ATTENTATS EN NORVEGE : Pour une fois, ce n’est pas un barbu
Où peut-on espérer vivre tranquille sur cette terre ? Telle est la question que l’on est tenté de se poser au lendemain des attentats qui ont ensanglanté et endeuillé la Norvège ; ce pays qui n’a pas une population très nombreuse et qui, depuis belle lurette, est considéré comme un havre de paix. Pour les croyants, ces attaques peuvent paraître comme des signes prémonitoires de l’apocalypse. En tous les cas, ce qui vient de se passer à Oslo, la capitale norvégienne, est la preuve qu’aucune nation de par le monde n’est à l’abri des tumultes ou des turbulences sociales qui scandalisent, traumatisent et éprouvent durement les innocentes populations. Cela est d’autant plus consternant qu’on apprend que ce qui vient de se passer le 22 juillet dans l’Etat scandinave a été l’oeuvre d’un fondamentaliste chrétien animé d’une forte pulsion de mort et d’une haine morbide pour l’islam.
Et cela, il ne s’en cache pas ; il l’avoue haut et fort, précisant en sus que son acte était nécessaire. Puis, cerise sur le gâteau, il demande une "audience publique avec la possibilité d’y revêtir un mystérieux uniforme" pour, dit-il, s’expliquer sur son acte. Preuve, si besoin est, que Anders Behring Breivik, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’entend guère mortifier son acte. On l’aura donc compris. Le fondamentalisme n’est pas l’apanage d’une seule religion, l’islam, comme le pense le commun des mortels. Sans doute qu’après les attaques d’Oslo, bien des observateurs avaient encore pointé du doigt les fondamentalistes musulmans qui, jusque-là, nous avaient habitués à de pareils actes lâches et barbares qu’ils revendiquent héroïquement à grands renforts de publicité.
Ce serait maintenant injuste de jeter l’opprobre sur une seule religion puisque, selon toute vraisemblance, chaque religion du monde regorge en son sein, de façon manifeste ou latente, des intégristes. En tout cas, ce qui vient de se passer à Oslo en est une preuve édifiante. En effet, pas plus tard qu’un trimestre, on se rappelle qu’un autre illuminé américain, un pasteur de surcroît, menaçait, on ne sait pour quelle raison, de brûler à tout prix le Coran avant d’en être dissuadé par les autorités de son pays. Voulait-il phantasmer à travers une publicité mondiale ou était-il animé d’une réelle conviction ? Peu importe. Ce qui est sûr, c’est que tous ces faits et gestes montrent à suffisance que les intégristes ne sont pas seulement ces barbus qu’on voue souvent aux gémonies.
Certains imberbes sont plus redoutables que ces barbus qui, quoi qu’on dise, ont au moins l’avantage de s’afficher clairement. En fait, tout cela devrait amener les gouvernants, dans leur politique de prévention contre le terrorisme, à ne plus jeter exclusivement leur dévolu sur une seule catégorie de personnes, car tout le monde est potentiellement terroriste. Par ailleurs, on en vient à se demander si l’action de ce jeune Norvégien qui se réclame de l’extrême droite ne va pas porter un coup dur à tous ces partis nationalistes européens qui, dans leur stratégie de conquête du pouvoir, disent aussi recourir à la démocratie pour triompher. Rien n’est moins sûr d’autant qu’il y a toujours eu ou presque dans le national populisme un rapport intime à la violence. On peut d’autant plus le penser que les partis européens en général, n’hésitent pas à braconner sur les terres de l’extrême droite, pour des visées électoralistes.
Boundi OUOBA
Le Pays