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Evariste Faustin Konsimbo, président du Cercle d’éveil : « J’en veux beaucoup à la classe politique burkinabè »

Publié le mardi 26 juillet 2011 à 03h19min

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Evariste Faustin Konsimbo, président du Cercle d’éveil, une association de défense des droits humains et sociaux et vice-président du Forum des citoyens de l’alternance (FOCAL), est mécontent de la façon dont les questions de gouvernance et de politique sont gérées au Burkina. Dans cette entretien, réalisé le mercredi 20 juillet 2011, M. Konsimbo s’exprime sur les mutineries qui ont secoué le pays, applaudi la radiation des 566 militaires et condamne les réactions, qu’il juge irresponsables, de certains hommes politiques sur la question.

Sidwaya (S) : Le Burkina Faso a vécu des mutineries qui ont eu pour conséquence, la radiation de 566 militaires. Quelle appréciation faites-vous de cette décision ?

Evariste Faustin Konsimbo (E. F. K) : Concernant la situation de mutinerie dans les différentes casernes, je tiens d’abord, à féliciter les compatriotes pour leur calme. Il faut ensuite, féliciter les autorités qui ont fait montre de patience et de retenue. Enfin, à l’endroit des victimes, je tiens à manifester ma compassion. Cette sanction, même si elle intervient tardivement, vient à point nommé. On peut reprocher beaucoup de manquements aux autorités, mais sur la gestion de cette crise, je suis obligé de reconnaître que le président du Faso Blaise Compaoré a fait preuve de sagesse et de responsabilité. C’est grâce à son calme et à son sens de responsabilité que nous avons retrouvé la paix, afin que les uns et les autres puissent vaquer à leurs occupations. Pour revenir à la sanction, en tant que défenseur des droits humains, je ne peux que féliciter et encourager les autorités burkinabè. C’est une étape, comme eux-mêmes l’ont dit et nous attendons les suites concernant les poursuites pénales qui viendraient appuyer les sanctions administratives et disciplinaires.

S. : Quel commentaire faites-vous de la réaction du chef de file de l’opposition sur la radiation des militaires ?

E.F.K. : Sur la question de la radiation, je déplore la réaction du chef de file de l’opposition, Me Bénéwendé Sankara, parce qu’il a laissé entre-planer une suspicion très douteuse, quand il s’érige en avocat du diable. Il a parlé d’inquiétudes, de division de l’armée (…) A son sens, il trouve que la décision de radiation crée d’autres problèmes. En cela, je trouve que c’est dangereux ! Quand on est un leader politique, on ne doit pas adopter des positions ambiguës sur des situations aussi graves et inhumaines que celles que nous avons vécues. Je ne peux pas citer la liste des exactions ou des dégâts, mais je m’attendais à une condamnation beaucoup plus ferme, surtout que Me Sankara est lui-même un homme de droit. Quand j’ai suivi son intervention dans la presse internationale, j’ai eu la mort dans l’âme ! Des gens qui prétendent nous diriger demain ne doivent pas procéder de cette façon. Je pense qu’il faut faire preuve de responsabilité et demander que la justice soit appliquée, car c’est la justice qui peut éviter que nous nous retrouvions dans de pareilles situations. En tant que mouvement défenseur des droits humains, nous sommes totalement en phase avec la décision de radiation des militaires.

S : Mais il y en a qui se disent que près de 600 militaires dans la nature, c’est un danger pour le pays. Qu’en pensez-vous ?

E.F.K. : Ces inquiétudes sont réelles, mais je me dis qu’actuellement, nous assistons à une reprise en main de l’armée. Et je suis confiant, car ces personnes sont identifiées. Si elles n’étaient pas identifiées, ça pourrait poser problème. 566 personnes, c’est beaucoup, mais par rapport à toute une population, à tout un gouvernement, je pense que la disproportion des moyens n’est même pas à craindre. Je demeure persuadé que les responsables ont dû certainement entrevoir cette question, d’où le fait que je ne doute pas que des mesures d’accompagnement ont dû certainement être prises. Là-dessus, je suis totalement tranquille, même si je reconnais qu’il s’agit d’inquiétudes qui peuvent être fondées.

