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Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

Publié le mardi 23 août 2011 à 04h12min

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Dédougou ou la cité de Bankuy connaît tout comme Bobo-Dioulasso des appellations souvent trompeuses du genre : « Dédougou, le grenier du Burkina », « Dédougou, la plus grande région du Burkina », « Dédougou, le bastion du coton burkinabé », « Dédougou, la région la plus peuplée du Burkina après Ouagadougou », etc. Elles ne sont pas exhaustives. Malheureusement pour le visiteur qui arrive pour la première fois dans cette ville, rien de tout cela ne transparait. Ni dans la physionomie de la ville, de la région, encore moins dans le comportement des Dédoulais.

D’abord dans la physionomie de la ville, l’une des plus vieilles du Burkina qui a un passé assez glorieux. La rue bitumée dans la ville de Dédougou l’est il y a seulement quelques années. Elle est seulement longue de deux ou trois kilomètres. Elle contourne tout simplement. Elle débuté au Nord, contourne le marché et prend fin juste après sur la route de Ouagadougou. La route de Bobo, la nationale n°10, qui a été le premier goudron connu des Dédoulais s’arrête juste au niveau du rond-point Nazi Boni. Ce qui a fait dire à un ressortissant de Dédougou que ce goudron n’arrive pas à Dédougou.

Ce qui n’est pas faux puisqu’en réalité, il ne concerne pas les habitants de Dédougou mais plutôt tous ceux qui viennent de Bobo-Dioulasso pour Dédougou. Puisque, si un Dédoulais veut l’emprunter, il faut nécessairement qu’il quitte sa ville pour une destination vers Bobo-Dioulasso. En d’autres termes, les Dédoulais n’ont connu le goudron, le vrai goudron qu’en début des années 2000. Tous les enfants qui sont nés avant ces années et qui n’ont pas eu la chance d’aller dans une ville où il y a du goudron, ne l’ont jamais connu avant ces années-là. Savez-vous qu’on n’a pas eu honte pour justifier l’annulation du 8-Mars dernier à Dédougou par le fait que le seul goudron qui devait relier les deux plus grandes régions du Burkina n’était pas prêt ?

Ensuite, la ville ne dispose d’aucun caniveau, ni de canal d’évacuation des eaux de pluie. C’est dire que lorsqu’il pleut dans la ville du « grenier du Burkina », l’eau se débrouille comme elle peut. Et chaque habitant prend les dispositions nécessaires pour ne pas la recevoir dans sa maison. C’est dire que la voirie et l’assainissement sont des langages que les Dédoulais n’ont pas encore dans leur vécu quotidien. Le visiteur qui arrive pour la première fois à Dédougou est accueilli par ces vielles bâtisses coloniales qui sont pour la plupart en train de devenir des ruines. Un tour dans la zone administrative suffit pour se rendre compte d’une telle réalité. Alors que ces bâtiments rénovés pouvaient bien servir à des services qui ne disposent pas de bâtiment. De bâtiments, parlons-en.

Quand on fait le tour de la ville, seuls quelques-uns d’entre eux permettent de savoir qu’on est dans la capitale du « grenier du Burkina ». Et ce sont notamment l’hôtel Zind Naba, les locaux de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG). Puis plus rien. Même le gouvernorat actuel n’a pas eu droit à une clôture. Les nouveaux bâtiments du Conseil régional et du gouvernorat dont les travaux sont achevés ne sont pas encore occupés. Il semble qu’en dehors de la direction régionale des impôts (et ça se comprend), ils sont assez rares les services déconcentrés qui ont des locaux accueillants. Même la direction régionale de l’agriculture occupe des locaux jadis occupés par les ex-ORD. Et pourtant, si on considère que Dédougou est le grenier d u Burkina, c’est parce qu’il y a de l’agriculture.

Enfin, en matière d’industrie, en dehors des usines de la Sofitex et de celles qui sont liées aux produits dérivés du coton, pour dire que c’est le bastion de la production, Dédougou n’en possède aucune autre. Et pourtant, ce ne sont pas les atouts qui manquent. Encore moins la main-d’œuvre d’autant plus que c’est la deuxième région la plus peuplée après celle du Centre.

