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RTI : Après l’évangile selon st Laurent, le prêche d’Alassane ?

Publié le mercredi 10 août 2011 à 02h20min

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Grande nouvelle ! La RTI, télévision publique ivoirienne, fait peau neuve et reprend du service. Depuis hier mardi 9 août de l’an de grâce 2011, le média de la lagune Ebrié a réapparu, renouant avec ses programmes d’émission, ce, après de longs mois d’interruption ; on se rappelle que ce fut au cours des interminables jours de la bataille d’Abidjan, en début avril 2011, qu’elle perdit son signal, par suite d’une série d’attaques menées contre les bâtiments qui abritaient ses installations.

Peu de temps après la chute de Gbagbo, naquit une autre chaîne, dénommée TCI (télévision de Côte d’Ivoire), pour les besoins de la cause du camp des vainqueurs ; c’est cette dernière qui, à son tour, disparaît pour que la RTI renaisse de ses cendres.
Le fera-t-elle avec bonheur, à l’instar de l’oiseau mythique ? C’est bien là tout le mal qu’on lui souhaite.
Mais prudemment on attendra d’abord de la voir à l’œuvre.
Pourquoi ?

Parce que la tentation du retour du balancier est grande et les autres écueils nombreux.
La RTI ancienne formule a été, au cours de la crise postélectorale qui ébranla la Côte d’Ivoire, comme le catalyseur qui attisa les haines, favorisa les rancoeurs et poussa à la division. Elle fut, à certains moments, peut-être à son corps défendant, l’outil par excellence qui servit à creuser le fossé abyssal qui sépara en deux camps ennemis les populations jadis paisibles d’une même nation. A tel point que les partisans de Gbagbo, qui en étaient propriétaires, se défendirent bec et ongles lorsque les amis d’ADO voulurent s’en emparer ; tous, gbagboïstes comme adolâtres, avaient compris qu’ils avaient besoin de cet outil de propagande pour gagner la bataille de la communication, et partant de la propagande partisane. Mais tous oubliaient par la même occasion qu’ils contribuaient, en exacerbant de tels travers, à pervertir la mission première de ce média national, qui avait pour vocation ultime de rassembler et d’unir l’ensemble des Ivoiriens dans le seul but de sauver une nation en péril.

La RTI new look, on nous l’assure, est neuve en tout : depuis son logo jusqu’aux présentateurs et animateurs en passant par les génériques ; tout y serait pimpant neuf ; avec pour directeur général, Lazare Sayé Aka, un nouveau lui aussi, puisque tout récemment nommé en remplacement de Brou Aka Pascal, débarqué, remercié pour « ratages » récurrents. Mais à la vérité, ce n’est pas le lustre du matériel neuf qui suscitera l’admiration pour ce média ivoirien dont on est en droit d’attendre beaucoup dans cette tâche titanesque qui s’impose aux nouvelles autorités ivoiriennes : il se devra d’avoir en ligne de mire qu’il a pour devoir premier de réconcilier la nation ivoirienne avec elle-même.

On a connu, il n’y a pas si longtemps, une RTI qui, au plus fort de la crise ivoirienne, n’était rien d’autre qu’un instrument qui distillait la haine, proférait des injures et, par moments, sembla appeler jusqu’au meurtre. On a vu à l’œuvre ce média public qui s’était mis en devoir de ne diffuser que l’information selon Gbagbo et les plus purs ainsi que les plus durs de son régime. La RTI nouvelle naît aujourd’hui, créée ou recréée par les nouvelles autorités ivoiriennes du clan d’Alassane Ouattara. Pour se rendre crédible, elle a obligation de faire dans la rupture ; elle doit résister à la tentation facile de ne véhiculer à son tour que l’information selon ADO et ses amis aujourd’hui aux commandes de l’Etat. Car on la jugera à l’aune de sa capacité d’ouverture, d’acceptation de la critique, de dialogue, de contestation et, pourquoi pas, de contradiction. Et ADO devra y veiller.

C’est à ce prix aussi que s’amorcera l’indispensable virage nécessaire à la réconciliation des Ivoiriens avec eux-mêmes. Plus, cette tâche, qui est loin d’être une sinécure, le président ivoirien a obligation de la réussir ; ne serait-ce que pour inciter les Ivoiriens à sublimer de larges pans de leur douloureux passé récent, mais aussi et surtout, pour conjurer certains spectres futurs dont la survenue pousse forcément une nation à exhumer inutilement et à brandir de vieux cadavres dangereux. La RTI nouvelle, si elle réussit sa part de mue, servira alors de catharsis à la nation ivoirienne tout entière.

Par Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 10 août 2011 à 10:05 En réponse à : RTI : Après l’évangile selon st Laurent, le prêche d’Alassane ?

    Mr Kongo, la TCI est née avant la bataille d’Abidjan. Je crois bien courant février 2011.
    La nouvelle RTI n’aura rien de différent de l’ancienne RTI car c’est le même tempo qui est toujours en vigueur. Les éloges de ADO et de son clan qui seront toujours diffusés comme c’était le cvas avec la TCI.
    En Afrique, la confusion entre une TV publique et une TV d’Etat est permanente. La TV publique financée par les fonds publiques c’est à dire l’argent de tous les citoyens doit être au service de tous et accepter la pluralité de vues. Quant à la TV d’Etat, elle est de type soviétique prête à faire l’atalakou du Patron ou Gourou ou bon Dieu si on veut. L’exemple de la RTB est illustrative, les communiqués du CDP et de la FEDABC passent sur les écrans de celle-ci mais jamais de communiqués de l’Opposition ni des syndicats. De ce fait, il ne faut rien n’attendre de la RTI nouvelle.

  • Le 10 août 2011 à 11:24, par Burkimbila En réponse à : RTI : Après l’évangile selon st Laurent, le prêche d’Alassane ?

    Renseignez-vous bien avant de faire vos écrits. La TCI a commencé à diffuser ses images bien avant la chute de Gbagbo.
    Bonne journée

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