Guinée : Des démons de la démocratie
Coups de feu à Conakry ! Quelques sept mois seulement après son installation au pouvoir comme premier chef d’Etat démocratiquement élu, le président guinéen, Alpha Condé, a reçu, dans la nuit de lundi 18 à mardi 19 juillet 2011, des visiteurs pas très amicaux. En effet, des démons habillés en costumes militaires tirent sur le « bébé » démocratie de Guinée. Une fraction de l’armée (dont l’identité n’est pas encore révélée au moment où nous tracions ces lignes) a fait irruption dans la résidence du président, armes légères et lourdes au poingt, et ont ouvert le feu sur les gardes. Bilan provisoire : un soldat tué et deux blessés chez les loyalistes. Aucune victime chez les assaillants, excepté le fait que deux d’entre eux aient été mis aux arrêts et sont sous interrogatoire serré.
Sans présager des conclusions des enquêtes en cours, on peut dire, au regard de l’arsenal employé, que ces "codos" en voulaient sûrement à la vie de l’ancien président de la Fédération des anciens étudiants d’Afrique noire en France (FEANF). Cet attentat à la vie d’un chef d’Etat n’est pas une première dans l’armée guinéenne. C’est même son sport favori depuis que la Guinée, à travers son « non » historique à la Communauté franco-africaine de Charles de Gaulle, a appris à se diriger de façon autonome. Sékou Touré (1958-1984), son successeur le général Lansana Conté, le capitaine Moussa Dadis Camara et même le général Sékouba Konaté (intérimaire de Dadis) ont vécu ces tentatives d’élimination physique.
Mais diantre ! Pourquoi cette propension de la soldatesque guinéenne à s’emparer des armes pour parvenir à ses fins au moment où –malgré les insuffisances du jeune régime-, le président du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée, parti de Condé)- était presqu’en train de réussir à marquer sur le tableau noir de la Guinée, comme faisant partie du cercle restreint des pays où la démocratie s’incrustait dans un continent où les « révisionnistes » constitutionnels mettent à mal l’idéal démocratique ? Quelle que soit la réponse, l’armée guinéenne doit accepter, enfin, de copier sa voisine sénégalaise, dont l’exemplarité est sans pareil sur le continent noir. Les Forces armées guinéennes doivent –maintenant que les Guinéens ont la possibilité de désigner de façon transparente leurs dirigeants- accepter de se mettre à la disposition de la république.
Il est vrai, depuis sa prise de fonction, le président Condé n’a pas toujours fait montre d’un dirigeant impartial, juste et équitable. Il s’est souvent même comporté plus en dirigeant de parti politique qu’en véritable dirigeant de Nation. C’est vrai, Condé s’est souvent fait passer pour un chef de tribu qu’en un véritable rassembleur d’hommes. Il est aussi vrai que l’ancien dirigeant étudiant a souvent réagi de façon épidermique face aux critiques légitimes pour un homme public. On ne le cache pas, il apparaît comme quelqu’un capable de persécuter opposants, défenseurs de droits humains et syndicats-étudiants, mais rien ne justifie que des militaires payées par le contribuable guinéen, puissent utiliser les armes payées par le même contribuable pour attenter à la vie d’un chef que les contribuables se sont choisis en toute liberté et connaissance de cause.
Rien et encore rien ne peut justifier un attentat contre les institutions de la République de Guinée aujourd’hui. Les militaires guinéens devraient le tenir pour dit s’ils ne veulent pas passer pour ceux qui auront engouffré le peuple guinéen, malgré les immenses ressources du pays, dans l’abyssal fossé de la merde dans lequel il se meut depuis plus d’un demi-siècle . En effet, ce pays de l’Afrique de l’Ouest qui a une superficie de 245857 km2, une population de 10,3 millions d’habitants dont 35,4% urbaine, a une croissance démographique de 2,5%, un Indice de développement humain (IDH) de 0,340 (156e rang sur 169 pays classés), avec 70 % de la population qui vit avec moins de 1, 25 dollar par jour. Condé a donc du pain sur la planche que de perdre son précieux temps dans des querelles sans lendemain.
