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ASSASSINAT DE JEAN HELENE : Une mise en scène dégoûtante

Publié le vendredi 21 novembre 2003 à 11h58min

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Mobilisation vigilante des Etats-majors militaires et offensives
diplomatiques tous azimuts , telle est la contradiction dans
laquelle baigne le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire.

Mais aussi curieuse que cette situation puisse paraître au
profane de la politique à l’ivoirienne, rien n’est véritablement
nouveau dans cette jungle où tous les coups sont permis. En
effet, depuis un certain 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est
devenue un condensé de toutes les contradictions.

Et en une
semaine, bien des choses apparemment anodines sont venues
confirmer toutes les inquiétudes. D’abord, le mini-sommet de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) à Accra, a non seulement abouti aux résultats
escomptés (on n’en attendait pas mieux) mais surtout a conforté
le président Gbagbo dans ses positions.

Ensuite, les Forces
nouvelles dont le retour au gouvernement a été annoncé en
fanfare sur le perron de la présidence du Faso par Seydou
Diarra en visite à Ouagadougou , ont décrété l’Etat d’urgence
dans leur zone de contrôle tout en entreprenant une offensive
diplomatique qui a conduit leurs responsables au Sénégal, au
Togo et au Ghana. Enfin, il y a le revirement du présumé
assassin de notre confrère Jean Hélène, le 24 octobre dernier.
Celui-ci est revenu sur ses premières déclarations pour
soutenir qu’il n’a pas tiré sur le correspondant de RFI.

Selon sa
nouvelle version, les coups de feu seraient venus de loin.
Toutes choses démenties par le rapport d’autopsie et l’expertise
en balistique.
De même, l’on ne peut passer sous silence l’annonce d’une
probable reprise de la guerre par le Général Mathias Doué et
surtout la manifestation autorisée du comité de soutien à Séry
Dago, l’assassin de Jean Hélène.

Bref, la Côte d’Ivoire, par la volonté de certains de ses fils,
s’enfonce inexorablement dans l’abîme et ce ne sont pas les
gesticulations fébriles et hypocrites de la France et de la
CEDEAO qui traceront les sillons de l’espoir. L’on assiste à une
série de mises en scène appuyées par une propagande
meurtrière savamment conçue et exécutée par des journalistes
et leurs maîtres à penser. Plusieurs fois, dans les mêmes
colonnes, nous nous sommes interrogés sur la volonté réelle
aussi bien des tenants du pouvoir à Abidjan, des dirigeants
africains, que de la communauté internationale, de sortir le
peuple ivoirien de ce long cauchemar.

Pour le cas particulier de
l’assassinat de Jean Hélène, nous nous demandions s’il n’allait
pas être sacrifié sur l’autel des relations ivoiro-françaises. Au
stade actuel de l’évolution du dossier, le doute ne peut qu’être
renforcé pour ne pas dire que la certitude est établie.

En effet,
malgré la présence sur le sol ivoirien d’un procureur de la
république française et la reconstitution des faits, ajoutées aux
conclusions de l’autopsie et de l’expertise en balistique, l’affaire
piétine. Le seul inculpé se débine et des manifestants le
soutiennent en accusant les plus hautes autorités françaises
d’être les meurtriers de Jean Hélène. "C’est Chirac qui a tué
Jean Hélène" pouvait-on lire sur une pancarte de ces
manifestants, lors de la reconstitution des faits. Et ces
accusations ont été relayées par les médias proches du parti de
Laurent et Simone Gbagbo.

Au demeurant, et comme l’avait affirmé Dominique De Villepin,
le chef de la diplomatie française, la Côte d’Ivoire a besoin d’un
"double désarmement, celui des coeurs et des esprits et le
dépôt des armes par les belligérants".

L’on pourrait ajouter qu’il
faut certes enterrer la hâche de guerre mais avant tout, il faut
détruire les plumes de la mort. Car, s’il est vrai que la baïonnette
et le fusil sont des armes meurtrières, il est tout aussi vrai que
la plume et le micro portent plus loin que le fusil.

Le Pays

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