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Saison pluvieuse 2011 : La foudre, un phénomène de plus en plus inquiétant

Publié le mardi 26 juillet 2011 à 03h19min

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Depuis le début de la saison des pluies cette année 2011, les victimes de la foudre au Burkina Faso se font de plus en plus nombreuses. Cette situation tend à créer une certaine psychose dans la population à chaque averse. Quant aux causes, chacun y va de son explication. Cependant pour certains scientifiques, c’est un phénomène naturel, au même titre que le vent ou le tremblement de terre.

Le vendredi 1er juillet 2011 aux environs de 21h, une grosse pluie se déclare à Saaba dans la banlieue Est de Ouagadougou. Dieudonné Kaboré, habitant ladite localité vient de rentrer de son lieu de travail. Par prudence, il éteint ses portables et s’abrite avec sa femme et ses trois enfants dans la même chambre. Quelques temps après, un éclair traverse la chambre en passant par la fenêtre qu’il ferme tout de suite. Cependant, le temps de voir un deuxième éclair, il constate que sa maison a pris feu. Conséquence, la plupart des effets de la maison fut consumée par les flammes, parmi lesquels sa moto P50, ses habits, etc. Plus grave, une de ses filles est sérieusement brûlée. Pour lui, il ne fait aucun doute, sa maison a été foudroyée.

Cette histoire de M. Kaboré, des Burkinabè l’ont vécue, ces derniers temps ou en ont entendu parler. Pire, dans certains cas, cela s’est terminé par des pertes en vies humaines. On se souvient, en effet, du violent coup de foudre qui avait fait onze (11) morts à Péni, une bourgade située à une trentaine de kilomètres de la ville de Sya sur l’axe Bobo-Banfora en juillet 2001. Récemment, le 28 juin 2011, l’équipe du Sourou Sport à Tougan a perdu un de ses joueurs, suite à un foudroiement dont elle a été victime sur son terrain d’entraînement. Par ailleurs, l’on ne compte plus ces appareils électriques endommagés, suite à un coup de tonnerre. Des évènements qui suscitent ainsi quelques questionnements et chacun y va donc de son explication.

Pour certains, très liés à la tradition, la foudre obéit à des paramètres mystiques. Pour preuve, quand Dieudonné Kaboré fut victime, il a eu recours aux forgerons qui, selon ses dires, sont les seuls à pouvoir gérer une telle situation. D’autres affirment qu’elle s’attaquerait seulement à des personnes qui auraient commis des actes indélicats et malhonnêtes. « Cela relève de la métaphysique. Il ne faut pas le nier, dans la mesure où beaucoup de personnes en parlent. Cependant, leur explication scientifique est difficile. Il existe beaucoup d’anecdotes sur les foudres dans nos sociétés », fait remarquer le directeur de la météorologie du Burkina, Ali Jacques Garané. Il explique que la recrudescence du phénomène ces dernières années, est due à l’existence de fortes températures et de fortes humidités qui créent les conditions pour le développement de nuages à forte extension verticale et très chargés électriquement. Selon le médecin épidémiologiste, Pascal Nitiéma, la foudre est un phénomène naturel, comme le vent, le tremblement de terre, etc.

Il a fait savoir qu’en réalité, la foudre est un courant électrique. « Celui que nous avons à la maison a, en général, une tension de 220 volts. Les lignes à haute tension de la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) ont des tensions qui vont jusqu’ à 330 000 volts, si l’on inclut les projets d’interconnexion. Mais, celle de la foudre atteint parfois 100 millions de volts ! », a-t-il affirmé. Il a indiqué que la foudre naît d’une interaction entre des nuages électriquement chargés et certains éléments au sol. En gros, la partie supérieure de ces nuages est chargée positivement et la partie basse, négativement. Cette partie basse peut induire des charges positives au sol où certains éléments tels que les arbres, les hommes, les animaux, les buildings peuvent produire ces charges positives.

La rencontre entre ces charges négatives du nuage et positives au sol est à l’origine de la foudre. L’éclair en est la manifestation visuelle et le tonnerre, le bruit qui s’en suit.