Il a encore le temps de faire changer de point de vue à ceux qui pensent que, finalement, les opposants historiques africains, à l’image de Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire, et bien d’autres, n’ont pas de vision, ni de doigté quand ils accèdent au pouvoir.
Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)
Sidwaya
Vos commentaires
1. Le 20 juillet 2011 à 09:26 En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
si l ; actuel president continue comme ca, il y aura des prises d’ armes et nous allons laisser les journalistes burkinabe a la solde de leur president qui soutient lr dictateur de Konacry ecrire comme ils veulent.
2. Le 20 juillet 2011 à 10:29, par Adéline En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
Les allusions répétées au passé militant étudiant de ce président ont quelque chose de pas correcte ! esperez-vous par là discréditer tous ceux qui ont milité à la FEANF dont vous ignorer la signification du sigle ? Alpha condé est en déphasage avec ce passé depuis très longtemps, un ancien de la FEANF qui demeure fidèle un temps soit peu aux idéaux de cette defunte structure ne se serait pas fait "élire" sur des considérations tribaliques. il faut arrêter de tromper les gens, il était évident pour tous ceux qui aiment la démocratie et qui tiennent à la souverainété de la guinée, que les conditions de l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé ne présageaient rien de bon. ceux qui l’ont mis à la tête de ce pays le présentent comme "le premier président démocratiquement élu de la guinée", élection n’est pas égale à démocratie même si on devait considéré qu’il a été effectivement élu, chose dont je doute fort !!
3. Le 20 juillet 2011 à 12:46, par Raogo En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
Il est vrai, depuis sa prise de fonction, le président Condé n’a pas toujours fait montre d’un dirigeant impartial, juste et équitable. Il s’est souvent même comporté plus en dirigeant de parti politique qu’en véritable dirigeant de Nation. C’est vrai, Condé s’est souvent fait passer pour un chef de tribu qu’en un véritable rassembleur d’hommes. Il est aussi vrai que l’ancien dirigeant étudiant a souvent réagi de façon épidermique face aux critiques légitimes pour un homme public. On ne le cache pas, il apparaît comme quelqu’un capable de persécuter opposants, défenseurs de droits humains et syndicats-étudiants
Ben Mr Traore vous avez la en haut meme de votre texte les raisons de la tentative d’elimination physique de Mr Condé ! et tous ces criefs a lui reprocher on connu naguere le meme denouement sous d’autre cieux !
4. Le 20 juillet 2011 à 14:07 En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
Bonjour
Je vis à Conakry et ce qui s’est passé hier c’est la resultante de beaucoup de maux (prommesses non tenues, chereté de la vie ...).
Mais il y a une chose que j’arrive pas à comprendre :
comment un président qui vit dans un quatier comme d’autres (et non dans un palais)et que sa maison soit le théatre de tirs d’armes lourdes pendant près de 3h et qu’il sy trouvait (sans etre même blessé), qu’il fallu tout ce temps avant que les renforts ne viennent cela nous semble pas un peu tordu ?
quand on sait que nos constructions ne sont pas comme celles des pays developpés comment peut on lancer des obus, je dis bien des obus et ce pendant des heures sur une villa sans qu’elle ne tombe ???????
Ce qui est sur l’avenir nous fixera sur les vrais motifs de ce coup d’Etat ou de cette tentative d’assassinat du Président manqué c’est selon.
Je prie le Bon Dieu de venir en aide aux Guinéens et de mettre dans leur coeur la culture de la tolérance car il semblerait que ce soit ça le noeud du problème.
5. Le 20 juillet 2011 à 15:29 En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
C’est dommage que cette jeune démocratie soit déjà mis en branle, avant qu’elle n’est eu le temps de murir. La Guinée à fait un passage très difficile vers la démocratie et espérons que la force de l’opinion libre l’emporte sur l’expression de la force par les armes...
