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FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

Publié le jeudi 18 août 2011 à 01h37min

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Le ministre burkinabè de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale (MFPTSS), Soungalo Apollinaire Ouattara, a estimé à 200 le nombre de fonctionnaires fictifs par an au pays des Hommes dits intègres. En d’autres termes, le salaire mensuel moyen étant de 90 euros dans ce pays, le budget national casque la bagatelle de 18 000 euros, soit environ 12 millions de F CFA en moyenne par mois, pour payer des salaires à 200 ex-travailleurs qui, pour avoir été licenciés, qui, pour avoir rendu leur démission ou pour être passés de vie à trépas, ne sont tout simplement plus actifs dans le champ national. Ces rémunérations indûment versées pour le compte d’agents en rupture de contrat vont probablement dans les poches de personnes qui ont suscité ce dysfonctionnement pour en profiter impunément.

A cela s’ajoutent ces travailleurs indélicats mais pourtant rusés qui perçoivent plus d’une rémunération pour un seul service rendu, toujours aux frais de l’Etat. Ce chiffre serait venu d’un responsable syndical ou d’un activiste de la société civile que d’aucuns auraient cédé volontiers à la tentation de le juger hyperbolique et auraient vite fait de lui prêter des visées propagandistes et de dénigrement de la gestion publique du régime en place. Bien qu’une telle révélation fasse figure de tache noire dans le tableau d’une Fonction publique en pleine réforme et de modernisation, elle permet tout de même de mettre à nu l’une des failles du système de gestion des agents publics.

Car, comme l’a relevé le MFPTSS sur RFI, en plus de coûter cher à l’Etat, les emplois fictifs font beaucoup de malheureux dans le rang des postulants aux différents postes à pourvoir dans l’administration publique. Ceux-ci voient ainsi leurs chances de réussite réduites par le fait d’un manque à gagner de deux centaines de places qui auraient pu être mises en jeu.

Ce nombre peut être jugé insignifiant quand on le compare à celui de l’ensemble des agents de l’Etat qui est de 107 000. Mais quand on l’apprécie en tenant compte des maigres ressources du pays et du nombre, chaque jour galopant, des chercheurs d’emplois publics (432 000 pour 9 871 postes disponibles en ce qui concerne l’année 2011), l’on prend la vraie mesure du fléau que constitue ce phénomène d’emplois fictifs. Et en décidant de défricher le champ public en vue de séparer le bon grain de l’ivraie, le premier responsable du département de la Fonction publique s’inscrit, certes, dans sa logique de donner un nouveau souffle à la structure étatique.

Mais il doit s’armer d’un courage et d’une force de caractère titanesques, car la réussite d’une telle mission nécessite un effort herculéen. Cela est d’autant plus réel que parmi les causes de ce qui est ni plus ni moins un mal pernicieux, Mamadou Barro, porte-parole des syndicats de la Fonction publique du Burkina, a évoqué le laxisme et la complicité. Telles sont en effet les principales causes de l’existence et de la persistance de cette vieille et nuisible situation qui permet à des individus cupides de s’engraisser sur le dos de défunts fonctionnaires dont ils maintiennent, de façon cynique, le nom sur la liste des avancements. Habitants d’une cité dépourvue de la moindre vertu, ces vampires qui sucent les sous générés par le contribuable profanent en sus, allègrement, la mémoire de ceux qui reposent dignement après de bons et loyaux services rendus à la Nation.

Tels des vautours en quête de charognes, ils arrivent toujours à tromper la vigilance des contrôleurs intègres, en glissant agilement entre les mailles du filet de la modernisation administrative encore balbutiante. C’est pourquoi le système informatisé de gestion de la ressource humaine publique doit être davantage perfectionné et surtout constamment actualisé. Le SIGASPE pourra par la suite, sans pour autant que préjudice soit porté à sa sécurisation, être posté sur Internet en vue de rendre ses informations non confidentielles accessibles au public, qui pourra ainsi contribuer efficacement à la dénonciation des situations irrégulières. Une investigation, du genre un audit mené par des experts indépendants, sera également utile pour débusquer les véritables commanditaires de cette autre forme de détournement de deniers publics.

