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Libération des otages français : des enjeux multiples

Publié le mercredi 6 octobre 2004 à 07h48min

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Si la victoire a plusieurs frères, la défaite, elle, est toujours orpheline. Le député UMP Didier Julia l’apprend à ses dépens. Rentré à Paris après l’échec de sa tentative pour la libération des otages français d’Irak, il se voit rejeté par les pouvoirs publics qui assurent n’avoir "ni approuvé ni soutenu" son initiative personnelle ainsi que celle de ses collaborateurs.

Pour les autorités françaises, la réalité de l’opération conduite à partir de Damas n’a été découverte "qu’après qu’elle eut été engagée". Face à une situation devenue "affaire d’Etat", le député UMP se retrouve pratiquement seul contre tous. Il devrait, selon la logique de François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, ne plus siéger au sein de l’UMP à l’Assemblée nationale, son parti s’étant totalement "désolidarisé" de lui.

Mais à y voir de plus près, Didier Julia peut-il, sur sa seule initiative et sans l’avis des autorités compétentes, mener une médiation souterraine pour la libération des deux journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot ? Cela est moins sûr. D’ailleurs, lui-même s’en défend. Même s’il n’a eu "aucun mandat ni de l’Elysée, ni de Matignon, ni de personne, la présidence de la République était au courant depuis le départ". Il enfonce le clou : les services des différentes ambassades étaient naturellement à sa disposition pour lui apporter leur concours.

La "mission parallèle" du député UMP Didier Julia dans l’affaire des otages français en Irak, a semé la confusion et rompu le consensus politique qui prévalait en France depuis le début de la crise. Elle a "gêné" l’action de la diplomatie française en mettant en péril la vie des otages. Tout cela est peut-être vrai. Mais ce qui ne souffre d’aucun doute, c’est que même en France, des missions parallèles avaient, par le passé, été menées, qui ont fait la preuve de leur efficacité.

Alors, pourquoi la France condamne-t-elle l’initiative de Didier Julia ? De toute façon, si "l’objectif demeure de tout faire pour retrouver nos compatriotes", comme l’a affirmé François Hollande, en quoi cette forme de diplomatie est-elle de si mauvais goût ? En quoi mettrait-elle en danger la vie des otages ? Les autorités françaises, plutôt que de s’acharner sur Julia, devraient louer et encourager le courage du député. Ce d’autant plus que jusqu’à présent, la diplomatie officielle n’a pas réussi à libérer les otages. Voilà 47 jours qu’ils attendent leur libération.

En réalité, la France tient à masquer l’impuissance d’une diplomatie en Irak qui ne cesse de piétiner. A ce propos, on pourrait être du même avis que le député Noël Mamère pour qui "c’est trop facile de se comporter aujourd’hui comme des Ponce Pilate en disant : Nous n’y sommes pour rien, c’est une affaire strictement privée’".

Si Julia fait l’objet de multiples attaques, c’est parce qu’il y a sans doute eu trop de bruits autour de l’affaire. Le député s’est à la limite, comporté comme les autorités françaises qui croyaient que, grâce à leur position par rapport à la guerre en Irak, elles s’attireraient la sympathie du monde arabe.

Pour Paris, la libération de prisonniers français en Irak serait chose aisée. Mais la France semble avoir oublié une donne. Elle avait donné une claque à la Syrie à propos du Liban. Rendue furieuse par le soutien français au vote de la résolution 1559 condamnant la présence syrienne au Liban, la Syrie ne trouverait pas aujourd’hui si mal l’idée de retarder la libération des prisonniers.

D’aucuns estiment en effet que Damas, qui aurait de l’influence sur les ravisseurs, voudrait contraindre Paris à passer par ses conditions pour obtenir une libération des deux journalistes. On se souvient aussi que le 30 avril dernier, Dominique de Villepin avait choqué Damas en lui demandant de continuer à retirer ses troupes du Liban afin que la résolution

Le Pays

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