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L’opposition et la future CENI : comment les nouveaux commissaires ont été crédités ?

Publié le mercredi 20 juillet 2011 à 14h26min

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Ils seront cinq à siéger au sein de la nouvelle Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) au nom de l’opposition : deux anciens qui ont été reconduits et trois nouveaux arrivants. Ainsi en a décidé l’assemblée générale des responsables des partis politiques de l’opposition, réunis le mardi 12 juillet 2011 de 18h jusqu’aux environs de 22h pour la circonstance. Une décision qui n’est autre que le résultat entériné d’un vote. Mais quelle a été, de bout en bout, la procédure de désignation des futurs commissaires de l’opposition à la CENI ? Qui sont-ils et quel crédit leur accorder ?

Tous les représentants de l’opposition à la CENI ont au minimum un cursus universitaire. Le processus de vote pour retenir les futurs commissaires a obéit à bien de règles rigoureuses définies à l’interne et soumises à tous. Il a été conduit par le secrétaire général du GDP le Professeur Issa Tiendrebéogo, le Dr. Antoine Ouaré, Président du RPC et Inoussa Soro de la LCB. Au commencement, un bulletin comportant la liste de tous les postulants est remis à chaque votant. Urne transparente bien dressée au milieu des responsables, un isoloir à quelques mètres, le bureau de vote est à pied d’œuvre à la salle de réunion du Chef de file de l’opposition dont le cabinet a assuré la préparation matériel du scrutin.

Juste avant le vote, le Président du bureau de vote Issa Tiendrebéogo explique aux électeurs qui ne sont autres que les responsables des partis politiques de l’opposition, le déroulement des opérations de vote. Tout le monde est tenu de s’y soumettre parce qu’ayant participé à l’édiction des règles élémentaires.

Auparavant, c’est le Président du RPC Antoine Ouaré qui avait donné lecture du rapport de la commission de présélection. Sur 13 candidats, deux (02) étaient recalés. Toutefois, précise le rapport, l’un des deux pouvait être repêché sous réserve de compléter in situ le mandat conforme de son président de parti. Le débat est vite renvoyé à l’assemblée pour le dernier mot. D’un côté, on se défend et de l’autre, on s’en remet à la clémence de la commission. Le président du parti du candidat recalé prend la parole et rassure que le dossier de son dauphin contient des documents tel un engagement comportant sa signature et que par conséquent, il n’a pas estimé nécessaire d’alourdir inutilement le dossier. Cela vaut mandat, semblent dire certains qui sont favorables à la validation du dossier. Au finish, l’épine est enlevée. Dossier accepté à l’unanimité. On peut donc avancer.

Le deuxième candidat recalé, inscrit en année de licence à l’université de Ouagadougou n’a pas fait la preuve de son niveau. Toutefois, estime l’assemblée qui a auditionné le premier responsable du parti concerné, au regard de son expérience justifiée comme instituteur certifié depuis 1996 et des documents de formations professionnelles en appui, une mesure atténuante est adoptée. Tous les candidats peuvent donc compétir.

L’assemblée générale est suspendue pour un quart d’heure. Le temps que la commission intègre les nouvelles donnes sur le bulletin de vote. Pour tout caler, le bulletin est paraphé aux yeux de tous. Ça y est ! Un bulletin unique est remis au fur et à mesure par le président du bureau de vote à chaque électeur. Tout le monde est là et il faut passer au vote. Le président du bureau de vote procède par un appel des électeurs par ordre alphabétique. A ce stade, le processus est méticuleux. Il n’y a plus de tractation et chacun semble naturellement confiant. On vote. La consigne : cochez cinq noms sur le bulletin de vote. Une heure, deux heures de vote et c’est terminé !

Et voici les futurs commissaires après le décompte des voix :

- BAGGNAN Joachim (27 voix) : Titulaire d’un BAC+5, il est professeur certifié d’anglais. Secrétaire national à l’administration de Faso Metba, Il a une formation d’initiation aux opérations électorales et une formation des formateurs des délégués dans les bureaux de vote dispensée par le National Democratic Institute (NDI).

- Wilfried Bako (21 voix) : militant du PSU et ancien commissaire de l’opposition à la CENI, il est titulaire d’une Maîtrise en droit. Depuis octobre 2008, il attaché juridique au cabinet du Premier Président de la Cour de Cassation.