L’actuel ministre en charge de la Fonction publique, qui est l’un des rares hommes d’Etat, qui forcent l’admiration pour son dévouement au service public, devra, pour ce faire, ouvrir le bon œil dans cette traque des faux emplois qu’il compte entreprendre. Bien plus que la lutte contre les fraudes dans les concours de la Fonction publique, cette bataille pour la suppression des emplois fictifs ressemblera, à coup sûr, à une tâche ingrate car la majeure partie de ces voleurs publics se recrute sans conteste dans les rangs des agents de l’Etat. Combattre donc cette hydre aux multiples têtes reviendra donc pour Soungalo Ouattara à porter désormais un regard de lynx sur tous ceux qui interviennent dans la chaîne de gestion des agents publics et surtout de châtier à la hauteur de son forfait tout coupable ou complice qui viendrait à être démasqué.

Mais étant donné le caractère transversal du traitement des salaires des agents de l’Etat, il est évident que si le ministre de la Fonction publique s’échine tout seul à y porter les correctifs nécessaires, le défi sera impossible à relever. Toute réforme, toute modernisation et toute évaluation ou contrôle qui se voudront productives dans ce sens, devront donc s’étendre au ministère en charge du budget qui devrait normalement être sur la même longueur d’ondes que celui de la Fonction publique.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 18 août 2011 à 02:33, par Renseignements généraux En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    bcp de bruits pr rien,si le nombre d’enplois fictifs est exact a savoir 200,il y a ps à faire toute cette littérature.je pense meme que il y a plus que ça.qu’on commene a combattre les gros voleurs qui volent meme a visage découvert des milliard par an sans être inquiété.on cherche toujours les petits voleurs de poulets,c’est connu ça ici et gros voleurs vont continué a nous faire des bras d’honneur.pauvre de nous au faso

  • Le 18 août 2011 à 10:39, par Palé lasswell En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    Le ministere de la fonction publique a fait publier dans un journal( bendré )de la place des listes es agents leur demandant de justifier leur prenoms ou noms ; sont-ce agents qui sont fictifs au cas où certains n’auraient pu apporter des justifications ? il faut que la traque continue !

  • Le 18 août 2011 à 10:42, par madina En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    Merci pour votre écrit. En plus des décédés, il ya aussi :
    - les fonctionnaires en position de détachement qui continuent de percevoir leur salaire. Des "détachés" ont même transmis leurs documents (cessation et autres) mais sont toujours mandatés par le service d’origine ;
    - les fonctionnaires dans les EPE (ex. CNRST) qui ont eu des postes dans des organismes ou projets et qui sont toujours mandatés par ces EPE. ça grève la contribution de l’état pour le fonctionnement de ces institutions ;
    - les agents en position de stage qui ont dépassé la période normale et courent toujours dans la nature en touchant leur salaire !
    - la non-maîtrise des GRH de certains EPE pour les départs à la retraite ;
    Félicitations et courage à Monsieur le Ministre de FPTSS

    • Le 19 août 2011 à 02:17 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

      J’ai donné ma démission. Je n’ai jamais eu vent de mon licenciement. Suis-je toujours fonctionnaire ? Informez -moi s’il vous plait. J’ai froid dans le dos... Merci !