S. : Pensez-vous qu’au regard des mesures prises, on est en train de trouver des solutions à la situation ? Selon vous, y a-t-il une crise au sein de l’armée ?

E.F.K. : C’est évident qu’il y a une crise profonde au sein de l’armée nationale. Et en réalité, cette crise est le reflet de ce qui se passe dans la société burkinabè. J’ai cru entendre le chef d’état-major général des armées dire que l’institution militaire prenait les bandits des autres. De fait, les bandits viennent d’où ? Ce sont nos enfants ! La famille n’a pas joué son rôle, les parents également et finalement, on les a pris dans l’armée, le général Honoré Nabéré Traoré après des négociations, souvent nocturnes. C’est vrai qu’au niveau de la hiérarchie militaire, il y a des responsabilités à situer. Mais là-dessus, je me dis qu’il y a des enquêtes en cours. Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao lui-même, lors d’une interview, a laissé entendre qu’il y avait des procédures toujours en cours pour déterminer exactement le rôle des uns et des autres. De ce fait, je ne serai pas étonné, demain, qu’il y ait des sanctions au niveau de la haute hiérarchie militaire. Ce qui est sûr, je me dis qu’un diagnostic a certainement été fait et cette mesure de radiation est une décision de premier degré. Je pense qu’il fallait agir pour calmer un tant soit peu, les victimes et ne pas donner l’impression qu’il y a une impunité. Je pense qu’ils ont des éléments de solution à la crise au sein de l’armée, mais ça prendra du temps. Je suis persuadé que l’avenir de l’armée va être discuté. Dans le temps, nous, les défenseurs des droits humains, avions proposé qu’on réduise le nombre des militaires et qu’on renforce la gendarmerie et la police. Je pense que la crise offre une opportunité pour se pencher sur la place de l’armée dans notre pays.

S. : Les travaux du CCRP viennent de prendre fin. Quelle est votre point de vue sur ce cadre de dialogue qui a duré du 23 juin au 14 juillet 2011 ?

E.F.K. : Je considère le CCRP comme un cadre de proposition, un geste dans une période de crise pour ne pas donner l’impression qu’on ne fait rien ou qu’on n’est pas soucieux. C’est dans ce sens que j’ai compris le geste du chef de l’Etat. C’est une occasion pour donner la parole aux uns et aux autres de s’exprimer sur des questions. S’agissant du contenu, je note que les gens se sont exprimés. Mais, je suis un peu déçu parce qu’en prenant, par exemple, le point qui concerne les défenseurs des droits humains, il est dit qu’on donnait, dans les mesures consensuelles, la possibilité aux citoyens de pouvoir saisir le Conseil constitutionnel. Mais, on limite cette action, en disant qu’il faut passer par la représentation nationale. Si on veut donner quelque chose, il ne faut pas créer des obstacles. Il y a d’autres propositions qui ont été faites (…) Le sénat (…) franchement, je n’ai rien contre, mais est-ce que la configuration actuelle de notre démocratie nécessite une telle institution ? Quelle valeur ajoutée le sénat peut-il apporter ? Je me pose des questions !

S : C’est encore des propositions au stade actuel. Et puis, votre mouvement a-t-il participé aux travaux du CCRP ?

E. F. K. : Nous faisons partie de ceux qu’on appelle les associations et organisations des droits humains. Il y a un répertoire qui existe au ministère de la Justice et des Droits humains. C’est sur la base de ce répertoire qu’on nous a convoqué. Nous avons mandaté quelqu’un qui a représenté le Cercle d’éveil, notre association. Pour une première fois, il faut reconnaître que les gens ont posé des préalables qui étaient : l’intangibilité de l’article 37, la dépolitisation de l’administration et de l’armée (…) Nos candidats avaient pour obligation de défendre ces positions. Le Cercle d’éveil a participé, et si je m’en tiens aux mesures consensuelles et non consensuelles, je pense que nos trois candidats se sont défendus comme ils peuvent. C’est la sortie du Dr Pierre Bidima (président du Mouvement pour la paix, NDLR) qui a, semble-t-il, posé un couac, parce qu’il semblait proposer la voie référendaire pour résoudre la question de l’article 37, alors que ce n’était pas du tout le point de vue de l’assemblée constituée d’une centaine d’associations. C’est le seul couac, sinon, nous avons participé, en tant que structure, à la désignation des membres.