- Abdoul Karim Sango (21 voix) : ancien commissaire comme le précédent, il est titulaire d’un DEA en droit de l’université d’Abomey-Calavi. Professeur permanent de droit public à l’ENAM depuis 2006. Il a conduit de nombreux travaux de recherche en qualité de consultant et donné plusieurs conférences tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Burkina. Il est militant du PAREN.

- Adama Dera (17 voix) : Docteur, diplômé de l’université de l’académie vétérinaire de Moscou, il est le secrétaire national chargé de l’administration de l’UNIR/PS (Union pour la Renaissance / Parti Sankariste). Doyen des commissaires élus, il a été conseiller du Président Thomas SANKARA entre 1985 et 1987, ancien Haut commissaire de la Comoé sous la Révolution.

- KOMO Drissa (16) : membre fondateur du FFS, il est titulaire d’une Licence en philosophie et professeur certifié des lycées et collèges.

Protestation, réclamation ? Halte sur un bulletin nul :

Sur un des bulletins, au lieu de cocher comme l’indique bien la consigne adoptée, un électeur écrit en face d’un parti le nom d’un candidat. Bulletin nul, concluent les membres du bureau de vote. Quelques brouhaha et gesticulations au sein de l’assemblée. Dans la foulée, le président dudit candidat prend la parole et dit à peu près : ‘‘comme il y a eu des mesures atténuantes auparavant, l’assemblée doit admettre la validité de ce bulletin.

Mieux, c’est parce que l’électeur connaît bien son candidat qu’il a écrit devant son nom’’ ; estime le président plaignant. Il est suivi par d’autres. Quelques responsables de parti prenant la parole sont catégoriques : pas question ! La consigne est claire et il fallait simplement cocher. En plus, la rigueur commence par ici. Il ne faut pas admettre l’inadmissible à un moment où la dynamique d’ensemble de l’opposition est de mettre fin à tous les cafouillages électoraux.

D’un côté les supporters du président plaignant continuent de protester jusqu’à ce que le président du bureau de vote conclue d’un ton ferme à nouveau : « en l’absence de consensus sur la question, le bulletin est annulé. » C’est d’ailleurs le principe de fonctionnement sur les questions décisives. « Sur ce plan, nous avons devancé le CCRP ! », fait rigoler quelqu’un au fond de la salle. Mieux, la validation du bulletin n’aurait pas d’incidence sur les résultats. C’est peut-être ce dernier argument qui a mis tout le monde d’accord.

Aussi, il fallait recevoir, écouter, chercher à comprendre les arguments afin que personne ne se sente offusqué au sortir de l’assemblée générale ; le point de convergence choisi ayant été celui de la transparence et de respect des critères de compétences tant intellectuelles que politiques mais aussi de probité morale des postulants.

Quoi qu’il en soit, il ne fallait en aucun cas, perdre de vue la nécessité de réussir un vote propre, acceptable par tous. Tant mieux pour l’opposition ! Reste à mettre tous les moyens qui s’imposent pour s’inscrire dans la recherche d’une dynamique irréversible à même de rassurer les citoyens sur l’engagement des responsables des partis politiques de l’opposition.

En effet, ils ont fait la preuve ces derniers temps qu’ils ne sont pas prêts à se laisser trainer dans les méandres d’un régime rompu dans l’art de la manœuvre et la fuite en avant. Se battre avec détermination, en faire la preuve sur la place publique, c’est peut-être le prix à payer par l’opposition pour motiver le reste des Burkinabé honnêtes et intègres à prendre part au débat sur la chose électorale, gage d’un Burkina renaissant.

Amidou Kabré
Chargé de la communication et de l’information
du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso

Futurs commissaires à la CENI : « Il faudra … des personnalités qui vont se convaincre qu’elles sont allées en mission pour la démocratie. » Maître Bénéwendé SANKARA

Que retenir de ce processus qui a conduit à l’élection des commissaires de l’opposition à la CENI ?

