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VIE CHERE AU BURKINA : Il faut des mesures radicales

Publié le mardi 16 août 2011 à 01h54min

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Quel bilan peut-on tirer des mesures prises par le gouvernement pour atténuer les effets de la vie chère au plus fort de la crise sociopolitique ? Le gouvernement avait décidé, en effet, de baisser les prix de différents produits pour une durée de trois mois, à savoir le riz 25% brisure, le riz local, l’huile alimentaire en vrac et le sucre granulé. Et toutes ces mesures auraient coûté quelque 4 milliards de F CFA au gouvernement en termes de subvention. Mais, qu’est-ce que les citoyens ont réellement gagné dans cette affaire ? Il serait malhonnête intellectuellement de dire que les Burkinabè n’ont pas profité de ces mesures. Mais, du fait même de la nature des solutions qui étaient conjoncturelles, l’amère réalité était apparue très vite.

Comme en 2008, après les émeutes de la vie chère au Burkina, les commerçants n’ont pas appliqué les prix imposés par le gouvernement malgré les subventions. Ils ont répété leur combine cette année malgré les contrôles de l’Inspection générale des affaires économiques (IGAE). Ils se sont même payé le luxe de faire grimper le prix du sucre au début du Ramadan. De quoi apporter largement de l’eau au moulin de ceux qui ont toujours dénoncé la collusion entre les politiques et les opérateurs économiques. Sinon, comment comprendre que des gens décident de bafouer l’autorité de l’Etat sans craindre son épée de Damoclès ?

On peut légitimement se demander si les détaxes sur les produits n’ont pas servi à enrichir certains amis ou du moins des sociétés-écrans de certains hommes forts du régime. En tous les cas, on a l’impression qu’aucune leçon n’a été tirée des mesures prises en 2008. Et c’est pourquoi, en 2011, on a remis ça encore pour trois mois. En quatre ans, les gouvernants n’ont pas su développer le sens de l’anticipation. Ainsi, cette année, on a attendu le début du Ramadan pour prendre des mesures (encore conjoncturelles) afin de ramener le prix du paquet de sucre à 800 F CFA. Il faut donc aller résolument vers des solutions structurelles et radicales.

Quand l’Etat prend des décisions de subvention de produits de grande consommation, il doit se montrer ferme envers tous les acteurs économiques (grossistes, demi-grossistes et détaillants) parce qu’il a justement cette puissance. Mais ce que les Burkinabè attendent vraiment de leurs gouvernants, c’est d’anticiper et de mettre en œuvre des solutions structurelles. A ce propos, il serait judicieux de faire le point des mesures prises, il y a quelques années, pour augmenter la production nationale des céréales (et notamment le riz). A l’heure où le monde vit douloureusement les erreurs fatales du capitalisme, l’Etat burkinabè doit faire lui aussi le choix d’un interventionnisme juste et approprié.

Il se devrait aussi de montrer patte blanche sur les conflits d’intérêts (et même les délits d’initiés) entre politiciens et opérateurs économiques ainsi que travailler à réduire considérablement le libéralisme sauvage qui a cours sur nos marchés. Et bien sûr, on n’oubliera pas de souligner que la croissance économique n’est pas loin de tout cela et qu’une partie de la solution à la vie chère viendra d’une agriculture plus performante. Le Burkina ne peut pas continuer à confier sa sécurité alimentaire aux commerçants ; c’est une fuite de responsabilité très grave qu’il faudra corriger, en travaillant à une autosuffisance alimentaire nationale.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 16 août 2011 à 10:43, par oumsa En réponse à : VIE CHERE AU BURKINA : Il faut des mesures radicales

    Honte aux commerçants ! qui augmente le prix des produits en fonction de la demande. Plusieurs grands du pays sont complices de ces commerçants, donc les commerçants ne sont inquiet de rien. Pendant que le ministre dit de vendre la tonne de ciment à 112000frs au lieu de 130000frs, les commerçants sont montés à 135000frs. si le gouvernement n’arrive pas à sévir c’est qu’il est complice. démontrer nous le contraire.

  • Le 16 août 2011 à 11:44, par Eric En réponse à : VIE CHERE AU BURKINA : Il faut des mesures radicales

    Entièrement d’accord avec vous Mrs le journaliste il faut des mesures plus que radicales pour endiguer la question de la vie chère au Faso,on a l’impression que le gouvernement se laisse surprendre par la hausse des prix des produits ,aucune politique de prévision ni d’anticipation toujours des solutions conjoncturelles quant il y’a une crise. on ne pourra jamais s’en sortir sans une vraie politique de prévention et de contrôle des prix.

  • Le 16 août 2011 à 12:38, par Kader En réponse à : VIE CHERE AU BURKINA : Il faut des mesures radicales

    Non Monsieur ! c’est pas du tout malhonnête de dire que les Burkinabè n’ont pas profités de cette mesure prise par le gouvernement. C’est peut-être malhonnête de dire que des burkinabè n’ont pas profités de cette mesure. Je suis burkinabè aussi mais je n’ai constaté aucune baisse de prix sur les produits concernés.
    Un gouvernement responsable ne doit pas aller fêter le 31 décembre chez des commerçants car cela nous conduit à ce que nous vivons aujourd’hui. Ce gouvernement a certes pris des mesures en accord avec des commerçants et certains n’appliquent pas ces baisses de prix alors qu’ils on été subventionnés. Le gouvernement a vérifié et connait bien ceux qui n’appliquent pas. Alors, au lieu d’agir immédiatement en prenant des sanctions sévères le gouvernement nous divertis dans les médias en disant qu’il va sanctionner ceux qui ne vont pas appliquer.Si ce ne sont pas leurs amis ils ne devait même pas les mettre en garde,il faut agir.La justice est là, ce sont des délinquants.

  • Le 16 août 2011 à 22:41 En réponse à : VIE CHERE AU BURKINA : Il faut des mesures radicales

    Que voulez-vous. Ceux qui doivent prendre des mesures radicales sont ceux là même qui nous gouvernent. Il est temps de penser à l’alternance. C’est la seule porte de sortie.

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