S : Sur la question de l’article 37, les membres du CCRP ne sont pas parvenus à un consensus. Finalement, d’après vous, sommes-nous sortis de l’auberge ?

E. F. K. : On est loin de sortir de l’auberge ! Cette question demeure toujours et il faut le dire et le reconnaître, le problème de la modification ou pas de l’article 37 tient en la seule personne du chef de l’Etat. Est-ce qu’il peut continuer ? Est-ce qu’il ne peut pas continuer ? C’est ça le nerf du problème. Il ne faut pas user d’euphémisme. C’est ça la réalité et il faut le présenter comme tel. Maintenant, compte tenu du passé en termes de gouvernance, les choses seront-elles simples ? Je ne mets pas tout sur le dos du chef de l’Etat. Le président du Faso, lui tout seul, ne peut pas grand-chose. Il a aussi ses partisans. Et ils ont assumé le pouvoir d’Etat pendant plus de deux décennies. Vous ne pouvez pas venir du jour au lendemain, quoique vous vouliez, leur dire de quitter le pouvoir sans protocole. Il faut trouver la manière pour poser le problème de l’alternance au Burkina. Il faut qu’on se responsabilise et qu’on se dit qu’on est dans un pays où, même si tout ne marche pas à 100%, ça va quand même à 80%. Nous avons la paix et à la lumière de ce qui s’est passé, les uns et les autres ont pris la mesure de ce qui peut être pire. Il faut donc trouver la manière de discuter, de dialoguer avec le camp du pouvoir sur la création des paramètres d’une alternance. Les va-t-en guerre ne font qu’empirer la situation car c’est clair que toute position qui aurait tendance à ne pas rassurer le camp d’en face ne sera pas de nature à faire évoluer les débats Et ils ont les moyens de faire, soit du dilatoire ou de bloquer le système. Il faut voir l’avenir du pays, mettre en avant l’intérêt général. Je pense que ce n’est pas une surprise qu’il n’y ait pas eu de consensus sur l’article 37.

S. : Ne pensez-vous pas qu’on biaise un peu le débat quand on cristallise toute une nation autour d’un seul individu : Blaise Compaoré ?

E. F. K. : C’est ce que je suis en train de dire. Parce qu’en fait, M. Compaoré, lui seul, sa voix ne peut pas l’élire président du Faso. Il faut trouver un juste milieu dans le dialogue. Je pense que la classe politique, dans son ensemble, ferait preuve de maturité, parce que le pays doit continuer et doit survivre à nous tous. Il est vrai que tout ne marche pas à 100%, mais il y a quand même des structures sur la base desquelles d’autres générations peuvent continuer à travailler pour développer le pays. Il faut voir les choses dans cette perspective plutôt que de se focaliser sur un seul point. Et puis, il faut reconnaître que le chef de l’Etat n’est plus le même qu’il y a 15-20 ans. Lui aussi, quelle que part, avec l’expérience, comprend, entend et observe. Il a certainement aussi mis de l’eau dans son vin. Dans ces conditions, si les acteurs politiques mettent l’intérêt supérieur du pays dans la balance, il n’y a pas de raison qu’on ne trouve pas de solution.

S. : Avez-vous l’impression qu’au niveau de la classe politique, on joue au ôtes-toi pour que je m’y mette ?

E. F. K. : Une certaine classe politique joue à ce jeu. Et il y a une certaine classe même qui pousse souvent le bouchon un peu trop loin. C’est vrai que la faune politique du Burkina est très complexe. Quand pendant longtemps, vous avez vu des personnes éminentes prôner le boycott tout en sachant très bien qu’on est dans un cadre démocratique, que voulez-vous ? Je dis que le plus grand parti politique d’opposition au Burkina Faso, c’est celui des abstentionnistes. Ils sont plus de 43%. Ce sont des gens qui se sont inscrits, mais qui ne votent pas parce que pendant longtemps, on leur a fait un lavage de cerveau, en disant que ça ne marche pas, tout est pipé (…) Mais, que voulez-vous qu’on fasse ? Cependant, il y a les autres qui disent : ce n’est pas parfait, mais on va essayer. Avec les moyens dérisoires, ils essaient (…) Je demeure convaincu, comme quelqu’un l’a dit, qu’il faut régénérer la classe politique. Je pense que la classe politique a un grand rôle à jouer. J’en veux beaucoup à la classe politique burkinabè.

