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Amadou Sondé, président-fondateur de Doonya Technologies : « Une entreprise qui n’investit pas aujourd’hui dans les technologies court le risque de ne plus exister demain »

Publié le mercredi 24 août 2011 à 03h12min

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Ingénieur en technologies numériques de communication et titulaire d’un Master en entrepreneuriat et management des innovations, Amadou Sondé est un passionné des TIC et de l’entrepreneuriat. En 2009, à seulement 26 ans, il crée sa première entreprise de services en télécommunication, Doonya Technologies (www.doonya.fr). Basée en Europe, Doonya , comme son nom l’indique, va à la conquête du monde en s’intéressant au marché ouest-africain où le secteur des TIC connaît un dynamisme particulier. Dans cet entretien, le président-fondateur du groupe parle du secteur des télécoms et des ambitions de sa structure, notamment son implantation prochaine au Burkina, son pays natal. Un nouveau concurrent pour les réseaux de téléphonie ?

Faso-tic.net : Dites-nous, comment est née Doonya Technologies ?

Amadou Sondé : C’est au cours d’un stage que l’idée m’est venue en tête. Je me suis rendu compte que, dans les entreprises, il existe beaucoup d’outils de communication, mais les gens ne sont pas pour autant joignables et cela coûtait cher. C’est de là qu’est partie l’idée de création de Doonya technologies. J’ai alors travaillé avec les laboratoires de mon école (Télécom Lille1) pour mettre au point une application de télécommunication. Nous avons donc créé une plateforme logicielle qui permet de centraliser tous les outils de communication sur une seule interface.

Faso-tic.net : Qu’est-ce que vous proposez comme services et solutions ?

Amadou Sondé : Doonya Technologies est une société de conseil et d’ingénierie en technologies numériques de communication. Nous concevons et commercialisons des solutions de télécommunication utilisant les technologies VoIP (Voice over IP).
Doonya technologies organise son activité autour de trois Business Units : Conseil en systèmes de télécommunication, formation en technologies de communication (VoIP/ToIP) et ingénierie (développement sur mesure et intégration de solutions de communications unifiées).

Avec son infrastructure d’Internet Telephony Service Provider (Opérateur de téléphonie par Internet), Doonya propose des services de téléphonie hébergée, des solutions de téléconférence (audio, vidéo et web) et de la terminaison d’appels en France et en Europe.
Faso-tic.net : Vous êtes actuellement basé en Europe et principalement en France, à quand votre implantation en Afrique ?
Amadou Sondé : Vous savez que Doonya signifie dans plusieurs langues africaines « le monde, la terre, … ». Cela traduit la volonté et l’ambition de développer nos activités en dehors du territoire où se trouve notre siège social.

L’Afrique de l’Ouest nous intéresse beaucoup et nous avons déjà entrepris des actions de commercialisation au Ghana, au Mali et au Burkina. Maintenant, nous avons en projet de créer une filiale au Burkina dès le début de l’année 2012. Nous sommes en train de constituer l’équipe et d’adapter nos solutions au marché local et sous-régional.

Faso-tic.net : Votre future filiale au Burkina va-t-elle garder le même nom, Doonya ?

Amadou Sondé : Non, nous allons changer de dénomination. Doonya, comme je l’ai dit, est un mot courant dans nos langues et il y a beaucoup d’entreprises ici qui l’utilisent déjà. La filiale va donc s’appeler Advencya Technologies. Je crois fortement que faire « avancer les technologies » dans nos pays, permettra de développer tous les autres secteurs et donc de contribuer à offrir plus du bien-être à nos populations. L’objectif d’Advencya est d’être un acteur majeur des TIC dans la sous-région.

Faso-tic.net : Advencya proposera-t-elle les mêmes services que Doonya ?

Amadou Sondé : Pas exactement parce que les marchés ne sont pas les mêmes. Advencya va proposer des solutions en réseaux informatiques et télécoms. Advencya se positionne comme une société d’ingénierie et de conseil en technologies. Nous allons accompagner nos clients sur leurs projets informatiques et télécoms. Nous envisageons également de bâtir un centre de R&D avec nos laboratoires partenaires, pour développer des produits innovants à forte valeur ajoutée pour les entreprises africaines. Notre culture d’innovation sera valable ici aussi !

Faso-tic.net : Les coûts seront-ils à la portée des entreprises burkinabè qui sont pour la plupart des PME ?

Amadou Sondé : c’est vrai qu’on a tendance à dire que la technologie coûte chère ! Mais je pense qu’on doit plutôt prendre cela comme des investissements structurants aussi bien au niveau des entreprises que des Etats. Les TIC permettent de gagner en efficacité et en productivité, de réduire les coûts de fonctionnement et donc de faire des bénéfices.

