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Signet : « Et si nous rêvions l’Afrique ? »

Publié le mardi 9 août 2011 à 01h47min

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Chaque semaine, les colonnes de ce grand quotidien qu’est Sidwaya m’honorent, en accueillant ma modeste contribution et chaque semaine, en rédigeant cette courte chronique je me plais à imaginer les nombreux amis que je compte à Ouagadougou et dans tout le Burkina…Je rêve de « mon » Afrique, et voyez bien dans ce possessif, qu’une marque de tendresse dénuée de toute arrière-pensée.
Il en est un qui rêva d’Afrique et n’y mit qu’une fois les pieds , et encore dans le nord méditerranéen, c’est ce singulier météore littéraire que fut Raymond Roussel (1877-1933).

Il y a du Philéas Fogg chez ce Raymond Roussel qui, héritant d’un coquet pactole, se comporta, sa vie durant, en dandy des palaces, des trains à compartiments privés, des paquebots en perpétuelles croisières…De sa solitude dispendieuse sortit un petit ouvrage de guère plus de quarante pages augmentées de cinquante-neuf dessins, « Impressions d’Afrique » dont le sens demeure, pour reprendre P.E Prouvost d’Agostino, qui lui consacra une étude fouillée, « aussi impénétrable à l’éxégète que la langue étrusque ou les cunéiformes du Croissant fertile ».

Pourquoi l’Afrique ? demandera le lecteur naïf. Elle n’est ici qu’une destination sans but, une contrée sans rivages, qui, semblable à la Pologne de Jarry est située nulle part.
« Ce que tu as cherché en tout lieu et trouvé nulle part au monde, c’est d’abord au fond de toi que tu peux le découvrir », recommandait Saint-Cyran.

Roussel, mystérieux misanthrope,excentrique foisonnant, dément plus mesuré qu’il n’y paraît, et extravagant voyageur parle d’une Afrique imaginaire et pourtant si réelle.
Au soleil d’Afrique, le génie de Roussel s’enfonce vers l’ombre ; tel un serpent à sang glacé s’enfouissant dans le sable saharien.
Son œuvre est l’opus contemplatif d’un dépressif chronique, le carnet de voyage d’un aventurier de sleeping qui, faute d’avoir trouvé sa madone, a rencontré son « héroïne » et ses effets des plus néfastes.
Les surréalistes louaient en Roussel un génial précurseur quand lui, refusait les honneurs et se complaisait dans le rôle du chasseur de chimères et de l’explorateur en chambre double. L’Afrique de Roussel ressemble un peu à celle évoquée dans une ou deux toiles par le peintre naïf, le Douanier Rousseau…..

Mais les couleurs sont là, les parfums aussi, les bruits, les rumeurs, les musiques et les vents contraires…Roussel n’a pas plus rêvé son Afrique que nous ne la rêvons nous-même…Tiens, en terminant cette chronique, je m’imagine buvant une bière avec l’ami Sosthène au bar de l’hôtel Indépendance dans un brouhaha d’allégresse.

Jacques Bruyas : « Impressions d’Afrique » de Raymond Roussel (1910) réédition le « Livre de Poche » 6 euros 50

Sidwaya

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