Quid des filles et fils de cette région ? Au lieu de se coaliser pour défendre les intérêts de leur région, ils passent le plus de temps à se jeter des peaux de banane. Alors que chacun à sa place dans une si grande région. Finalement, on a l’impression que tout ce qui fait de Dédougou une grande région, l’empêche d’être cette grande région dans la réalité.

Vivement qu’avec les travaux du Millenium Challenge Account dont la région va bénéficier, elle décolle effectivement pour mériter ses multiples appellations qui, pour le moment sont tous flatteurs.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 23 août 2011 à 05:38, par le burkinabe de Hollywood En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Merci pour cet article. le delaissement de l’ouest ne date d’aujourdhui. cela a failli entrainer une cessession de l’ouest avec le Mouvement Autonome de l’Ouest. il n’ya pas tres longtemps. les vieux demons peuvent ressurgir surtout avec la constitutionalisation des chefs coutumiers. l’ouest dans ses communautes n’est pas structure comme les societes mossi et apparentees. donc il faudra prendre en compte une multitudes de chefs comme responsable coutumiers.
    A dedougou c’est vraiment la honte. tout tombe, rien n’est renouvelle. mais souvenez vous des manifestations apres le retrait du 8 mars. les gens se reveillent un peu un peu. et ca peut faire mal un jour si on n’y prend garde

  • Le 23 août 2011 à 10:21, par Qui suis-je ? En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Voilà qui est bien dit, je ne suis pas de la région, mais la description de cette région est comparable à des régions laissées pour compte : Cascades, Hauts Bassins et Sud-Ouest. Nos cadres se contentent des postes ministériels à problème (Réformes politiques) alors que les cadres des autres régions ont des ministères clés de dévéloppement. Quelle honte d’être ressortissant de ces 03 régions.

    • Le 23 août 2011 à 17:54, par Jamanatigui En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

      Effectivement l’auteur confond la région de la boucle de mouhoun qui constitue le véritable grénier du Faso à la ville de Dédougou.
      C’est une véritable erreur d’appréciation le fait de d’affirmer que le goudron bobo-dédougou ne profite pas aux dédougoulais. combien de temps mettons nous pour relier les deux villes ? Quoiqu’on dise le bitumage de cette voie a été d’un grand apport en terme de circulation des personnes et d’échanges commerciaux.
      Donc, c’est juste de reclamer des meilleures conditions de vie mais sachons apprécier les éfforts déjà consentis.

  • Le 23 août 2011 à 10:35 En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Dédougou, le seul chef lieu de région non relié encore par le goudron à la capitale...

  • Le 23 août 2011 à 10:44, par Norbert En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    juste pour dire à celui qui a écrit cet article que Dédougou n’est pas une région mais le chef lieu de la région de la Boucle du Mouhoun (plus grande région et aussi l’une des plus peuplée et bastion du coton). cela est vrai et confirmer par les statistiques. maintenant que la ville de dédougou ne soit pas à l’image de la position de la région, c’est autre chose et cela devrait être dit autrement !

  • Le 23 août 2011 à 11:38, par adams En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Bonjour
    J’apprécie positivement votre article sur Dédougou.Mais je crois que la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui Dédougou et toute les provinces environnantes(BANWA ;KOSSI ;NAYALA ;SOUROU) sont de la faute de l’état.
    Ce sont les seules provinces au BURKINA à ne pas être relié à la capitale par du goudron.C’est un situation cascadeuse due au fait de l’importance de cette région dans notre pauvre économie.
    C’est l’état qui à créer ce développement à double vitesse en développant certaines zones et en délaissant d’autres.
    Je suis un fonctionnaire dans la zone,je sais que 80% des Ouagalais ne connaissent pas l’enclavement que nous vivons.
    DONC LA ROUTE DU DÉVELOPPEMENT PASSE PAR LE DÉVELOPPEMENT DES ROUTES.Malheureusement notre gouvernement ne connait pas ce adage !En d’autre termes si on ne fait rien dans ce sens,faut pas s’attendre à un boum de Dédougou.
    Personne ne viendra investir dans une région inaccessible !!

