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EGYPTE : Sale temps pour les anciens barons

Publié le jeudi 28 juillet 2011 à 02h58min

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Hosni Moubarak, ce n’est un secret pour personne, s’en est allé. La poussée de fièvre populaire qui a emporté son voisin tunisien Ben Ali, a fini par avoir raison de lui. Humilié et confus qu’il est, l’octogénaire, en dépit de la fortune amassée en trente ans d’exercice du pouvoir, vit reclus comme un pauvre hère dans sa luxueuse fazenda à Charm-el Cheick. Ainsi va la vie. C’est le résultat auquel aboutissent tous ceux qui ne savent pas quitter les choses à temps, préférant s’emmurer dans un populisme outrancier. Toutefois, s’il est vrai que Moubarak a été mis hors-jeu, son système, par contre, demeure. De nombreux dignitaires de son système sont tapis dans l’ombre ; et pour préserver leur tirelire, ils font des pieds et des mains pour bénéficier de la sympathie des autorités de transition.

Mais c’est sans compter avec la détermination de la rue qui n’entend pas se faire conter fleurette dans sa traque contre tous les caciques du régime défunt, qui ont mis le pays à feu et à sang ou l’ont ruiné. On se rappelle d’ailleurs que c’est cette vigilance active de la rue qui avait contraint la justice égyptienne à infliger à Moubarak et à son épouse une peine d’emprisonnement de 35 ans, assortie d’une lourde amende. Et cette fois-ci encore, c’est avec la même détermination que les pionniers de la révolution ont exigé et obtenu que soient débarrassés de l’administration publique tous ceux qui, sous l’ère Moubarak, ont été, par complaisance ou par affinité, promus à des postes de responsabilité.

Ils estiment que ces faucons du régime déchu constituent un goulot d’étranglement pour la jeunesse qui pensait, une fois la page tournée, pouvoir se trouver une place au soleil. Ce qui n’est pas faux puisqu’il est démontré que quand un régime dure , le laxisme et la sclérose finissent par devenir ses attributs essentiels. Rien ne bouge. Tout est figé, dans la mesure où d’un bout à l’autre du système, les privilégiés se tiennent constamment par la barbichette. Pour cela, les autorités de transition égyptiennes font oeuvre utile en débarrassant l’administration de tous ces oripeaux qui rappellent l’ancien raïs pour, in fine, y injecter du sang neuf. Toute chose qui permettra d’y insuffler un nouveau dynamisme. Loin d’être une chasse à l’homme, pareil exercice s’apparente à un ménage indispensable qui permettra aux tenants de la révolution de récolter les fruits de leur combat.

D’ailleurs, cela n’avait que trop tardé. Mais comme le dit l’adage, mieux vaut tard que jamais. Seulement, tout porte à croire que tant qu’il n’y aura pas de nouvelles autorités démocratiquement élues, le régime de la transition sera bon an mal an, contraint d’agir sous la pression de la rue, en lâchant du lest à chaque manifestation. Toute chose qui sera préjudiciable à l’instauration d’un Etat de droit dans une Egypte pharaonique qui aspire se tailler une place dans le concert des nations. La rue ne gouverne pas. Elle est impulsive, si bien qu’elle fait parfois dans l’excès.

Boundi OUOBA

Le Pays

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