La majorité des victimes survivent à l’accident

De l’avis du Dr Nitièma, une personne peut être victime de la foudre de plusieurs façons : frappée directement ou atteinte indirectement en étant traversée par le courant de la foudre circulant dans le sol, lorsque celle-ci a frappé un élément tout proche. Ou encore par flash latéral, c’est-à-dire que lorsque la foudre s’abat sur une structure, elle peut également utiliser une personne présente dans l’entourage comme un second conducteur, d’où le risque de s’abriter sous un arbre pendant l’orage. Pour le médecin épidémiologiste, Pascal Nitiéma, quelqu’en soit le mécanisme, le corps de la victime est traversé par un courant électrique. On parle donc, d’une électrification, si la personne n’en est pas décédée ou d’une électrocution, si la personne en est décédée. « En réalité, la majorité des victimes de la foudre survivent à l’accident. Le pourcentage de survie au Burkina Faso n’est pas connu, mais dans les pays développés, on avance le chiffre de 80% », souligne-t-il. Il ajoute que la victime peut être sévèrement brulée. Elle peut aussi subir des troubles, des battements de cœur qui peuvent même aller jusqu’à l’arrêt cardiaque.

Dans ce cas, il rassure qu’un bouche à bouche et un massage cardiaque externe peuvent souvent sauver la victime. En outre, il a fait savoir que le système nerveux peut être affecté avec des saignements dans le crâne, des parties du cerveau qui meurent par faute d’oxygène, etc. D’autres organes peuvent être aussi lésés : les yeux, les oreilles avec risque de surdité, etc. Si le sujet est projeté, il peut avoir des blessures diverses, notamment des fractures. Toutefois, en dépit des conséquences négatives que la foudre entraîne, elle ne constitue pas une fatalité.

Les mesures de protection

En réalité, des mesures de protection existent pour se prémunir ou réduire les effets néfastes de ce phénomène. C’est du moins ce qu’a affirmé le Dr Nitièma. De ce fait, il a précisé qu’il y a plusieurs manières de se protéger de la foudre. Premièrement, Il y a une règle d’or en la matière : la « règle 30-30 ». Elle consiste en ceci : s’il se passe moins de 30 secondes entre un éclair et son tonnerre, alors la zone où vous êtes est particulièrement à risque. La vitesse du son est de 343 mètres/seconde. Un temps de 30 secondes signifie que la foudre a frappé à 10 kilomètres de l’endroit où vous êtes. Il faut tout de suite chercher un abri sûr. Le second 30 dit qu’il faut attendre au moins 30 minutes après le dernier éclair ou le dernier tonnerre avant de quitter son abri. Deuxièmement, il a déclaré que les meilleurs abris lors d’une pluie orageuse sont une maison ou un building entièrement couverts, portes et fenêtres closes.

Et pour cause, il explique que le courant de la foudre peut rentrer dans une maison en passant par les fils électriques et téléphoniques, et la plomberie. Il faut donc éviter, selon lui, d’utiliser le téléphone fixe pendant des orages. « Certaines personnes ont été foudroyées en pleine communication avec le téléphone fixe. Ces cas sont assez rares (40 cas entre 1959 et 1965 aux États-Unis), mais la prudence serait la meilleure option. Dans les cas d’urgence, le téléphone portable présenterait moins de risque, mais ceci ne fait pas l’unanimité. Il faut éviter également tout contact avec les appareils électriques (réfrigérateurs, fers à repasser, etc.). Concernant la plomberie, il faut, par exemple, éviter de prendre une douche (douche avec plomberie) », avertit le Dr Nitièma. Un autre abri sécurisant est celui d’une voiture totalement couverte, à « toiture » métallique, les vitres étant closes.

La coque métallique permet, le cas échéant, de conduire le courant autour des personnes qui sont à l’intérieur du véhicule plutôt qu’à travers leur corps. Il faudra alors éviter tout contact avec les parties métalliques du véhicule. En outre, Il a prévenu que rouler à moto ou à vélo pendant que la foudre tonne à proximité est dangereux. S’abriter sous un hangar n’est pas non plus dénué de risque. « Il faut également éviter de s’abriter sous un arbre, de traverser les terrains vides et les espaces ouverts pendant l’orage (jusqu’à 30 minutes après le dernier éclair ou le dernier tonnerre) », a-t-il conseillé. Par ailleurs, certaines activités sont déconseillées lors des orages pluvieux. Pour le directeur de la météorologie du Burkina, Ali Jacques Garané, certaines activités extérieures, du domaine des loisirs, des sports ou du travail, sont à éviter en temps de fortes pluies.

Il s’agit de la pêche, de la baignade, du bateau, du cyclisme, du golf, de l’alpinisme, ainsi que des travaux électriques, de réparation de toiture. D’une façon générale, toute activité qui expose au foudroiement direct. Avant d’entreprendre ce genre d’activité, il est souhaitable, à son avis, de se renseigner sur la météorologie.