  • Le 23 août 2011 à 11:44 En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Mme Kani, même si ce que vous dites est vrai, vous exagérez en pensant que le goudron Bobo-Dédougou ne sert qu’aux Bobolais se rendant à Dédougou. Ne sert-elle pas aussi et surtout aux Dédougoulais se rendant à Bobo.
    En plus je constate que vous employez certaines expressions de façon quelque peu hasardeuse. Je vous informe que Dédougou n’est pas une région mais le chef-lieu d’une région.
    Je vous encourage à soigner votre expression, qui semble plus proche de l’oral que de l’écrit, ainsi que l’agencement de vos idée.
    Dans le fond votre écrit soulève un problème réel dont, avec ce vent de décentralisation (fictif ou réel ?) qui souffle sur notre pays, les Dédougoulais sont les principaux responsables. Votre frère T. Abel Coulibaly me semble le mieux placé pour animer des campagnes de sensibilisation dans les magnifiques cabarets de la cité de Bankuy (le nom de la ville si je ne m’abuse) !
    Amicalement

  • Le 23 août 2011 à 12:34, par Yaro En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Tu as parfaitement raison. si on n’y prends garde cette région va devenir le Darfour du Burkina. L’import-"export" ne developpe pas un pays...il faut de la production (et comme disait les physiocrates, "il n’ya de richesse que la terre"). Et Dédougou en a toutes les potentialités, pourtant toute la boucle du Mounhoun n’a aucune bonne route et pas un seul goudron (à part recemment celui qui relit DDG à B-Dsso). Attention chers politiciens...

  • Le 23 août 2011 à 13:02, par abifolé En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    bien dit sauf qu’il faut insister sur le rôle des fils et filles de la région dans dans le developpement de leur province. combien de ressortissants ont des maisons à dédougou ? combien de politiciens rendent visite aux services techniques de la région qd ils viennent à DDg ? que dalle. alors que les paysans se réfèrent à ceux qu’ils estiment modèle pour leur developpement.Sinon comment peut on comprendre que le fleuve Mouhoun coule toute l’année et qu’il n’y ait personne pour faire de la maraicherculture à dédougou ?comment peut on comprendre qu’autant de paysans se retrouvent millionnaire en fin de saison et ne savent qu’acheter des motos neuves chaque année alors qu’ils pourraient construire de belles maisons à DDg qui en a besoin la demande étant énorme(bcp de fonctionnaires).Il ya bcp de choses à faire à dédougou par l’Etat mais il faudrait que les enfants de dédougou se lèvent. En dehors du Festima qui est biannuels aucune autre manifestation ne permet population de dédougou de se retrouver pour communier ensemble, cela est très grave même les efforts des diifférents administrateurs pour rassembler les fils et filles de la régions ont échoué (rencontre de moundasso). Dédoulais réveillez vous !!!!!!!!!

  • Le 23 août 2011 à 14:12 En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Mon frère tn article est propr, rien à redire. Effectivement a ddgou il nya rien. Mw j’y sw affecté mè jè été découragé juste aprè kdougou car sè la vw rouge et arivé jétai plus deçu car la vil nè rien dotre kun hamaux. sè la seule région ki nè pa relié à la capitale par l goudron.Mè il fo venir pr vwr sinon kan tu est à ouagadougou on parl d ddgou com une grande ville mè hélas sè lherbe.
    Mn frèr merci !

  • Le 23 août 2011 à 15:44, par Flouz En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    J’ai fait un tour à Dédougou, je n’ai plus rien à ajouter à cet article !

  • Le 23 août 2011 à 18:07, par oumsé En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    je pense souvent que les ressortissants de l’Ouest exagèrent un peu quand ils disent que l’état délaisse l’Ouest. oui on est d’accord mais sachez que les populations de l’ouest aussi ont une part de responsabilité. sinon comment comprends que les villes telles que Tenkodogo, ouahigouya, koupéla sont entrain d’évoluer pendant que celles de Banfora, Dédougou même Bobo sont stagnes. Les mêmes réalisations avec des todies en pleine ville,...Voulez vous dire qu’à part ouaga qui n’oubliez pas ! est la capitale, c’est l’état qui fait développer Tenkodogo et autres ? non c’est les populations et les fils de ces régions. Ceux de l’Ouest préfèrent venir construire chez les mossi à Ouaga et délaissent leurs propres villes et après ils se plaignent. si vous attendez l’état (ayiwaa) dormez et vous verrez

  • Le 23 août 2011 à 20:07, par Lass K En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Cet article na meme pas tout dit. Ya pire, le goudron tant attendu risque de ne pas voir le jour avec tout ce qui est en train d`etre fait. Je ne parle pas de l`Universite de Dedougou ou on continu a balbultier. Il faut saluer surtout la municipalite pour certains gestes louables.