Prenez par exemple, une entreprise qui renonce à acquérir un système de télécommunication performant sous prétexte que cela coûte cher. Elle n’a pas pensé que, grâce à ce système, son chiffre d’affaire peut être multiplié par 2 ou 3, et donc ses bénéfices aussi. Le retour sur investissement est rapide et intéressant.
Il faut prendre les technologies comme des outils permettant aux entreprises d’être plus compétitives. Si elles n’investissent pas aujourd’hui, demain elles courent le risque de ne plus exister !
Pour paraphraser quelqu’un de notre domaine : « si vous voulez vraiment savoir l’importance des technologies, essayez de vous en passer. Essayez de vous passer d’un téléphone ou d’Internet aujourd’hui... »

Notre but, c’est de proposer des solutions innovantes et performantes aux entreprises ouest-africaines. Les coûts seront adaptés à leurs besoins, mais ce ne sera pas non plus des solutions « low cost ».
Faso-tic.net : Internet n’est pas très bien entré dans les mentalités, avez-vous tenu compte de ce paramètre dans votre projet ?
Amadou Sondé : C’est vrai que l’infrastructure Internet est embryonnaire. C’est vrai qu’il y a des problèmes de connectivité. Mais, nos solutions ont pris en compte ces éléments. Aussi, avons-nous développé des passerelles afin de nous interfacer facilement avec les réseaux déjà déployés à savoir le réseau GSM ou le réseau de téléphonie classique. Nos solutions de télécommunication seront hybrides afin de répondre au marché. Nous savons qu’Internet va décoller au Burkina Faso et dans la sous-région, nous voulons anticiper pour encourager le développement de l’Internet et des autres TIC.

Et puis, s’il n’y a pas d’acteurs, s’il n’y a pas de demande, je ne suis pas sûr que les opérateurs aillent chercher la connectivité et la bande passante nécessaire parce qu’il n’y aura pas de services. Nous voulons vraiment développer ces services, quitte à aller titiller les opérateurs ou les fournisseurs d’accès Internet pour qu’ils nous offrent cette connectivité.

Faso-tic.net : L’une des solutions que vous proposez, c’est de la téléphonie sur IP, peut-on alors vous considérer comme un concurrent des réseaux de téléphonie mobile ?

Amadou Sondé : On sera plutôt co-pétiteur comme on le dit dans notre jargon. Sur un segment du marché, on sera concurrent mais sur un autre, on sera partenaire. Aujourd’hui, le marché est vaste. Il faut réussir à travailler de bonne intelligence. Dans un domaine, s’il n’y a pas de concurrent, ça veut dire qu’il n’y a pas de dynamisme dans ce marché. Il ne faut pas prendre la concurrence toujours dans un sens négatif. Il faut plutôt la prendre comme quelque chose qui va booster le secteur et qui va permettre de dynamiser le marché et c’est ce qu’on fait. D’ailleurs, on a des solutions pour ces opérateurs. Mais pour certains de nos clients, nous allons leur proposer de la communication internationale qui sera peut-être en concurrence avec ce que les opérateurs de téléphonie proposent.

Faso-tic.net : Concrètement, quel sera l’apport de Advencya dans le développement des entreprises burkinabè ?

Amadou Sondé : L’objectif de Doonya, c’est de bâtir des applications de communications intelligentes. Ce que nous proposons comme valeur aux sociétés burkinabè et de la sous-région, c’est vraiment d’avoir des solutions qui leur permettent d’être performantes, de pouvoir communiquer simplement et à des coûts intéressants. Aujourd’hui, le budget télécom de certaines entreprises est très élevé. La plupart des équipements qu’ont ces entreprises sont des équipements de gros constructeurs qui coûtent chers et qui ne sont pas à la portée des PME. C’est plutôt les grandes entreprises qui les utilisent. Vu que ces entreprises ne sont pas présentes, il y a chaque fois des problèmes de supports. Nous disons aux entreprises : nous vous apportons des solutions répondant à vos besoins, le support nécessaire et nous serons présents à vos côtés.

Faso-tic.net : En tant que jeune entrepreneur dans les télécoms, quels conseils à ceux qui voudraient embrasser le secteur ?
Amadou Sondé : Le secteur des télécommunications est un secteur très dynamique. Au niveau mondial, il arrive juste après le pétrole. Ce domaine fait partie d’un secteur plus large qu’on appelle le secteur de « l’économie numérique » qui regroupe les technologies, les télécoms et les médias.

C’est un secteur porteur, il y a de l’emploi, et on a besoin des compétences. En tant qu’employeur, je recherche des gens bien formés et motivés, des « geeks ». J’encourage les jeunes burkinabè qui sont passionnés par ce domaine à s’y lancer. D’ailleurs, mon entreprise va aussi s’engager dans la formation. Je vais demander à tous mes collaborateurs et consultants de prendre une partie de leur temps de travail pour participer et accompagner les différents instituts et écoles technologiques de la place dans l’élaboration de modules de formation. C’est aussi ça notre rôle social. Moi, honnêtement, ça ne m’intéresse pas de faire venir à chaque fois des expatriés pour travailler sur le marché local. Je vais travailler à ce qu’on puisse trouver ces compétences sur place. Je suis déjà en discussion avec des instituts pour monter des formations diplômantes dans les domaines des technologies numériques de communication.

Entretien réalisé par Moussa Diallo

Faso-tic.net

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