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Pluie diluvienne à Ouagadougou : La psychose s’installe dans les zones à risques

Publié le mercredi 20 juillet 2011 à 04h10min

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La pluie diluvienne qui a arrosé la ville de Ouagadougou, le lundi 18 juillet 2011 a causé des dégâts matériels et humains. Dans les zones à risques principalement, les habitants craignent un "remake" du 1er septembre 2009. Une équipe de Sidwaya en a fait le constat dans quelques quartiers.

Une pluie en saison hivernale est toujours la bienvenue pour peu qu’elle ne soit pas dommageable. Mais hélas, celle qui s’est abattue dans la capitale burkinabè, le lundi 18 juillet 2011 n’a pas été le cas. Elle a endeuillé une famille au secteur n°30 de Ouagadougou. En effet, la bourrasque qui a précédé cette pluie a été fatale à Zalissa Sawadogo, une fille-mère de 19 ans. Quand les premières gouttes ont commencé à tomber, elle s’est réfugiée dans son kiosque pour se mettre à l’abri de la pluie. Comme si le sort de cette femme était scellé, le gros caïlcédrat qui était juste dressé à côté s’est abattu violemment sur le kiosque, le réduisant ainsi à une simple ferraille. Le propriétaire de ce kiosque, Ousmane Sawadogo et le voisinage ont assisté impuissant à ce drame.

"Le kiosque était fermé et je me demandais si ma cuisinière y était ou pas. Tout à coup, j’ai vu le caïlcédrat tomber sur mon kiosque. C’est en ce moment qu’une voisine m’a signalé que Zalissa était à l’intérieur. Les habitants du quartier sont venus à mon secours pour enlever le corps de la jeune dame inerte, coincé sous le tronc de l’arbre", a raconté Ousmane Sawadogo, visiblement sous le choc. Cependant, la grosse surprise a été la baraka qu’a eue le bébé de la jeune fille, sorti indemne de cet accident mortel. "Nous avons retiré l’enfant sain et sauf", a confié le propriétaire du kiosque. Toutefois, les habitants du secteur n°30 de Ouagadougou interpellent les autorités communales sur les dangers que représentent les caïlcédrats aux abords des voies pour les citoyens. Selon Ousmane Sawadogo, la solution est simple : "A défaut de les couper, il faut les tailler pour assurer la sécurité de la population".

Ousmane Tiendrébéogo, garagiste et également gérant d’un kiosque abonde dans le même sens que son prédécesseur : "Ces arbres ont été plantés. C’est pourquoi ils tombent car leurs racines ne sont pas profondes et solides. Il faut donc les couper entièrement ou au moins les tailler". Dans la famille éplorée, l’atmosphère est morose. Des gens défilent à tour de rôle pour saluer les membres de la famille et essayer de remonter leur moral.

30 000 FCFA pour enlever le corps

Le chef de famille, un militaire à la retraite, nous reçoit dans une attitude empreinte d’un stoïcisme singulier. Il se présente comme étant le père adoptif de la défunte. En bon musulman, l’homme a sa petite philosophie de la vie.

"Un décès est un décès, surtout pour un croyant. Nous sommes tous certains de mourir", lâche-t-il mélancoliquement. Pour le vieux retraité, "qui n’est pas né, ne meurt pas". Au fait, il fait allusion à ce drame qui, à son avis, fait partie de l’ordre établi des choses. En ce qui concerne le bébé de huit mois laissé par la défunte, il se porte, bien. "Grâce à Dieu, l’enfant est en parfaite santé. Nous avons été avec lui à la pédiatrie Charles-de-Gaulles pour une radiologie qui n’a rien décelé de mal, sauf qu’on nous demande de faire un scanner au niveau de sa tête", explique le père adoptif de la fille. Seulement, il dénonce le paiement qui a été effectué pour qu’on enlève le corps. Pour lui, la famille a payé 30 000 FCFA pour transporter le corps à la morgue de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. Par ailleurs, les grandes pluies inquiètent beaucoup de Ouagalais depuis qu’ils ont vécu la catastrophe du 1er septembre 2009. Nous avons visité quelques zones considérées à risques.

A Tanghin, Kologh-Naba et Dapoya, les gens qui logent dans ces quartiers ont la peur au ventre. Partout dans la ville, les zones inondables ont été délimitées à travers l’implantation des bornes. Sur le lit du barrage n°2, les gens vivent comme si de rien n’était. Ils vaquent à leurs occupations habituelles, mais certains expriment leurs craintes. C’est le cas de Christian Tassembédo, boutiquier, installé à quelques mètres du barrage n°2. "Nous avons des inquiétudes à chaque saison pluvieuse. La pluie du lundi a failli inonder nos cours alors qu’on n’est pas dans la zone à risques", indique-t-il, avant d’ajouter : "Cela s’explique par l’absence de caniveaux dans le quartier". Cette même peur est ressentie par les habitants de la zone inondable de Dapoya, en bordure du canal du pont Kadiogo. A en croire les résidants, une entreprise avait débuté des travaux de curage de ce canal.

Malheureusement, le travail n’a pas été achevé à cause de la pluie. Conséquence, les tas de sable abandonnés par l’entrepreneur au sein du canal empêchent l’eau de couler normalement. Pour peu qu’il pleuve seulement, l’eau se replie et envahit les concessions. Quant à la problématique du curage des caniveaux, les autorités municipales ont fourni d’énormes efforts en la matière. Bon nombre de caniveaux ont été curés. D’autres aussi sont en attente de l’être.

Ouamtinga Michel ILBOUDO (michel20@gmail.com) & Didier OUEDRAOGO

Sidwaya

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