Maître Bénéwendé SANKARA :
D’abord c’est un sentiment de fierté mais aussi de soulagement parce que ce scrutin a démontré l’attachement que les partis politiques de l’opposition ont vis-à-vis de la chose électorale. Durant tout le débat j’ai retenu que la quasi-totalité des partis politiques de l’opposition voudrait des personnalités véritablement capables de défendre sans distinction tous les intérêts de la classe politique de l’opposition, mais également des personnalités compétentes qui peuvent mettre leur expertise au service de la CENI. Donc, nous sommes arrivés à nous départager par bulletin, par la votation. Et la sérénité qui a régné d’abord quand au choix des critères d’éligibilité et ensuite par rapport au déroulement même du scrutin pour arriver au choix des cinq (05) personnalités sur une liste de treize (13) candidats est à souligner et à saluer.

J’ai vraiment eu l’impression qu’aujourd’hui l’opposition politique vient de franchir plusieurs pas en avant pour sa solidarité pour créer une véritable synergie et aller d’une seule voix. Cela s’est véritablement déteint sur l’ambiance des débats, sur l’engouement qu’il y avait et je ne peux que féliciter tous ceux qui ont œuvré d’une manière ou d’une autre à ce que nous en arrivons à ce stade, encourager les partis politiques de l’opposition à persévérer, à se donner la main pour une alternance véritable, pour un changement dans notre pays.

Ce sont là des motifs de satisfaction. Je profite pour remercier tout le cabinet du CFOP qui n’a ménagé aucun effort pour accompagner les responsables des partis politiques de l’opposition et les militants qui nous attendent sur le terrain pour notre combat commun pour le renforcement de la démocratie et du progrès. Aujourd’hui, nous amorçons un autre tournant ; il reste certainement à travailler pour mettre en place les démembrements dans les provinces et surtout à nous préparer efficacement pour aller aux élections à venir. D’ores et déjà, nous allons peut-être ensemble élaborer une feuille de route pour l’ensemble de l’opposition. Pourquoi ne pas aboutir à une plate-forme des partis politiques de l’opposition réelle, républicaine, qui travaille aujourd’hui sous la bannière de la loi sur le statut de l’opposition politique.

Il y a longtemps que l’opposition lutte autour des questions sur la CENI, pourquoi autant de temps ?

C’est vrai que nous pensons qu’il faut relire la loi électorale, il faut refonder même la CENI. Il faut à tout point de vue une administration électorale ; qu’elle soit publique ou privée. Mais l’essentiel c’est une structure véritablement compétente, fiable et qui a la confiance de tous les acteurs politiques et de la société civile et qui aura la liberté et l’indépendance d’offrir aux burkinabé la possibilité de choisir librement leurs dirigeants, leurs gouvernants. Je crois qu’on ne peut pas vouloir construire la démocratie en omettant de mettre l’accent sur les processus électoraux qui doivent être acceptables et acceptés par tous parce qu’elles sont la pierre angulaire de la démocratie. C’est quand les scrutins échouent que nos jeunes Etats, nos jeunes démocraties basculent dans les violences postélectorales que nous voulons éviter aux Burkinabé.

A ce niveau notre combat de titan, a toujours été de travailler pour que notre processus électoral puisse se doter d’un outil efficace, performant qui soit de pointe pour mener des élections propres. Voilà pourquoi nous n’avons pas hésité après avoir tiré tous les enseignements de l’élection présidentielle de novembre 2010, à dire qu’on ne pouvait pas aller aux élections législatives et municipales de 2012 avec une équipe qui nous a servi des élections calamiteuses, bâclées, mais malheureusement certifiées par des observateurs nationaux et étrangers qui, quand ils viennent ne font pas un travail sérieux parce superficiel.

L’élection n’est que le couronnement d’un long processus qui est totalement ignoré et c’est ce qui nous a rattrapé. Aujourd’hui c’est un pas de franchi de savoir que le gouvernement lui-même a tiré la leçon et l’Assemblée Nationale a emboîté le pas. Même si l’opposition n’est pas majoritaire, il se trouve que sa voix a été prise en compte par ceux qui sont majoritaires et qui pouvaient bloquer. Ils ont compris la nécessité de ce modus vivendi qui a consisté à renouveler l’équipe.

Pour cela, nous estimons que l’opposition a admirablement joué sa partition. Il reste aux autres composantes que sont la société civile et la majorité présidentielle de jouer la leur pour qu’on se retrouve véritablement avec des personnalités qui ne vont pas dire qu’elles sont en mission pour leur parti ou qui vont se comporter comme si elles n’y étaient que pour elles-mêmes, mais plutôt des personnalités qui vont se convaincre qu’elles sont allées en mission pour la démocratie. Cela me paraît extrêmement important. Ici au niveau du CFOP notre mission fondamentale c’est de faire la promotion de la défense des intérêts de l’opposition dans le strict respect de la loi et de notre constitution.