La politique au Burkina ou généralement en Afrique, si vous remarquez, les débats se focalisent toujours sur la CENI, les procédures électorales (…) Mais il n’y a pas que cela ! Il y a d’autres côtés, notamment le social (accès à l’emploi, à la santé, à l’éducation…) Parfois, c’est la société civile qui est obligée de poser les problèmes. Je pense que la classe politique, dans la grande majorité, surtout l’opposition, parce que c’est le rôle de l’opposition de critiquer et de faire des propositions, a failli. Et c’est en cela que je pense qu’il faut reboiser cette classe politique qui est toujours là avec des luttes avant-gardistes dont on ne sait même pas à qui ça profite.

S. : Parlant de reboisement, il y a de nouveaux bourgeons qui sont en train de naître avec des anciens ministres du président Compaoré, notamment Ablassé Ouédraogo et Zéphirin Diabré. Qu’en pensez-vous ?

E.F.K. : Certainement, il s’agit de deux offres qualitatives, quoique celle de Ablassé soit venue tardivement. S’agissant du parti de M. Diabré, je pense que c’est un Burkinabè qui a beaucoup à apporter. Ce que j’apprécie chez lui, c’est le ton responsable et mesuré. Pour M. Ouédraogo, je pense que c’est au stade de projet. Attendons de voir ce que l’avenir nous réserve. Mais en tous les cas, il s’agit de deux offres qualitatives, parce que ces deux personnalités ont servi, tant au niveau national qu’international. Ils ont fait la preuve de leur capacité individuelle, car ce n’est pas donné à tout le monde de quitter le système et de survivre. On est comme si on était anesthésié. Il faut un choc, un autre style de gouvernance. A un moment donné, vous ne pouvez plus être efficace. Le renouvellement va venir, de toutes les façons, naturellement. Nous avons une classe politique qui a atteint la soixantaine, on souhaite qu’ils soient centenaires, mais il y a des limites. J’ai suivi la démarche de Zéphirin Diabré et ça été un long processus de réflexion qui a duré pratiquement 5 ans. Nous avons d’abord réfléchi au sein du FOCAL où je suis le vice-président. Après, nous avons décidé que ceux qui voulaient aller dans un parti politique pouvaient intégrer l’UPC de M. Diabré. Et ceux qui voulaient rester dans la société civile restaient dans le FOCAL. Je suis personnellement à l’aise dans la société civile. Mais, la société civile et les partis politiques ne doivent pas travailler comme des ennemis, parce que l’intérêt général, c’est le bien-être du peuple burkinabè. Tant qu’on va dans cette direction, il n’y a pas d’opposition entre partis politiques et société civile. Le rôle de l’opposition, tout comme la société civile, étant de renforcer le contre-pouvoir.

S. : Il ne serait donc pas exclu de vous voir auprès de Zéphirin Diabré dans l’UPC, vu votre proximité à travers le FOCAL ?

E. F. K. : Je demeure dans la société civile. Mais comme je vous le dit, le FOCAL est un laboratoire où on fait des réflexions qui peuvent profiter à tous les partis politiques. C’est à eux de capitaliser pour le bien-être des Burkinabè. C’est pourquoi j’appelle au renouvellement des partis politiques. Franchement, en pleine crise, aller demander la démission du chef de l’Etat sans rien proposer, je trouve cela totalement irresponsable.

S. : Parlant d’alternance, au Sénégal, le président Abdoulaye Wade tient à l’envers et contre tous à se présenter à l’élection présidentielle à venir. Que pensez-vous de tout ça, en tant que défenseur des droits humains ?

