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RETOUR DES EXILES IVOIRIENS : La quadrature du cercle

Publié le mardi 9 août 2011 à 01h46min

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A la faveur de la célébration du 51e anniversaire de l’indépendance de son pays, le président ivoirien a réitéré sa ferme intention de reconstruire une Côte d’Ivoire réconciliée et rassemblée. Ainsi a-t-il invité les Ivoiriens exilés à rentrer au pays pour apporter leur pierre à l’érection du nouvel édifice national. Un appel du pied auquel Sylvain Miaka Oureto, président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI), a réagi favorablement. Mais en se disant prêt à saisir la main tendue du président Alassane Dramane Ouattara (ADO), le porte-parole du parti de l’ex-président Laurent Gbagbo a tout de même posé, de façon subtile, une condition. Ce dernier a, en effet, supposé qu’en appelant ses frères, notamment ceux du FPI et de La majorité présidentielle (LMP) qui se sont réfugiés au Ghana et au Liberia à retourner au bercail, ADO serait prêt à annuler toutes les poursuites engagées contre eux.

Le président intérimaire du FPI touche ainsi du doigt le point le plus sensible du processus de réconciliation en Eburnie pour lequel la justice peut constituer un obstacle. L’actuel chef de l’Etat ivoirien a, certes, promis de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité de ceux qui, comme quelques officiers de l’armée autrefois réfugiés au Ghana, accepteraient de revenir. N’empêche que le nœud gordien du retour des exilés reste les poursuites judiciaires dont ceux-ci font l’objet. Si tous les exilés politiques dont la plupart ont les mains maculées de sang avaient la sincère garantie de ne pas être poursuivis une fois qu’ils fouleraient le sol ivoirien, ils ne se feraient point prier pour profiter de la prochaine législative pour repositionner leur parti dans le paysage politique ivoirien renaissant.

Quand on sait que la justice et la vérité sont les bases essentielles les plus viables d’une réconciliation et d’une paix sincères et durables, l’on mesure toute la portée du dilemme auquel est confronté le locataire du palais de Cocody. Car, envisager et réussir le retour des exilés politiques ivoiriens revient à concilier l’impérieuse nécessité de rendre justice aux victimes et le besoin non moins pressant du pardon sans lequel les différentes parties ne sauraient se réconcilier. Cela ressemble fort à une quadrature du cercle difficile à maîtriser. Comment s’y prendre donc pour éviter de verser dans une impunité qui risque de faire le lit de certaines dérives comme les vengeances individuelles et la vindicte populaire ?

Faut-il faire miroiter l’offre d’une amnistie générale aux fuyards pour ensuite les livrer à la Justice, ou opter pour un deal politique qui consisterait à identifier des agneaux de sacrifice afin de permettre de blanchir les véritables coupables ? Le risque couru dans le premier cas serait, en plus d’une réconciliation sapée depuis la base, le retour imprévisible de manivelle au cas où le régime Ouattara se prendrait les pieds dans le tapis. En parvenant à échapper à la capture lors des affrontements ayant conduit à la chute de l’ancien régime, Blé Goudé et ses autres camarades en fuite ont prouvé qu’ils n’étaient pas si imprudents que cela.

S’ils acceptaient de rentrer au pays, ils prendraient sans doute les précautions nécessaires en vue de ne pas être inquiétés ou de faire prendre le pouvoir en place dans son propre piège en cas de supercherie. L’on ne sait pas non plus ce que ces réfugiés ont pu fomenter comme plans pendant leur exil. La découverte d’armes détenues par des exilés ivoiriens dans un pays voisin est une information, entre autres, à ne pas négliger dans ce genre de situation. L’idée d’encourager le retour des Ivoiriens est d’ailleurs lumineuse en ce sens qu’elle contribuerait à limiter les risques d’éventuels coups de force souvent initiés par des exilés politiques ayant longtemps séjourné dans leur pays d’accueil. Mais il serait tout de même hasardeux d’absoudre tous les criminels de la période postélectorale ivoirienne.

Et à l’image du chat échaudé qui craint l’eau froide, le chef de l’Etat ivoirien ne saurait oublier de sitôt les inhumaines épreuves que la roublardise du camp Gbagbo a fait endurer à lui, à ses partisans et au pays tout entier. Dans le souci d’empêcher que l’histoire se répète, il doit éviter de négocier le retour de ses adversaires coupables de crimes au pays à n’importe quel prix. Si arrangement et concession il doit y avoir, cela ne doit en aucun cas se faire au détriment de la justice et de la vérité. Il s’en trouve sans doute parmi les exilés qui se sont expatriés par crainte de représailles du fait de leur appartenance au FPI ou à LMP. Ceux-là, en plus de certains officiers de l’armée qui n’ont pas grand-chose à se reprocher, ont d’ailleurs commencé à regagner leur patrie. La seule faveur qui mérite d’être accordée à ceux qui ont attisé la haine ou qui ont tué de sang-froid pendant la crise, c’est un procès équitable, un traitement digne d’un être humain ; en somme, le respect de leurs droits. Pour le reste, puisse la justice en disposer.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 10 août 2011 à 18:47, par L’Oeil En réponse à : RETOUR DES EXILES IVOIRIENS : La quadrature du cercle

    Si Ble Goude rentre je me chargerai personnellement de l’enterrer vivant dans une des multiples fausses communes qu’il a occasionne. C’est sans negociation, ce faussoyeur metteur de feu a l’equilibre social ne merite plus de respirer l’air parmi les enfants de Dieu. (IL N’AIT PLUS DES NOTRES ! QUE DIEU NOUS PARDONNE !)

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