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CONSTRUCTIONS AU BURKINA : Tenir compte des changements climatiques

Publié le vendredi 29 juillet 2011 à 03h42min

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Walahi, la dernière fois, c’est Dieu qui m’a sauvé ! C’était pendant cette pluie qui a arraché des kiosques, déraciné des arbres et fait tomber des murs à Ouagadougou. J’avais d’abord été délogé du caniveau qui me servait de logis. En effet, j’y étais confortablement installé, mon baluchon sur la tête et une jambe sur l’autre, lorsque j’ai vu une trombe d’eau foncer sur moi. J’ai pu de justesse m’échapper de la noyade. J’ai alors couru m’abriter sous un mur, en espérant éviter les gouttes de pluie. C’est à ce moment qu’un pan dudit mur s’est écroulé sans crier gare. Surpris et effrayé, j’ai piqué un sprint vers le goudron, juste pour passer sous un gigantesque panneau publicitaire avant que ce dernier n’embrasse le sol.

En voyant un arbre planter ses branches à la place où se trouvaient ses racines, j’ai préféré chercher un endroit dépouillé de toutes ces menaces cataclysmiques. Je me suis fait battre copieusement par la pluie. Mais mieux valait cela. Après avoir échappé à tous ces dangers, une grosse boule s’est enroulée autour de mon cœur. Il est donc urgent que je m’en débarrasse ici avant de piquer une crise cardiaque. Voilà ! Tout ce que je viens de blablater ne révèle qu’une chose : les changements climatiques et leurs effets sont bien réels. Et il est temps qu’on s’y adapte. Bon, je crois qu’on a déjà raconté ça quelque part.

Mais il faut adapter aussi notre manière de construire. La quantité de ciment par brique, le nombre et la qualité de matériaux pour construire, la profondeur des fondations, bref, tout doit être revu. Si on ne revoit pas cela nos maisons vont devenir nos tombes (nos caniveaux aussi, en ce qui me concerne). La sécurité n’a pas de prix. Ce n’est pas la peine de mettre sa famille en danger en faisant du dèmè dèmè (1) pour construire une maison, sous prétexte qu’on veut économiser. Pardon ? Quoi ? Mais oui ! Vous avez raison ! Je n’allais pas l’oublier. Oui, il faut aussi que l’Etat se lave le visage. Tout le monde sait que les prix des matériaux de construction ne font que jouer aux ballons remplis d’hélium (l’hélium est un gaz qui ne sait que monter sans jamais “descendre”).

Difficile donc de demander à un Burkinabè qui a déchiré le fond de sa culotte d’acheter ces sacs de ciment hors de portée au risque d’en rajouter à sa misère. Etat, sabari (2), il faut faire quelque chose pour faire baisser les prix des matériaux de construction. Mais ce ne sera pas tout. Construire en s’adaptant aux changements climatiques, ça veut dire quoi ? Moi-même, je ne le sais pas. Peut-être que les grands architectes et maçons le savent. Mais ce n’est pas certain que le maçon de Falangoutou en sait quelque chose, surtout que le mot “changement climatique ” est relativement nouveau dans notre jargon. Une remise à niveau de tous ces bâtisseurs de maisons, de ponts, de caniveaux et j’en passe, s’impose par conséquent. Et l’Etat est interpellé. C’est l’occasion rêvée pour lui d’édicter des règles strictes de construction et de les faire observer par nos techniciens.

A propos, ils n’ont qu’à faire pardon et laisser leur affaire de vol de ciment ou de fer à béton. Il faut qu’ils quittent dans ça ! Sinon, ils vont nous tuer ! Pour revenir à l’Etat, ce que je dis là est sérieux. C’est quand l’une des tours du palais de Kosyam va s’envoler pour venir tomber à Koulouba que vous allez comprendre. Mais il faut être vraiment fou pour parler comme ça. Avec l’argent qui a été déversé sur Kosyam, cela m’étonnerait qu’une chose pareille arrive. Kosyam, c’est donc du béton ! Mais dans ce cas, je ne vais plus trop m’en faire et vous aussi, chers compatriotes. Parce que si nos maisons s’écroulent à cause des intempéries, il nous restera toujours Kosyam, notre maison commune, où on pourra loger. Mais comme vous n’êtes pas fous comme moi, voyons d’abord comment l’Etat peut nous préserver nos maisons individuelles. Là, chacun restera dans son chacun.

Le Fou

Le Pays

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