E. F. K. : S’agissant du Sénégal, il faut reconnaître que c’est un pays qui a de l’expertise à revendre en matière de démocratie. C’est vrai que par moments, il y a des pics, mais c’est habituel. Quand on remonte dans l’histoire, ils sont coutumiers de cette situation. Ce qu’il faut déplorer chez Wade, c’est qu’il ne fait pas honneur à l’opposition. Voilà un monsieur, dans une piètre mesure, il y a Laurent Gbagbo, des gens qui se sont opposés par le canal de l’opposition pour accéder au pouvoir. Et maintenant qu’ils ont eu le pouvoir, on a l’impression que ça devient autre chose. C’est un vrai recul de la démocratie. Mais peut-on se substituer au peuple sénégalais ? On dit en démocratie que c’est le peuple qui décide. En tant que défenseur des droits humains, je note qu’il y a un recul des droits au Sénégal. Il y a une volonté manifeste de monarchisation du régime au Sénégal avec ambition de faire passer son fils. On ne peut pas applaudir cette manœuvre. C’est vrai que Wade a toujours nié de vouloir monarchiser le pouvoir, mais vous savez comment ça se passe. Il ne va jamais dire la finalité. Toutefois, je fais confiance à la capacité du peuple sénégalais à réagir et ça, je ne doute pas du tout, car c’est un pays qui a une longue tradition en matière de démocratie. Wade a convaincu, les gens l’ont voté. Maintenant qu’il ne convainc plus, je ne suis pas inquiet, car je me dis que s’il va devant le suffrage, il va prendre sa dernière défaite qui sera très cuisante.

S. : Parlant d’opposants historiques arrivés au pouvoir, il y a Alpha Condé de la Guinée. Au regard de ce qui vient de se produire dans ce pays, pensez-vous qu’un jour il y aura une stabilité et une démocratie véritables en Guinée ?

E. F. K. : La démocratie et la stabilité ne se décrètent pas. C’est une construction qui peut, parfois, prendre du temps. S’agissant de la Guinée, il faut quand même relativiser, parce qu’ils viennent vraiment de loin. Il y a 4-5 ans, personne ne pouvait savoir à quelle sauce les Guinéens allaient être mangés. On était même incapable de faire des projections sur l’avenir de la Guinée. Le président Condé même l’a souligné en disant que ceux qui veulent replonger la Guinée dans les peurs, les crimes et autres en auront pour leur compte parce qu’il y a une dynamique qui est enclenchée. Je pense que c’est normal ce qui se passe en Guinée car face à une situation de changement, il y a toujours des gens qui sont hostiles. Ce sont ces forces qui vont essayer jusqu’à leurs dernières cartouches de dissuader, de faire peur, mais je me réjouis que ce camp n’ait pas gagné. Et comme c’est le début, je pense que le président Condé est bien conscient qu’il va faire face à de nombreux obstacles. C’est là que je dirai que l’âge n’est pas forcément mauvais car à son âge, je pense qu’on aspire à rentrer dans l’histoire. Et on a les mains libres et une vision plus claire avec l’ambition de se mettre au service de l’intérêt général. Je pense que Alpha Condé est courageux et qu’il va tenir le cap. Mais je tiens toujours à souligner que ce qui est arrivé est normal car la Guinée vient de loin et Alpha Condé va devoir remettre en cause beaucoup d’intérêts et d’acquis. Pensez-vous que ces gens vont croiser les bras et le regardez faire ?

S. : Vous pensez donc que ce sont les derniers soubresauts des dictatures que la Guinée a connues ?

E. F. K. : Je pense que ça fait partie des deniers soubresauts qui vont amener les Guinéens vers la création et la stabilisation d’un Etat de droit. Mais il y a certainement un prix à payer. Je pense qu’en acceptant d’être candidat, le président Condé avait mesuré le risque. D’ailleurs, il n’a pas semblé trop secoué, puisqu’il a lancé un appel au calme en rassurant ses concitoyens. Même si le pire devait arriver en Guinée, je suis convaincu que d’autres personnes reprendraient le flambeau pour la démocratie et la liberté.

S. : Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, fêtera ses cent jours à la primature cette semaine. En tant que citoyen, quel bilan pouvez-vous dresser de cette période ?