6. Le 20 juillet 2011 à 16:46 En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
Ca, c’est du Sarakawa bis. Les guineens doivent apprendre a avoir peur de leur avenir apres cette vraie fausse attaque. Ainsi se tissent les vraies dictatures. Si Sarakawa qui n’a produit qu’ un "miracule’ qui a pourtant cede devant une petite crise cardiaque dans un avion(ironie), la nuit des longs couteaux ou la nuit de cristal devrait suffir. Ou tout pres de nous le 11 juin 1984 ou 7 burkinabe furent executes apres un complot auquel meme les "fomenteurs" PAIstes n’ ont jamais cru.
LOP
7. Le 20 juillet 2011 à 17:20, par NAOUALAGIMBA En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
Hélas, on peut sans se tromper dire que la démocratie pour les Africains, est comme un poisson qu’ils avalent en commençant par la queue. Forcement on reviendra toujours à la case départ. Les gourous du système installé par le Présidents Lansané CONTE, ne désarmeront pas, face aux actions courageuses du premier Président démocratiquement élu de la Guinée. C’est pourquoi, il n’est pas bon pour un pays, de fonctionner sans alternance. Car l’absence d’alternance ouvre la voie à tous ce qui est nuisible pour un pays. Nous souhaitons bonne chance à Monsieur KONDE et que la vraie démocratie triomphe.
8. Le 20 juillet 2011 à 18:07, par Kone En réponse à : Guinée : Des démons de la démocratie
M. le Journaliste, vous semblez très naïf sur la situation guinéenne ; en réalité ce M. Condé, c’est un analphabète-dictateur en plus doublé d’un ethnocentrisme à faire pâlir même un Rwandais. D’abord moi ce qui m’a choqué c’est de me rendre compte que ce prétendu Professeur (j’ai de vrais doutes sur ces capacités intellectuelles et aussi son cursus universitaire s’il en a un !) ne parle même pas bien le français (écoutez ses interviews sur RFI vous serez édifié). C’est vrai avec Dadis Camara et Sekouba Konaté la Guinée nous avait déjà montré le niveau approximatif de ces leaders. Bref, je constate que l’intéressé est tout sauf un intellectuel, que son seul programme c’est l’exclusion de plus de 38% des Guinéens et surtout la culture d’une haine entre les 2 plus grandes communautés du pays. Mais c’est pitoyable quoi, l’Afrique ! On a même envie de rire n’eut été le génocide qu’il est en train de préparer là-bas. Ce prétendu putsch n’est qu’un remake de ce que ses prédécesseurs Sekou Touré, Lansana Konté et Camara lui ont laissé comme héritage psychiatrique (le délire de persécution du complot permanent d’une communauté en Guinée). Alors comme les prédécesseurs, on simule des attaques sur sa propre résidence, on cible ses ennemis, on trouve des faux-témoins qui passent à la télé dire que oui c’est bien un tel qui nous a dit de faire ceci, et hop, on exécute ses opposants et le tour est joué (rappelez-vous de chez nous en 1988 avec les exécutions de Zongo et Lingani). J’étais en mission en Guinée lors de la Présidentielle passée et je peux vous dire que la majorité des Guinéens savent que c’est bien M. Diallo Celloum qui a remporté les élections. Seulement cet homme est trop douillet, peu enclin à verser le sang, bref un Francois Hollande quoi. La rivalité légendaire entre les communautés est venue se rajouter à la chose avec un coup de pouce des français (snifant l’odeur du pétrole et du Colbat) et hop on est là où on est aujourd’hui. En tout cas, le sieur Condé a déçu beaucoup d’Africains qui comme moi en réalité ne le connaissaient pas. C’est Tchiken Jah Fakoly (le Reggae man) qui nous l’a un peu peint en martyr et hélas, il confirme aujourd’hui à l’image d’un Wade ou d’un Gbagbo que les opposants historiques, il vaut mieux qu’ils le restent à vie ! La communauté Peulh en particulier, et les Guinéens en général sont prévenus, s’ils se laissent faire, ce petit potentat de con-dè les conduirait dans l’abîme pour les 100 prochaines années ! Il leur reste à jouer leur partition et au plus vite !