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REMISE DU RAPPORT DU CCRP AU CHEF DE L’ETAT : Et maintenant ?

Publié le vendredi 22 juillet 2011 à 03h12min

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Hier, à Ouagadougou, le chef de l’Etat s’est réjoui de recevoir les conclusions des travaux du Conseil consultatif pour les réformes politiques (CCRP). Pour Blaise Compaoré, ces travaux sont source de "progrès et de paix". Ils lui suggèrent "les meilleures voies pour la consolidation des acquis de l’Etat républicain". Aussi le premier des Burkinabè s’est-il engagé "résolument" à "accompagner la mise en œuvre des résultats" de ces échanges. Dans son intervention, Blaise Compaoré, « guidé par les exigences de la République », a beaucoup mis l’accent sur son souci de respecter la Constitution du Burkina Faso, « ciment des nobles options de notre peuple ».

Reste à savoir si cet engagement s’étend ou non à la Constitution « révisée » de demain, comme le craignent ses adversaires politiques. Car, si les membres du CCRP ont fait leur part du travail, il y a encore les assises au double plan régional et national. Des rendez-vous sur lesquels comptent sans doute les partisans du président du Faso, pour prendre leur revanche et donc « faire avaler » la pilule amère de la révision constitutionnelle, autrement dit l’article 37. C’est du moins ce que craignent leurs adversaires politiques. Blaise Compaoré a beau jeu de s’abriter derrière la Constitution sans dire pour autant laquelle ? Car, révisée ou pas, la Constitution d’un pays ne demeure-t-elle pas une Constitution ?

Et que dire des exigences de la République sinon qu’elles ne sont pas immuables ? Ne s’adaptent-elles pas à l’air du temps ? De là à penser qu’aux assises régionales et nationales seront triés sur le volet et canalisés des délégués favorables à la révision du fameux article, il n’y a qu’un pas très facile à franchir. Un référendum ou un vote à l’Assemblée nationale sont si vite proposés et organisés pour contourner les obstacles. Mais si des portes sont ouvertes, le chef de l’Etat et ses partisans n’en sont pas moins prudents. Le rejet par la majorité des membres du CCRP de ce qui semble probable, n’en apparaît pas moins comme un signal, une alerte. Blaise Compaoré pourrait donc surprendre. Surtout si les échanges à propos de l’amnistie envisagée lui donnent des chances de se retirer du pouvoir sans grands risques.

Encore que de nos jours, il faut espérer pouvoir échapper au Tribunal pénal international, au Tribunal des Peuples et à celui de l’Histoire, ce qui ne constitue pas une mince affaire, loin s’en faut ! Dans l’intervention de Blaise Compaoré, il y a un silence troublant, même si celui-ci se comprend : des assises régionales et nationales sont prévues. Pourquoi donc se précipiter et se prononcer sur certains sujets brûlants ? Mais l’opinion n’est pas dupe : elle s’est habituée aux faits et gestes autant qu’au silence du chef de l’Etat. Cela lui permet de garder les cartes en main et d’entretenir le flou et le doute. Ses partisans du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) feront sans doute le reste sur le terrain.

Pour l’heure, de grandes questions restent posées. Entre autres : voulait-on vraiment des réformes consensuelles ? Pourquoi alors n’avoir pas cherché à trouver un compromis avec les opposants et la partie de la société civile qui fait office de contre-pouvoir ? Pourquoi cet empressement à aller aux assises régionales et nationales ? La politique signifiant également recherche d’un compromis salvateur, n’y a-t-il toujours pas moyen de reprendre langue avec les forces adverses pour éviter par exemple cet enlisement qui affecte de plus en plus l’expérience démocratique sénégalaise ?

Que l’on y songe, même si c’est après les assises nationales, pour donner plus de force aux réformes destinées à réconcilier les Burkinabè avec eux-mêmes et avec l’histoire de leur pays. Nous sommes en fin de processus. Quelle autre structure va donc prendre la relève du CCRP ? Qui va assurer le suivi, dans l’esprit du consensus qu’on cherche à faire prévaloir ? Et comment va-t-on gérer les dossiers classés « non consensuels » ? Qu’adviendra-t-il des questions aussi sensibles que la création du Sénat, considéré dès lors comme parfaitement inutile et budgétivore ? Quid de la chefferie, de l’augmentation du nombre de députés et de l’amnistie ? Sur ce dernier point en particulier, l’amnistie va-t-elle permettre l’alternance et favoriser le départ de Blaise Compaoré, objet de tous les conciliabules ? Si les questions d’ordre méthodologique ont passionné les débats, que fera-t-on donc du contenu des travaux ?

Saura-t-on agir de manière à ne pas donner raison à l’opposition radicale et à la frange hostile de la société civile, lesquelles ont préféré prendre leurs distances vis-à-vis de travaux jugés suspects ? Des craintes persistent en effet de voir le Burkina Faso revenir à des pratiques d’autres temps, lesquelles ont beaucoup nui à notre processus démocratique.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2011 à 12:15, par Gjau En réponse à : REMISE DU RAPPORT DU CCRP AU CHEF DE L’ETAT : Et maintenant ?

    Le président du Faso a pris l’engagement d’accompagner la mise en oeuvre des résultats issus du rapport transmis par les membres du CCRP.Cette déclaration est d’une importance capitale dans la mesure où l’exigence des reformes politiques devraient en principe consolider l’état de droit dans notre pays.Il s’est en outre engagé à respecter la constitution. Au délà des engagements, nous faisons confiance à notre président et nous lui demandons de faire attention à ces " griots" qui le côtoient aujourd’hui,qui et demain , se mettront à chanter les louanges de son successeur.Il est donc important qu’il brise son silence et qu’il oriente ses partisans sur la néccessité de la non révision de l’article 37 tel que préconisé par la majorité des conseillers. Evitons de mettre à nu nos efforts de démocratisation au profit des intérêts individuels.

  • Le 22 juillet 2011 à 12:36, par Gjau En réponse à : REMISE DU RAPPORT DU CCRP AU CHEF DE L’ETAT : Et maintenant ?

    Le président du Faso a pris l’engagement d’accompagner la mise en oeuvre des résultats issus du rapport transmis par les membres du CCRP.Cette déclaration est d’une importance capitale dans la mesure où l’exigence des reformes politiques devraient en principe consolider l’état de droit dans notre pays.Il s’est en outre engagé à respecter la constitution. Au délà des engagements, nous faisons confiance à notre président et nous lui demandons de faire attention à ces " griots" qui le côtoient aujourd’hui,qui et demain , se mettront à chanter les louanges de son successeur.Il est donc important qu’il brise son silence et qu’il oriente ses partisans sur la néccessité de la non révision de l’article 37 tel que préconisé par la majorité des conseillers. Evitons de mettre à nu nos efforts de démocratisation au profit des intérêts individuels.

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