les taxis, si l’on sait qu’ils ne sont pas conçus pour fonctionner au gaz ?

S. C. : Les taximen se sont rendu compte que le gaz use le moteur. Certains disent qu’ils changent plus de 4 bougies par jour, parce que le montage est défectueux.

S. : Comment expliquez-vous le fait que le taxi coûte 300 F CFA à Bobo-Dioulasso et 200 F CFA par personne à Ouagadougou si l’on sait que Ouagadougou a un rayon plus large que Bobo-Dioulasso ?

S. C. : Le prix de Ouagadougou est fixé à 200 F le client, parce qu’il s’agit de course en ligne, c’est-à-dire des quartiers périphériques vers le centre-ville uniquement. Pourtant à Bobo-Dioulasso, le prix est à 300 F le déplacement d’un bout de la ville à l’autre. Aussi, les déplacements dans le centre ville coûtent 300 F CFA le client et 400 F CFA dans les quartiers périphériques. La zone industrielle et l’aéroport sont à 500 F CFA et le prix des courses rapides dépend des taximen.

S. : On reproche également aux taxis de Bobo-Dioulasso leur état de vétusté généralisée. Ceci a-t-il une explication ?

S. C. : Un véhicule neuf coûte extrêmement cher pour en faire un taxi. Par exemple, une 305 neuve coûte entre 8 à 9 millions de F CFA. Avec la cherté du carburant et le manque de clients, c’est difficile de pouvoir s’acheter un véhicule neuf pour en faire un taxi. C’est pourquoi les gens se sont rabattus sur les véhicules « France au revoir ». Pourtant, ces véhicules sont parfois déjà amortis après 10 à 15 ans d’utilisation. De plus, l’état de nos infrastructures routières joue beaucoup dans la détérioration de nos taxis.

Entretien réalisé par Jean-Marie TOE & Ousmane TRAORE (Stagiaire)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 août 2011 à 08:54, par Oumou Dilli En réponse à : Burkina Vive les énergies renouvellables !!!!!

    Les taximens ont bien raison de s’adapter en utilisant une source d’energie moins chère ! Il faut savoir qu’en Hollande plus de 50% du parc automobile roulent au gaz ! Donc le gouvernement doit faire des recommandatons pour les installations de gaz et non interdir !
    De plus le recourt au biodiesel, au biogaz et au véhicules electriques (en chargant les batteries avec l’energie solaire) pourrait nous rapporter du crédit carbone qui se traduirait en millions de dollards !
    Burkinabè ! du génie au lieu de parler d’INTERDICTION !!!!

    • Le 24 août 2011 à 14:28 En réponse à : Burkina Vive les énergies renouvellables !!!!!

      Chef, peut etre que vous n’avez pas compris ? Il s’agit d’interdire l’utilisation du gaz sur des taxis qui ne sont pas adaptés pour cette energie. Monter le systheme du gaz sur des vehicules (taxi) qui sont aussi vetuste et non adapter pose des problèmes de securité (incendie du vehicule....) et c’est pourquoi, il faut l’interdire..........

  • Le 24 août 2011 à 10:16, par leregard En réponse à : Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

    A mon avis, il faut plutôt voir comment améliorer la sécurité des personnes embarquées dans ces taxi à gaz en adoptant un système sûr en lieu et place du bricolage. Il y a dans le monde de nombreux véhicules qui circulent à gaz. Même qu’une grande métropole asiatique, pour lutter contre la pollution atmosphérique due en partie aux fumées dégagées par les véhicules , a opté pour le gaz. l’atmosphère est plus propre. je crois qu’il faut soutenir cette initiative qui contribue également à diminuer les rejets de CO2 dans atmosphère. Cela peut-être pris comme une contribution du Burkina à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il faut voir si les instruments financiers internationaux mis en place dans le cadre la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) ne peuvent pas être sollicités pour mieux équiper ces taxis. Ces taximen sont à féliciter.

  • Le 24 août 2011 à 15:02 En réponse à : Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

    Est-ce normal d’utiliser le gaz qui est subventionné pour la cuisine à d’autres fins ? Les juristes peuvent-ils éclairer notre lanterne ?

  • Le 24 août 2011 à 16:28, par Le Duc En réponse à : Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

    Le problème effectivement est que le gaz butane est subventionné au Burkina afin d’encourager l’utilisation de ce produit vs le bois de chauffe et le charbon.
    Ceci permet de lutter contre la désertification ,est moins polluant et soulage les ménégères.

    Son utilisation à d’autres fins autre que la substitution au bois de chauffe est une activité détournée qui engendre un manque à gagner pour l’Etat. C’est comme si l’Etat subventionnait ces taximan . Si le phénomène continu cela pourra inciter les particuliers qui sont également frappé de la vie chère à consommer le gaz subventionné pour leur locomotion et ce sera double perte pour l’Etat :
    1/ La suvention qui coûte au contribuable
    2/Les volumes d’essence et de gasoil vont diminuer donc moins de recette fiscale sur ces produits.

    Pour un Burkina émergent , il faut avoir des politiques claires et mettre les mécanismes de contrôle des indicateurs.

  • Le 24 août 2011 à 16:53 En réponse à : Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

    Haii ! mon ami, toi aussi. Est ce qu’on a besoin de juriste ici encore. Celui qui veut payer le gaz subventionner pour la cuisine même si c’est pour boire où est le problème.

  • Le 24 août 2011 à 19:33, par Alexio En réponse à : Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

    Bravo !Taximen de BOBO pour votre creativite.Alors que je vous remercie de cette iniative qui sauvera notre environement contre l essence,le gazoil qui produisent le nuisibles gaz qui a ravager ici en Europe l air qu on respire.Regardez la chine,elle entrain de tomber sur les pieges que les europeens.Pourquoi interdire le gaz commes source d energie ?Ici enrope les buss,les bateaux taxi tous emploient le gaz pour reduire l impact sur lenvironnement,la pollution ,qui a son tour contribu au changement climatique.

  • Le 24 août 2011 à 20:49, par Lucie En réponse à : Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

    Il faut arreter d’écrire des inepties et d’encourager l’incurie des taximen de Bobo. Dans quelle Europe vivez vous ? Avez vous deja vu un bus trimbalant une bombonne de gaz ? arretez de divertir les gens, moi aussi j’y vis et je n’ai jamais été temoin d’une telle pratique. Pensez vous aux éventuelles conséquence de la fuite ou de l’explosion d’une de ces bouteilles pour les occupants du véhicule et meme du voisinange ? svez vous seulement que 7 kg de gaz butane volatile dans l’air peut faire des dégats de 30 m de rayon ? Ce site n’est pas un terrain de jeu, veuillez garder le silence au lieu de débiter de tels non-sens.

  • Le 24 août 2011 à 20:50, par AM En réponse à : Sinaré Coulibaly, SG de la Fédération des syndicats des taximen de Bobo-Dioulasso : Il faut du temps pour abandonner le phénomène des taxis à gaz

    Il faut interdire trois fois même s’il le faut. Comment un taximan peut-il embarquer dans son coffre à bagages trois bouteilles de gaz butane pendant qu’on nous parle de pénurie de gaz pour les foyers.
    Ces taxis à gaz sont des bombes ambulantes et les autorités ne font rien pour sévir. Il faut attendre que ça explose avant de nous sortir le GROS FRANÇAIS pour expliquer et masquer leur défaillance. Il sévir vite et fermement.

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