      • Le 22 août 2011 à 20:04 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

        Plusieurs fonctionnaires decedes avancent toujours automatiquement alors que nous les vivants nous c’est inbouge. Pour avancer, il faut meme corrompre l’ agent pour qu’ il fasse le travail pour lequel il est paye. C ;’estune haute mafia organisee. Moi je suis sur que des fonctionnaires ecoutent toujours les communiques necrologiques, recopient le nom des fonctionnaires decedes et vont tramaguiner avec d’ autres agents pour prendre l’ argent des morts. Ca c’est pas mmanger des saletes ? Je sais que les percepteurs , quand un ancien combattant mourrait, refusaient de le declarer et continuaient de toucher sa pension. La moitie va toujours chez la famillle et l’ ; autre moitie chez le percepteur. C’est pas tres honnete mais ici, au moins la famille gagne quelque chose et c’est meme pas l’ eta qui paie. Et on sait que la France a toujours paye nos anciens combattants en monnaie de singe, a attentdu que les 4/4 m,eurent pour aligner leur salaire sur ceux des francais. Oui, c’est l ;a france des droits de l’ homme, la france qui n’ estb pas raciste qui fait ca. Prrrrrrrrrrrrr.

    • Le 19 août 2011 à 14:01 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

      Le sujet est grave. "Fonctionnaire fictif", si vous n’êtes pas complice, votre vie est peut-être menacée,vos projets professionnels ou de vie peuvent prendre des coups durs... le développement, c’est aussi une question de liberté, celle de la personne humaine, en plus il est universel. Le "national-déterminisme" ne suffit pas pour faire du développement durable. Avant de lancer une telle opération, l’état a certainement mis en place les mesures de protection de ces "fonctionnaires fictifs" sur le territoire burkinabè. Vue la mondialisation des relations, la question concerne également l’opinion internationale partout ailleurs où résident ces "fonctionnaires fictifs". Fonctionnaire du CNRST,j’ai donné ma démission,je ne réside plus au Burkina. Mon licenciement ne m’a jamais été signifié, ce qui laisse entendre que je suis toujours fonctionnaire, mais sans traitement. Cela n’a aucun sens si ce n’est celui de nuire de toute manière...

  • Le 18 août 2011 à 11:23 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    "En d’autres termes, le salaire mensuel moyen étant de 90 euros dans ce pays, le budget national casque la bagatelle de 18 000 euros" Pourquoi evalué en euro alors que c’est une monnaie qui n’a pas cours legal ici ? J’ai cru lire un journal etranger.

  • Le 18 août 2011 à 14:12, par Salimata En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    c’est bien là le problème avec ce ministre qui semble s’agiter beaucoup dans le bocal gouvernemental ! L’action est commune, tout comme la victoire ; et Tertius a proclamé la fin des héros solitaires depuis le cas Gorba !!

  • Le 18 août 2011 à 15:44 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    Chapeau à Monsieur le Ministre mais il y a un autre problème ! Non moins grave et TENEZ ! Il se trouve au Burkina des Médecins qui n’ont meme pas séjourné une seule minute dans une école de santé encore moins dans une université.
    L’un d’entre eux n’a meme pas obtenu le BEPC.
    Je suis bien au sérieux ; on en trouve dans les hopitaux publics du Burkina.

  • Le 18 août 2011 à 15:45, par Major En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    Courage pour cette initiative. Il y a trop de gens malhonnêtes dans ce pays. Beaucoup sollicitent et obtiennent des mises en positions de stage, ils vont en formation, disparaissent par la suite dans la nature parce qu’ils auraient trop mieux ailleurs, et pourtant, ils continuent de percevoir leur salaire sur le budget de l’État pour un travail qu’ils ont abandonné depuis...Ils n’ont pas pitié du Burkina !!!! Mr le Ministre pensez à rééditer l’opération billetage, vous serez surpris des résultats !!!!