E. F. K. : J’avoue qu’à la prise de service du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, je ne vendais pas chère sa peau. En toute franchise, on se demandait ce qu’il allait pouvoir faire ? Que va-t-il apporter ? J’étais très dubitatif. D’abord, parce qu’il n’est pas très connu de la faune politique qui est un milieu rempli de loups et de caïmans qui ne sont pas forcément de la même forêt ou de la même mare. Ensuite, il est venu à une période très cruciale de crise. Peut-être que son appartenance à la famille de la communication l’a aidé. Je ne peux que le féliciter et l’encourager à continuer dans sa lancée, en associant tous les acteurs, parce que sous son règne, ce n’est pas pire ! On se rend compte que les choses sont en train de s’améliorer, notamment avec cette dernière mesure forte de radiation des 566 militaires. J’ai fait des interviews, même la possibilité de sanctionner un militaire, on n’y croyait pas ! On dit que c’est à l’œuvre qu’on reconnaît le maçon. Sur ce plan, le Premier ministre Tiao m’a largement étonné dans le bon sens.

Interview réalisée par Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr) et Romaric Ollo Hien (romaric.hien@gmail.com)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 juillet 2011 à 07:49, par Zoégnandé En réponse à : Evariste Faustin Konsimbo, président du Cercle d’éveil : « J’en veux beaucoup à la classe politique burkinabè »

    Mr. Konsimbo c’est avec une grande déception que nous découvrons à travers cette interview que vous êtes un pro Blaise prêt a l’accompagner dans la modification de l’article 37 en sa faveur. Nous sommes d’autant déçus que nous vous suivions agréablement à travers l’émission de canal 3 "le débat" où vous aviez des positions beaucoup plus claires et plus critiques sur les agissements du pouvoir. on ne peut que vous souhaiter d’avoir la panse bien pleine après cette trahison.

  • Le 26 juillet 2011 à 10:21, par ridabey En réponse à : Evariste Faustin Konsimbo, président du Cercle d’éveil : « J’en veux beaucoup à la classe politique burkinabè »

    c’est dommage d’entendre parler ainsi, un soit disant "défenseur des droits humains". J’ai peur de voir,cet homme bien cravaté etre un tyran s’il avait un jour une parcelle de pouvoir. Sous le manteau d’association de la société civile ces genres d’individu doivent etre craints. Ce qui est sure , Blaise Compaoré doit etre beaucoup plus sage que cet homme. Si l’unanimité est de condamner les actes incontrolés et barbares de nos jeunes enfants que sont ces militaires, il est indéniable comme lui meme le dit que les torts sont partagés par tous , de la famille à l’Etat. Donc nous devons réflechir un peu plus aux raisons fondamentales de cette déchéance du peuple Burkinabè dans son ensemble car si le mal n’est pas traité par les racines et par tous , la répétition de plus en plus fréquente et rapprochée de ce genre de crise est évidente. Puis quand cet homme parle que notre sécurité sera garantie il se leurre et c’est vraiment dommage. ça fait plus de 15 ans que nous vivons une insécurité grandissante et l’Etat n’a pas les moyens de la juguler. Maintenant que l’Etat a radié 566 militaires il pourra faire face à cette insécurité. Quelle aberration.Quels intellectuels nous avons. Ces 566 militaires avaient des familles qu’ils soutenaient ! Si l’Etat a l’oeil sur les militaires, aura til le regard et le controle sur tous les membres de ces familles qui seront laissés à eux memes. Nous avons mal à nos intellectuels, nous avons mal à ces associations dites de la société civile.

  • Le 26 juillet 2011 à 10:35, par Une lectrice En réponse à : Evariste Faustin Konsimbo, président du Cercle d’éveil : « J’en veux beaucoup à la classe politique burkinabè »

    Je suis juste agréablement surprise de savoir qu’il existe des Burkinabè de cette trempe.

  • Le 26 juillet 2011 à 11:16, par tom En réponse à : Evariste Faustin Konsimbo, président du Cercle d’éveil : « J’en veux beaucoup à la classe politique burkinabè »

    merci pour votre point de vu mais prochainement pour ces genre de question il va falloir le faire dans votre salon ne venez pas perturbé les gens avec des analyses a dormir débout

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