LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

Publié le lundi 25 juillet 2011 à 02h44min

PARTAGER :                          

Le flou artistique qui a enveloppé le discours du président du Faso concernant les conclusions des travaux du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) n’en finit pas de susciter des commentaires. Blaise Compaoré a tenu des propos on ne peut plus équivoques, notamment sur l’article 37 de la Constitution qu’il a promis de respecter, sans pour autant dire ni en quoi va consister ce respect ni sur quelle version du texte fondamental cela va porter. Certes, les plus optimistes ont vite fait d’interpréter l’engagement du chef de l’Etat burkinabè dans le sens de la non-révision de l’article portant limitation du mandat présidentiel. Ceux-ci ont ainsi prêté au premier des Burkinabè l’intention de ne plus se porter candidat à la prochaine consultation électorale.

Etant donné l’ambiguïté du message, qui permet au moins deux interprétations différentes, les tenants de cette thèse peuvent profiter du bénéfice du doute. Toutefois, d’autres lectures qui prendraient la précaution de ne pas aller trop vite en besogne permettraient d’éviter de se laisser duper par des déclarations faites à dessein. L’enfant terrible de Ziniaré aurait voulu s’accorder une large marge de manœuvre dans la suite à donner aux propositions du CCRP qu’il ne s’y serait pas pris autrement. La remise du rapport du Conseil consultatif n’est qu’une étape du processus de consultation sur les réformes politiques, et l’on s’attendait à ce que le successeur de Thomas Sankara attendît la fin du processus pour intervenir.

En anticipant et en entretenant le brouillard autour de sa position sur l’article constitutionnel, le locataire du palais de Kosyam serait peut-être en train de jouer à cache-cache avec ses compatriotes. Ainsi pourra-t-il, à l’issue de l’étape suivante, à savoir la consultation à la base, s’appuyer sur l’alibi de sa promesse faite de se conformer à la Constitution pour essayer de légitimer sa modification. Il se fera alors aider en cela par les meneurs de l’aile du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui cautionne ouvertement et secrètement sa pérennité au pouvoir. Quant aux bonzes du CDP qui, dans le secret de leurs envies, nourrissent l’espoir inavoué mais pressant de succéder à leur manitou, ils se délecteraient sans doute de le voir dans une situation embarrassante.

Mais l’idée de la création du CCRP aura tout de même permis au régime de la IVe République de souffler. Le peuple burkinabè lui a visiblement accordé un état de grâce, tout en espérant que les réformes qui en sortiront seront en phase avec ses aspirations, et appliquées. Le régime semble ainsi avoir repris en main la situation nationale, mais jusqu’à quand ? Les autorités du pays des Hommes intègres ne doivent point perdre de vue qu’avant la récente crise nationale et celles précédentes, elles ont eu le même loisir de choisir entre ce qui est bon pour le peuple, et donc source de stabilité, et ce qui est uniquement bon pour les dignitaires du régime et leurs protégés. C’est donc leur mauvaise option visant à privilégier leurs propres intérêts, et dont les graines ont poussé sur le terrain fertile du penchant pacifiste des Burkinabè, qui ont failli faire basculer le pays dans l’impasse sociale.

Le brasier endormi des violentes manifestations des civils relayées par les sorties armées des militaires pourrait être attisé par tout vent venant de la moindre erreur d’appréciation de la relative accalmie qui prévaut actuellement. Certes, les populations donnent l’impression de focaliser leur attention et leur intérêt sur l’article 37 au point d’ignorer des questions non moins importantes relatives à la création du Sénat et à l’augmentation du nombre des députés. Ces deux projets budgétivores ne se présentent-ils pas comme une provocation à l’endroit des populations qui ploient déjà sous le fardeau de la vie chère ? Il n’est donc pas à exclure qu’une fois la question de l’article 37 tranchée, d’autres surgissent. Une réaction qui risque de faire faire au Burkina un grand bond en arrière en termes de stabilité et de cohésion sociale. Toute chose que l’énigmatique président du Faso doit œuvrer à éviter à son pays en déliant davantage sa langue et en donnant aux réformes un caractère sincère et crédible.

Cela passe nécessairement par une expression claire des intentions réelles du chef de l’Etat, et un choix conséquent des acteurs devant participer aux consultations au niveau local, ainsi qu’au niveau des assises nationales. Des imperfections somme toute patentes ont été relevées dans la composition du CCRP par d’éminentes personnes- ressources et des représentants de structures sociales. Il serait donc suicidaire pour le gouvernement d’en faire fi et de n’en faire qu’à sa tête. Il faut absolument faire en sorte que le rapport final du CCRP n’en soit pas juste un de plus.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 juillet 2011 à 04:05 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    J’ai toujours dit que les travaux du CCRP sont mauvais pour le Faso en ce sens que le peuple a été délaissé.Ce sont des mesures politiques pour des politiciens afin qu’ils puissent se gaver sur le dos contribuables.Le Faso n’a pas besoin d’un sénat,ni l’augmentation des députés,au contraire il faut les réduire de moitié.Il faut supprimer le conseil économique et social qui ne sert à rien.A cela,il ajouter que ce CCRP cherche à modifier notre constitution par le truchement des pseudo assises nationales,faire croire que c’est le peuple qui le souhaite.Le CCRP est trop mauvais et la population doit en prendre conscience

  • Le 25 juillet 2011 à 10:35 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    Felicitations au journal le pays qui a toujours fait une bonne analyse de la situation et donné l’information juste pour le bien du Burkina ; Honte à Lingani et son journal "l’Opinion" pour leur mauvaise foi et leur clientelisme ainsi qu’au journal l’Hebdo qui ont toujours travaillé pour le pouvoir et contre l’interêt du peuple Burkinabè ;