    • Le 22 août 2011 à 19:58 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

      C’est deplorable, cett fonction publique. comment quelqu’ un qui n’est pas venu au travail pendant un mois peut toujours avoir son salaire ? Et on se plaint qu’ on est pauvre ? Comment un systeme peut etre aussi dysfonctionnel a ce point ?Finalement, ce n’est meme plus la faute de ceux qui ont deserte. L’etat doit faire son travail. Ce n’est pas juste pour ceux qui font le travail et grace auquel le peuple arrive tant bien que mal a exister. Voila un etat qui neglige les peits sous et va quemander les gros qu’ il ne gagne touours pas. Bonnes gens, aidez- moi. Si quelqu’ un ne travaille pas et qu’ un employeur le paie, est-ce que cet employeur la meme quelque part ne gagne pas plus que celui qui ne travaille pas ? J’ ai beau raisonner, je ne comprends pas que cela soit possible. Au Rwanda a cote, 3 jours sans aller au travail et tu es foutu. Des gens qui ne servent plus la fonction publique et qui se la coulent douce et nous on s’ echine pour des maigreurs. Peut-etre ne dois- je meme pas me plaindre puisque nos gouvernants qui sont tres chretiens et qui craignent Dieu vont me parler de la parole de l’ ouvrier de la 11 eme heure. Je me tais donc puisqu’ ils me paient ce qu’ ils me payer. S’ il s decident de payer des gens qui sont morts ou qui sont dans d’ autres services ou qui sont meme a l’ etranger, c’est leur affaire. N’ est-ce pas ?

      LOP

  • Le 18 août 2011 à 16:38 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    Pour corriger cette situation,il faudrait instituer l’operation billetage chaque deux ans afin de pouvoir dénicher les fonctionnaires fictifs

  • Le 18 août 2011 à 18:34, par Gomezemsé En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    Le cas des personnes décedées ne me choquent pas. Il faut bien que les ayants droits survivent après le décès. Et l’Etat aura l’occasion de recupérer le trop perçu. Mais savez combien sont-ils des fonctionnaires qui sont employés par des structures privées ou associatives et qui continuent de toucher leurs salaires ? J’en connais un qui avait hypothéqué tout son saliare dans un pret. Le deal c’est d’abord de maquiller une mise à disposition de la structure. Une fois ce cap franchi, on peut aller de contrat en contrat. Il ne faut pas compter sur les DRH dans ce cas pur les demasquer.
    Et ses fonctionnaires qui se sont reconvertis en commerçant ou autres, transformant meme leurs bureaux en magasin. Ou qui se donnent moins de peine à passer au bureau.
    Pour voir clair, le ministère a intérêt à auditer toutes les situations du detachement à la mise à disposition en passant les disponibilités ou autres. Savez qu’au moment où certains agents demandent une disponibilité ils ont déjà passer plusieurs mois hors de leurs services ?
    Bref c’est le bordel. Et c’est dejà audacieux de vouloir y mettre fin. Malheureusement la politique des hommes forts continue.

  • Le 18 août 2011 à 20:00, par Hono En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    Je pense qu’il faut traquer les gros voleurs et aux journalistes de s’occuper des véritables problèmes du pays

  • Le 18 août 2011 à 23:03, par samspade En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

    je crois que tous ne sont des fonctionnaires fictifs, il y a en qui demande chaque jour qu’on cesse de payer leur salaire en vain.
    demander au DG de centre national de tranfusion sanguine combien de personnes il continue de payer pendant qu’ils ne sont plus en service. parce que simplement il ne prend pas la peine de lire la loi 13 pour connaitre les droits et devoirs des fonctionnaires et contratuels. c’est la gestion artisanal du personnel de l’etat au cas pas cas. toutes ses personnes ont fait la demarche legale de rompre leur contrat avec l’etat puisque ce sont sonvent des contratuels.
    il faudra debarquer des gens pour pour incompetence dans la gestion administrative des ressources humaine pour faire bouger les DG et SG. les DRH sont souvent impuissants à faire bouger leurs superieurs sur certains dossiers normalement soumis à leur attention et généralement pour le MFPRE qui ne voit pas le dossier sur sa table comme cela devait etre le cas.

    • Le 22 août 2011 à 19:59 En réponse à : FONCTIONNAIRES FICTIFS AU BURKINA : Un mal pernicieux

      Moi j’ai connu 2 enseignants a la retriate et qui continuaient de toucher leurs sous. Ils msont alles plusieurs fois au Ministere des Finances pour demander qu’ on suspende leurs salaires mais en vain. Dans des cas comme ca, a qui la faute ?

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