Cependant, malgré ces mesures de précaution, l’orage peut surprendre en un lieu où il n’y a pas d’abri sécurisant proche. Dans ce cas, le médecin épidémiologiste Pascal Nitièma, propose d’adopter une position physique qui minimise le risque de foudroiement. L’objectif est de réduire sa hauteur et la surface de contact avec le sol. Il faudra alors s’accroupir, tronc penché en avant contre cuisses, pieds joints, mains autour des jambes. « Contrairement à une idée populaire, il ne faut pas se coucher car le courant de la foudre peut circuler dans le sol. Si vous êtes étalé, il peut alors traverser votre corps de la tête aux pieds en passant par les organes vitaux, dont le cœur » a-t-il ajouté. A propos du paratonnerre qui est une installation qui permet de protéger un building, une antenne haute, un monument, un bateau, ou toute autre structure contre la foudre, le Dr Nitièma reconnaît son efficacité.

« Si la foudre frappe un building protégé par un paratonnerre, il frappera préférentiellement le bâton métallique visible du paratonnerre et son courant sera conduit dans le sol à travers le fil qui relie les deux bâtons. Ainsi, le bâtiment est épargné, tout dégât matériel et incendie évités, et les personnes à l’intérieur du bâtiment saines et sauves ». Cependant, il a indiqué que la fabrication du paratonnerre et son installation doivent suivre les normes établies par les experts de la discipline pour être pleinement efficace. Au niveau de la prévision, Ali Jacques Garané, directeur de la météorologie rassure que la météo au Burkina prévoit les phénomènes météorologiques qui occasionnent la foudre, tels que les orages et les nuages cumulus nimbus. De même, il existe aujourd’hui dans certains pays des dispositifs techniques de détection des éclairs et de suivi de la foudre, même si ce dispositif n’existe pas encore au Burkina.

Ces analyses montrent que la foudre est loin d’être une fatalité, mieux l’on peut s’en prémunir, si l’on a une bonne connaissance de son mécanisme et des mesures de protection qui conviennent. Cela est d’autant plus nécessaire que les scientifiques prévoient une augmentation du phénomène dans les prochaines années, du fait des changements climatiques.

Raphaël KAFANDO


Les changements climatiques et la foudre

De l’avis de certains experts, le phénomène de la foudre est en recrudescence, ces dernières années. Tenez bien, chaque jour, dans le monde, quelque 44.000 orages ont lieu et plus de 8.000.000 de chutes de foudre sont générées, d’après le système de détection mondiale de météorologie. Les recherches qui ont été menées à cet effet, montrent que les changements climatiques ont un impact sur l’activité de la foudre pour plusieurs raisons :

1- la progression du réchauffement global active les nuages orageux ;

2 -l’augmentation de l’activité charge électriquement la ionosphère et par conséquent, l’atmosphère ;

3- les changements de direction des vents et des températures, ainsi que des pressions atmosphériques transforment les grandes masses d’air chargées de vapeur d’eau.

Par ailleurs, face aux conséquences néfastes des variations climatiques, certains terriens nourrissent l’espoir de récupérer un jour l’énergie de la foudre pour s’alimenter en électricité. Cependant, certains scientifiques pensent qu’une telle récupération de l’énergie des éclairs est toujours apparue impossible, car non seulement elle nécessiterait la couverture de l’ensemble du territoire par un nombre immense de paratonnerres, mais elle serait très peu productive. En effet, un éclair est un phénomène ponctuel dégageant une grande puissance, mais sur une faible durée. L’énergie produite est donc relativement faible, même comparativement à d’autres énergies renouvelables.


L’histoire de la foudre

Au milieu du XVIII siècle, Benjamin Franklin effectue des expériences sur un phénomène physique encore mal compris : la foudre. Il observe alors ce phénomène mystérieux et remarque qu’il présente des caractéristiques identiques à celles de l’électricité comme sa forme ondoyante et crochue, Elle permet aussi d’enflammer des combustibles. Franklin suppose donc que la foudre est constituée d’arcs électriques à grande échelle. De plus, les étincelles relient plus facilement des tiges conductrices et pointues (baptisées électrodes). Il suppose donc pouvoir attirer la foudre en lui présentant une telle tige lors d’un orage. Alors qu’un orage éclate à Philadelphie le 15 juin 1752, ce physicien lance un cerf-volant muni d’une pointe métallique qui fait office d’électrode. Comme prévu, le nuage s’y décharge et Franklin en subit le choc. Néanmoins, il y survécut. Il démontra ainsi la nature électrique de la foudre. Cette découverte fut alors appliquée à la protection des bâtiments contre la foudre. Le paratonnerre est né.

K.R.

Source : Internet

Sidwaya

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