L’opinion publique peut-elle faire confiance à l’opposition pour des élections débarrassées de ce qui s’est passé en novembre 2010 ?

Oui ! Vous posez une question pertinente. Nous sommes conscients que le renouvellement seul de l’équipe de la CENI ne règle pas fondamentalement le problème de l’institution qui reste une structure dans un système entièrement contrôlé par un pouvoir qui met en branle sa machine électorale. Voilà pourquoi d’ailleurs nous avons certaines revendications comme le fait que l’équipe technique doit faire l’objet d’une désignation consensuelle comme c’est le cas des commissaires eux-mêmes. Il faut compter sur la neutralité de l’administration. A ce niveau nous pensons qu’il faut revoir tout ce personnel d’appui. Il faut aussi que la CENI ait le pouvoir sinon les moyens de s’attacher une grande expertise en matière électorale.

Nous pensons déjà à l’audit de l’institution dans son ensemble et particulièrement du fichier, parce que pour nous il serait impensable qu’on aille aux prochaines élections avec la même carte d’électeur illégale que nous avons dénoncée vénérablement en son temps. Donc tout au moins c’est avoir une carte électorale biométrique et prendre en charge les délégués des partis politiques dans les bureaux de vote. Il faut donc, comme vous le voyez si bien, réunir en amont et en aval certaines conditionnalités

Déjà en désignant ces cinq personnalités, nous avons franchi un pas important. Il leur appartiendra de prendre en considération les suggestions et recommandations de part et d’autre ; pas seulement de l’opposition, mais également je pense que la majorité comme la société civile devraient pouvoir apporter leur contribution à ce que les élections soient des élections réussies dans l’intérêt de la démocratie et de celui des filles et fils de notre pays.

Propos recueillis par Amidou KABRE
Chargé de la communication et de l’information
du Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2011 à 17:31 En réponse à : L’opposition et la future CENI : comment les nouveaux commissaires ont été crédités ?

    Faites un front commun de l’opposition,réunissez nos forces,vos talents,vos compétences pour botter hors du pouvoir ce parti le plus corrompu de la planète
    La patrie ou la mort,nous vaincrons !

  • Le 20 juillet 2011 à 18:10, par Général Galland En réponse à : Déclaration des religieux à la CNSS

    Il est temps que tous les prêtres, religieux et religieuses soient tous déclarés à la CNSS. Comme il n’existe pas de cavimac au Burkina, il faudrait les déclarer tous à la CNSS. De nombreux prêtres, religieux et religieuses font recours à leurs parents pour se soigner. Ceux dont les parents ont les moyens, il n’y pas de problèmes mais ceux dont les parents sont paysans, c’est un vrai problème. Si on ne veut pas de tiers religieux au Burkina, il est temps qu’on fasse quelque chose.

  • Le 20 juillet 2011 à 18:35 En réponse à : L’opposition et la future CENI : comment les nouveaux commissaires ont été crédités ?

    C’est une bonne dynamique qui est en marche. L’opposition n’a pas choisi que des politicards mais des gens qui ont de la compétence puisqu’ils s’y connaissent en administration électorale. Ce sont en plus des universitaires. Ajoutés à cela Mathias Tankoano de la société civile, on peut dire que c’est une CENI de vraie qui attend le Faso. Et pour le meilleur !

    • Le 20 juillet 2011 à 23:24, par zapai En réponse à : L’opposition et la future CENI : comment les nouveaux commissaires ont été crédités ?

      poahhhhhh !!!!!!!!, tous les mêmes comptant sur nous pour conquerir le pouvoir ? quelle oposition meme ? meme pas capable de rassemble une poignée de personne ? profitant des situation pour semer le trouble dans l’esprit du peuple ?
      OPOSITION OHH, PARTI AU POUVOIR OHH, chacun veut se faire une place au soleil et pretent qui veut le bonheur du peuple, des gens qui sont toujours negatifs
      Que Dieu nous garde des rapaces

  • Le 13 décembre 2013 à 20:13, par JETSETBENIN En réponse à : L’opposition et la future CENI : comment les nouveaux commissaires ont été crédités ?

    Comment contacter le parti RPC ?

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