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Contre la candidature de Wade en 2012 : Les syndicats achètent la bagarre

Publié le lundi 8 août 2011 à 01h32min

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Jeudi dernier, plusieurs leaders syndicaux sénégalais se sont réunis pour lancer le « mouvement des travailleurs/touche pas à ma constitution ». Une démarche qui marque clairement leur adhésion au désormais célèbre Mouvement du 23 juin, M 23 pour les intimes, aux côtés de l’opposition et de la société civile. Deux mouvements et un but commun, défendre les institutions de la République et empêcher un troisième mandat d’Abdoulaye Wade.

On se souviendra longtemps de la colère des Sénégalais lorsqu’à seulement quelques mois de l’échéance présidentielle, leur gouvernement a tenté d’innover sur le plan institutionnel en dotant le pays non seulement d’un ticket présidentiel à l’américaine, et surtout en faisant élire le fâcheux tandem par une minorité de seulement 25% des votants. Autant dire au premier tour et sans autre forme de procès.

Cette colère portée par la coalition « touche pas à ma constitution », l’establishment sénégalais en a vu l’ampleur lors de la chaude mais glorieuse journée du 23 juin qui aboutira au retrait pur et simple du projet tant contesté.

Aujourd’hui relayé par les partenaires sociaux que sont les syndicats, le leitmotiv du M 23 reste et demeure la sauvegarde des acquis républicains et surtout le maintien de la pression sur Wade et son régime. Pour ces nouveaux adhérents, il s’agit d’alerter l’opinion publique sur d’éventuels risques de déstabilisation sociale en cas de crise politique, car pour eux la loi fondamentale n’est pas l’affaire des seuls politiciens, mais plutôt celle de l’ensemble des citoyens et des travailleurs en particulier.

Une prise de position claire, mais qui repose le problème de la politisation de la société civile. Alors, les syndicats, qui se définissent comme des groupements constitués pour la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, doivent-ils se cantonner à leur rôle premier ou aussi intervenir sur le terrain glissant du jeu politique.

Au Burkina, la question ne se pose même pas, car, depuis longtemps les syndicats se sont impliqués dans le débat, voire dans l’action politique ? On se souvient encore du soulèvement populaire du 3 janvier 1966, qui a mis fin à la première république et à la tête duquel les syndicats étaient en bonne place.

Mais ailleurs, le pas est vite franchi quand on considère, à l’instar des porte-voix du « mouvement des travailleurs/touche pas à ma constitution », que les intérêts moraux des travailleurs dépendent en grande partie de la donne politique. Et dans le cas précis du Sénégal, parce que « nous sommes les premières victimes des crises sociales : chaque fois que la paix sociale est menacée, les travailleurs sont en première ligne ».

Et cela, d’autant plus qu’au pays de la Teranga la crise, bien avant d’être politique avec l’éventualité d’un troisième mandat présidentiel pour Abdoulaye Wade, est sociale, car malgré les promesses du Sopi (changement en wolof), les Sénégalais ont du mal à voir le bout du tunnel.

« Nous n’acceptons pas que le pays s’embrase », affirment les nouveaux adhérents du M 23 avec une conviction toute patriotique. Mais encore faudra-t-il qu’à défaut qu’ils restaurent le dialogue, leur discours ne jette pas l’huile sur le feu, qui couve.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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