  • Le 24 août 2011 à 13:33 En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Insha-Allah, dans quelques annees,Dedougou sera l’Etoile du Burkina Faso.
    Souleymane D.

  • Le 24 août 2011 à 14:57 En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    Je ne mêle pas de la discussion sur Dédougou. Simplement un autre avis pour Monsieur YARO. Les physiocrates disent que "la terre est la principale richesse". OK, il y a peut être 100 ans. Actuellement,"on a extrait plus d’or dans la tête des hommes que des entrailles de la terre". Et comme vous le savez, en dehors du vent, l’unique, la seule énergie disponible est celle de l’homme ! . Avant plus tu avais des terres, plus tu étais riche : les Seigneurs féodaux. Ensuite plus tu avais d’enfants, plus tu étais riche : nos rois et nos parents. Actuellement plus ta tête est bien faite, plus tu es riche : Bill Gates, Steve Jacob, Warren Buffet. Au Burkina, mis à part nos colporteurs mossi, quels sont ceux qui sont de véritables fortunés ? Nos politiciens, les DG, nos "commer lettrés mis à part les premiers (les colporteurs mossis)" encore qu’aucune de leur entreprise n’est côté en Bourse. il y a 50 ans, pour être riche, il fallait avoir quelque chose de physique (terre, argent, enfant). Aujourd’hui un téléphone portable suffit.
    Bonne réflexion

  • Le 25 août 2011 à 14:02, par tie En réponse à : Autant le dire… : Dédougou, je ne comprends pas

    C’est très bien de parler du cas spécifique de Ddg. Les responsabilités doivent être partagées. L’Etat 90% et la population 10%

    Parlons des routes et autres biens de services : qu’est-ce que les villes de Ouahigouya, Kaya, Ziniare, Dori pour ne citer que cela ont de plus que Dédougou, pour qu’elles se positionnent mieux sur les plans quiquenaux de developpement de l’Etat ? Rien. Ici, le problème de la mauvaise répartition des ressources se posent. ça il faut vraiment le dire.

    On dit que la région de la MHN est le grenier du burkina, c’est vrai, parce que les sols fertiles sont là-bas. On dit que c’est la région la plus peuplée, là ce n’est pas vraiment sur. Pourquoi, nos frères des autres régions menacés par la sécheresse, immigrent dans la région du MHN pour faire l’agriculture. Donc, à partir des mois de mai à décembre, la région est vraiment très peuplée. Après les récoltes, ces immigrés retournent dans leurs régions avec leur récoltes, laissant ainsi la région à elle-même. Le développement d’un pays ou ville est l’effet de la cohabitation et des éhanges entre plusieurs peuples.

    Que se passent-ils lors des campagnes de rescensement ? Le moment venu, ils partent se faire rescencés dans leurs régions. Du coup la région du MHN se retrouve avec un faible taux d’habitant. Comment comprendre que la région du MHN a 6 provinces alors que les autres régions s’en sortent avec la moyenne de 4 provinces, bénéficient mieux en ressources de l’Etat qu’elle ? Le Plateau central a 3 provinces et le Nord a 4 provinces, donc vraisemblement entre 6 provinces et 3 et 4 comment peut on comprendre qu’on construise des aéroports là-bas (Plateau central et le Nord) et le chef lieu du MHN n’est même pas encore rélié à la capitale ? Est-ce que les fils de la régieon ne paient pas les impôts comme les autres ?

    Il faudrait avec la décentralisation repartir bien les ressources du Faso à tous ses fils car ils ont tous droit. Aussi je demande à mes frères du MHN d’ouvrir l’oeil et le bon dès à présent pour que ceux qui viennent exploiter les sols ne vous disent pas que vous ne construisez pas au MHN mais chez les mossi. Ils oublient une chose, la terre du burkina appartient à tous ses fils. Ceux qui viennent exploiter la terre doivent aussi la construire.

    Pour ce faire, la région du MHN doit obliger maintenant et tout de suite tous ceux qui viennent exploiter ses sols participent à sa construction.

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