  • Le 25 juillet 2011 à 14:06, par Gjau En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    En dehors de l’article 37 qui polarise les débats suite aux travaux du CCRP dont le rapport a été transmis au chef de l’état,la décision unanime des conseillers sur la création du sénat et l’augmentation du nombre des députés suscite quelques interrogations.il ne faut pas perdre de vue car si la modification de l’article 37 peut briser la cohésion sociale et commpromettre nos avancées démocratiques , autant la création du sénat et l’augmentation des députés peuvent fissurer le tissu économique de notre pays. La mise en place de ce sénat et l’augmentation des députés pèseront sans doute sur notre budget déja fragile.C’est vraiment dommage pour un pays qui aspire à l’emergence comme le notre.Cette emergence ne sera -elle pas l’emergence des députés et des futurs sénateurs au détriment du peuple ?

  • Le 25 juillet 2011 à 14:09, par Lumière En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    Ne vous inquietez pas on le connait maintenant à peine on l’a écouté parler.on le fait plus confiance et le papi n’aura pas interet à toucher à l’article 37.C’est la jeunesse qui le parle à la différence de nos parents(les jeunes des années 80)on a grace au NTIC pu lire beaucoup sur lui et on le tient pour responsable des misères de la jeunesse actuellement il n’est pas la solution de notre avenir loin de là.jai 27ans

    • Le 25 juillet 2011 à 20:56, par Chercheur En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

      Merci mon Frère, il ne tiens pas compte de nous, alors que la population Burkinabé est jeune,mais il règne avec des viellards, Sankara Lui au moins avait pris le courage d’amener en retraite anticipé certains vieux pour créer de l’emploi aux jeunes !!! Sil traite pas avec nous ,c’est nous qui allons lui faire la peau !!!
      Ce qui est sûr le mot de passe est claire : Plus de Blaise ni de qui que ce soit du CDP en 2015 !! On a en marre !! trop c’est trop !! Arrêtons ce carnage !!!!

  • Le 25 juillet 2011 à 17:03, par WENDINMISIN WATBEOGO En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    Si par quelle voie que ce soit l’article 37 venait à être rétoqué pour permettre l’instauration d’un pouvoir présidentile "ad vitam", le BURKINA pourra s’attendre à des bruits de bottes : cela réveillera sans aucun doute les démons des coups-d’Etat !
    Car à défaut d’une possibilité d’alternance pour une gestion alternative des affaires publiques, on ne saurait voir comment d’autres enfants du BURKINA, qui seraient porteurs de bon projets pouvant contribuer en mieux au bien-être des burkinabes, seraient tenus quasi à vie à l’écart du pouvoir et, ce au point qu’ils ne puissent jamais mettre leurs talents au profit de l’édification de notre cher FASO !
    Et à ma connaissance, les burkinabes ne se sont pas réveillés stériles le 16 août 1987 au matin. Ils ont continuer à faire des enfants qu’ils ont éduqués dans le sens d’assurer la relève dans le développement du BURKINA et, à ce titre, il semble raisonnable que celui qui est actuellement au pouvoir ne se condirè pas comme état à vie indispensable au Burkina !
    Le Burkina se doit de tirer les leçons du cas de la Côte d’Ivoire, où HOUPHOUËT s’est rêvé éternel et indispensable !
    Non, ne tripottons pas l’article 37 qui permet encore à tout aspirant au pouvoir au BURKINA de pouvoir un jour faire ses preuves : faire cela sera contreproductif dans l’édification de notre balbutiante démocratie !
    Le CCRP a préconisé l’uminité pour Blaise : ce n’est pas rien si tout fait était à déterrer et à être jugé et sanctionné à l’aûne de sa gravité !

  • Le 25 juillet 2011 à 17:09, par L’Aigle noir En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    De gré ou de force, il sera amené à partir à la fin de ce dernier mandat. Il a trop trompé le peuple. Assez ! Trop c’est trop ! Quant au Senat, c’est juste pour "garer" les dinausores qui lui ont tant fait allégenge. Un "garage" trop coûteux pour un si pauvre pays.

  • Le 25 juillet 2011 à 17:57, par Koutou En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    Merci au journal LePays pour cette analyse. Je me demande (naïvement ?)comment le pouvoir peut rester sourd à de telles analyses (cf celle de Ousseni Ilboudo de L’Obs. aussi). Il faut que ce pouvoir arrête de prendre les autres pour des imbéciles. Dans tous les cas, "énigmatique" ou pas le PF finira par nous dire un jour ce qu’il va faire. Et c’est là que chacun saura sur quel pied...courir. Mais ça commence à bien faire quand certains pensent qu’ils peuvent mener les autres en bâteau.

  • Le 25 juillet 2011 à 21:59, par Burkinnbi En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA FASO : Le message ambigu de Blaise Compaoré

    M. Obama "va rencontrer les présidents béninois Boni Yayi, guinéen Alpha Condé, nigérien Mahamadou Issoufou et ivoirien Alassane Ouattara", le 29 juillet 2011 a indiqué la Maison Blanche dans le programme hebdomadaire du président.
    Cela fait 24 ans que Blaise est au pouvoir. Pourquoi il n’a jamais mis pieds à la Maison blanche lui qui est Médiateur attitré dans les conflicts en Afrique ?
    C’est parce que OBAMA a dit que l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’homme fort. Nous sommes dans une parodie de démocratie OU Blaise est l’Alpha et l’Omega.
    Mais attention malgré la suppression du Centre d’Entrainement Commando de Po, ne touchez pas à l’article 37 sinon la vraie jeunesse est lA pas celle du CDP.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique