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Autant le dire… : Le politicien, le marabout et le naaba

Publié le mercredi 10 août 2011 à 02h38min

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La question de la place de la chefferie coutumière, des marabouts ou chefs religieux ou encore spirituels pour ce qui est du cas du Sénégal dans la politique politicienne continuera de polluer les relations entre opposition et pouvoir tant que les concernés eux-mêmes n’auront pas pris leurs responsabilités. Autrement, si les chefs coutumiers ou religieux veulent faire de la politique, qu’ils acceptent de descendre sur le terrain politique dépourvus de leurs attributs et prérogatives et jouent le jeu comme il se doit. En ce moment, qu’ils acceptent tous les coups inhérents au jeu politique. S’ils ne veulent pas jouer à ce jeu politique-là, qu’ils le disent clairement et se démarquent des politiciens.

En outre, si les politiciens estiment que cette catégorie sociale, au regard de sa particularité et de son rôle social important et bien connu, ne doit pas faire de la politique politicienne, qu’ils les laissent tranquille afin qu’elle se consacre à ses missions.

Comme chez nous au Burkina et par le passé (on espère que cela va prendra fin avec les reformes politiques et institutionnelles en vue), au Sénégal, la classe politique toutes tendances confondues court à Touba à la rencontre des chefs spirituels ou marabouts. Pour le pouvoir, il est question d’expliquer et de convaincre, ou même avoir l’onction de ces chefs spirituels et à travers eux leurs communautés respectives que la candidature de leur champion du Sopi est conforme à la Constitution et en aucun cas ne va déstabiliser le pays. Pour l’opposition réunie, il n’en est pas question. Abdoulaye Wade ne peut plus être candidat. Sa candidature est non seulement illégale, mais elle va contrairement à ce que pensent ses partisans, mettre le pays dans le chaos.

Et du coup, ces chefs spirituels ou marabouts se retrouvent être les arbitres d’une situation qu’ils n’ont sans doute pas contribué à créer. Quand bien même on peut en penser autrement.
En effet, tout porte à croire, au regard de la situation actuelle, que les chefs religieux, coutumiers ou marabouts, c’est selon et les politiciens veulent d’une chose et de son contraire. Les politiciens, généralement quand ils sont dans l’opposition pensent et soutiennent à qui veut les écouter que les religieux, chefs coutumiers ou marabouts ne doivent pas faire de la politique politicienne.

Dans certains cas, ils sont même accusés de connivence avec les pouvoirs en place qu’ils soutiennent. Vrai ou faux, ce qu’on peut retenir, c’est que ces derniers ne font rien pour démontrer le contraire. S’il est vrai par exemple qu’au Sénégal, les chefs spirituels ou marabouts ne veulent pas se mêler de politique, qu’ils le disent clairement et refusent de recevoir et l’opposition et le pouvoir.
Car en effet, tant que les uns et les autres ne prendront pas la mesure de leurs responsabilités de cette situation qui somme toute est préjudiciable à nos démocraties, on en parlera toujours sans solution véritable. Et ce n’est pas la constitutionnalisation de la chefferie qui règlera définitivement la question. Loin s’en faut.

En effet, le chef coutumier, religieux ou spirituel ou encore marabout demeure une personne ressource dont les uns et les autres veulent toujours se servir pour faire passer leur message. En période de joutes politiques comme en temps normal où des questions purement de sensibilisation sur des sujets sociales se posent. Qu’à cela ne tienne. Il lui revient de savoir faire la part des choses en connaissance de cause pour ne pas confondre la communauté qu’il représente et sa personne à lui. Ce qui, pour l’instant parait difficile pour la majorité des chefs religieux, spirituels ou marabouts.

En clair, le débat sur la place de la chefferie, des marabouts ou chefs spirituels n’est pas prêt de prendre fin. Tant que nos populations n’auront pas compris qu’on ne vote pas pour faire plaisir à un individu parce qu’il est candidat ou qu’il l’aurait voulu pour un autre. Mais on vote un programme de société qui prend réellement en compte leurs préoccupations quotidiennes et qui déterminent leur avenir.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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